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III. Répondre aux usagers : l’usage de trois dynamiques complémentaires

III.3. Répondre dans un service de question-réponse : une mission à (re)définir

III.3.2. La formation des bibliothécaires

Que ce soit avant leur prise de poste ou pendant qu’ils effectuent leur travail, former les bibliothécaires est nécessaire pour qu’ils soient compétents et que le service soit de qualité.

Sur les quatre participantes aux entretiens, trois ont suivi des formations initiales dans le domaine de la documentation. Que se soit au niveau licence ou master, elles ont donc acquis des connaissances et des compétences essentielles pour exercer la profession de bibliothécaire. La responsable du service n’a pas suivi le même parcours mais elle a occupé différents postes en bibliothèque qui lui ont tout de même permis de construire sa culture professionnelle. Nous voulons montrer l’importance pour les bibliothécaires de suivre des formations tout au long de leur carrière.

Dans un premier temps, il existe des DUT, des licences professionnelles et des masters qui proposent des enseignements en Information-Communication. Ces formations sont une première étape pour découvrir les métiers de la documentation et en comprendre les missions. Dans un second temps, les formations proposées aux professionnels lorsqu’ils sont en poste permettent de s’améliorer, de mettre ses connaissances à jour et d’acquérir de nouvelles compétences. Pour favoriser une évolution dans les carrières des fonctionnaires, ces formations sont essentielles car la pratique ne suffit pas toujours.

Lorsqu’elles sont en initiales, ces formations ne sont pas spécialisées dans les SQR mais elles éveillent la culture professionnelle des futurs bibliothécaires qui apprennent la recherche d’information, la médiation aux usagers ou encore l’utilisation de certains logiciels ou bases de données. Lorsque ce sont des formations proposées par la structure documentaire, elles sont ciblées selon les besoins et le poste des bibliothécaires. Dans le cas des bibliothécaires de référence, acquérir des compétences techniques (pour la gestion du logiciel ou du site), relationnelles (pour avoir les bons réflexes de communication à distance avec les usagers) et en bibliothéconomie (pour effectuer de bonnes recherches et trouver des informations fiables) est primordial. Les bibliothécaires peuvent s’appuyer sur ces formations pour remplir les missions que nous avons évoquées précédemment.

Dans le cas des professionnels du GdS, nous avons découvert une faille dans les formations. A la prise de poste, les bibliothécaires sont formés en quelques heures pour prendre connaissance du logiciel et de la méthode de travail mais aucune autre formation n’a été organisée alors que le service existe depuis 13 ans. Récemment, une formation pour connaître les règles d’écriture sur le web a été mise en place pour tous

les bibliothécaires qui contribuent à L’Influx, le webmagazine de la BmL. Sur les quatre bibliothécaires du GdS, seulement deux ont pu y assister. Cela a pu modifier quelques unes de leurs pratiques mais globalement, cette formation n’était pas destinée aux professionnels de SQR. Pour les participants au GdS qui viennent des départements documentaires de la BmL et qui ont moins l’habitude de répondre, nous pouvons supposer que cela leur a été bénéfique pour améliorer leur rédaction. Cependant, les répondantes aux entretiens regrettent ne pas avoir suivi des formations spécialisées sur la recherche d’information ou les bases de données essentielles à connaître. De plus, diagnostiquer le besoin d’information de l’usager, particulièrement à distance, ne peut pas s’effectuer de manière innée, c’est un savoir qui se travaille, qui s’apprend, tout comme le savoir-répondre.

De plus, les bibliothécaires ne cherchent pas qu’à fournir une réponse à la demande de l’usager, elles considèrent que cela est important d’ajouter des explications sur leur démarche de recherche. Cela correspond à la mission pédagogique du GdS qu’elles défendent toutes : « Il m’arrive d’avoir le besoin d’expliquer ma démarche de recherche, par exemple quand je m’adresse à des étudiants, parce que je considère que c’est important pour un étudiant, pour tout le monde d’ailleurs, de pouvoir rechercher l’information. C’est très important dans la société où l’on vit. Pour certaines questions, j’ai tendance à expliquer mes recherches pour que ça puisse leur servir. En général, ça me préoccupe quand il y a des étudiants qui ne connaissent pas les ressources qui sont faites pour eux, pour leur permettre de faire leurs recherches. J’ai tendance à plus prendre le temps pour eux »77. La bibliothécaire qui a le plus d’expérience pense cependant que cela peut alourdir sa réponse et désintéresser les lecteurs ; elle va donc limiter ses explications pour se concentrer sur les éléments demandés : « Je vais plutôt dire “dans Cairn j’ai trouvé ça”, je vais plus prendre le temps de développer mais je n’explique pas toujours ma méthodologie de recherche. J’ai l’impression que ça alourdirait la réponse. Les gens veulent leur réponse »78. Nous mentionnons la dimension pédagogique du GdS car si les bibliothécaires veulent expliquer leur méthodologie de recherche, elles doivent nécessairement avoir elles-mêmes une bonne pratique professionnelle et de bons réflexes en recherche d’information.

77 Auteur anonyme, voir annexe 6d, p. 133

Suivre des formations, écouter des conférences, participer à des ateliers, cela fait partie du processus pour devenir un bibliothécaire de référence, un médiateur de l’information qui se met au service des usagers. Pour qu’un service évolue et continue à satisfaire les besoins des publics, le bibliothécaire doit se former ou être formé. Les compétences pour gérer les trois dynamiques qui nous préoccupent depuis le début de ce mémoire sont peu mentionnées entre collègues, selon ce que nous avons perçu pendant les entretiens. Ce sont des dynamiques complémentaires, qui se combinent entre elles et qui ont besoin d’être travaillées pour obtenir un résultat satisfaisant pour l’usager, les internautes, le bibliothécaire et le service.