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La présente étude présente plusieurs avantages. Tout d’abord, l’intégration de ce mémoire doctoral dans une étude d’une aussi grande envergure que le programme PréCrimAdo comporte plusieurs avantages dont l’accès à un large échantillon ainsi qu’à des données souvent difficiles à obtenir en raison du caractère juridique et clinique des situations en protection de la jeunesse.

De plus, contrairement à bon nombre d’études s’étant intéressées à la supervision parentale et aux problèmes de comportement des adolescents et qui ne se fondent sur le rapport que d’un seul informateur (Borawski et al., 2003; Chen & Simons-Morton, 2009; Dallaire et al., 2006; Hayes et al., 2004, Reitz et al., 2006; Webb et al., 2002), la présente étude a l’avantage de s’appuyer sur des informations provenant à la fois des adolescents et de leurs parents. Cela permet de dresser un portrait plus complet de la situation en tenant compte de la perception de chacun, augmentant ainsi la validité et la fidélité des résultats (Bögels & van Melick, 2004; Dmitrieva et al., 2004; Huh et al., 2006; Renk & Phares, 2004; Windle et al., 2010).

Contrairement à bon nombre d’études qui se concentrent sur une seule catégorie de problèmes, soit extériorisés ou intériorisés, ou encore sur un seul problème ou symptôme, comme les symptômes dépressifs ou les comportements délinquants (Bergman, 2008; DeVore & Ginsburg, 2005; Fletcher et al., 2004; Stattin & Kerr, 2000), la présente étude a l’avantage de tenir compte d’une variété de comportements appartenant tant à la catégorie des problèmes extériorisés et qu’à celle des problèmes intériorisés. Ces deux types de problèmes étant reconnus pour être cooccurrents chez les adolescents en centre jeunesse (Bouchard, 2001) et pour entraîner des conséquences lourdes et graves pour les jeunes, les familles et la société (Bartlett et al., 2007; Sexton & Alexander, 2000), il est primordial de les considérer dans une même étude. D’ailleurs, au sein de la présente étude, ce sont 57,4% des adolescents qui présentent une cooccurrence des deux types de problèmes.

La présente étude a également l’avantage d’avoir cherché à extraire la source de nuisance que peut représenter la cooccurrence des problèmes extériorisés et intériorisés en tentant d’isoler chacune de ces variables afin d’étudier la relation propre à chacune avec la supervision parentale. En effet, contrairement à d’autres études ayant tenu compte à la fois des problèmes extériorisés et des problèmes intériorisés (Jacobson & Crockett, 2000; Laird & Marrero, 2010; Pettit et al., 2001), la présente étude a l’avantage de vérifier l’étanchéité de l’échantillon et de préciser davantage la relation entre la supervision parentale et les problèmes de comportement des adolescents selon la nature de ces problèmes.

L’étude du rôle modérateur du degré de conflits entre le jeune et le parent représente une autre force de la présente étude. À notre connaissance, cela n’avait pas encore été fait auprès des adolescents en centre jeunesse pour troubles de comportement sérieux et ce, bien que les problèmes relationnels parent-enfant figurent parmi les problèmes les plus importants chez cette clientèle (Hélie et al., 2008).

Enfin, certains chercheurs ont souligné l’importance pour la recherche d’explorer davantage les différences dues au sexe de l’adolescent quant à la relation entre la supervision parentale et les problèmes intériorisés (Jacobson & Crockett, 2000), étant donné que la recherche s’est jusqu’à maintenant plutôt attardée aux problèmes extériorisés (Borawski et al., 2003; Li et al., 2002; Rai et al., 2003; Stattin & Kerr, 2000; Webb et al., 2002). Ainsi, une autre force de la présente étude est qu’elle s’intéresse au rôle modérateur du sexe dans les relations entre la supervision parentale et les problèmes de comportement, tant extériorisés qu’intériorisés, chez des adolescents suivis en centre jeunesse pour troubles de comportement sérieux. Cela n’avait pas, à notre connaissance, été fait auparavant.

En dépit des forces mentionnées ci-haut, des limites non négligeables nuançant la portée des résultats obtenus doivent être soulignées. Tout d’abord, la nature corrélationnelle de l’étude ne permet pas d’effectuer d’inférences causales quant à la direction des liens entre les variables à l’étude. Il est ainsi impossible de déterminer si la supervision parentale influence les problèmes de comportement des adolescents, si ce sont les problèmes de comportements qui affectent la supervision parentale ou encore si les deux s’influencent de façon réciproque. Des études suggèrent en effet qu’il existe une relation bidirectionnelle indiquant que les pratiques parentales, dont la supervision parentale, et les comportements

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des adolescents s’influencent mutuellement (Bergman, 2008; Laird et al., 2003). Les adolescents n’étant pas de simples récepteurs passifs soumis à l’influence de leur environnement, leurs comportements peuvent à leur tour influencer ceux de leurs parents (Beaver & Wright, 2007).

Ensuite, le questionnaire utilisé afin d’évaluer la supervision parentale perçue par les adolescents et les parents présente certaines limites. En effet, bien qu’il soit court et facile à utiliser et qu’il permette d’évaluer tant les règles et la surveillance active du parent que les connaissances parentales et le dévoilement spontané de l’adolescent, il ne permet pas d’identifier la source des connaissances parentales. Par exemple, pour l’énoncé « Je sais où est mon enfant après l’école », la réponse n’indique pas de quelle façon le parent obtient cette information. Ce pourrait être parce que le jeune lui dévoile spontanément où il se trouve après l’école ou encore parce que le parent a établi la règle voulant que l’adolescent rentre directement à la maison après l’école ou encore parce qu’il demande à son enfant où il se trouvait après l’école. L’information obtenue à l’aide de ce questionnaire pourrait donc n’être que partielle.

Une autre limite importante de la présente étude est que les problèmes de comportement des adolescents ont été rapportés uniquement par les parents. Or, comme il est reconnu que les problèmes intériorisés sont moins visibles, qu’ils affectent moins l’environnement des adolescents et qu’ils ont ainsi tendance à passer davantage inaperçus (Camp, 2012), il est possible que les adolescents, s’ils avaient été questionnés, en auraient rapporté davantage que leurs parents. Par contre, certains chercheurs observent plutôt le contraire et remarquent que les adolescents faisant partie d’échantillons cliniques rapportent moins de problèmes de comportement que les parents (Barker, Borstein, Putnick, Hendricks, & Suwalsky, 2007). Bergman (2008) observe pour sa part que les adolescents rapportent plus de problèmes intériorisés et les parents davantage de problèmes extériorisés. C’est pourquoi certains chercheurs recommandent d’avoir recours aux parents pour évaluer les comportements de leurs enfants afin d’augmenter la validité des réponses. Par contre, il est possible de croire qu’à leur âge, les adolescents, contrairement aux enfants plus jeunes, sont en mesure d’évaluer adéquatement leurs comportements, particulièrement ceux qui sont moins visibles, comme les problèmes intériorisés (Valla, Bergeron, St-Georges, &

Berthiaume, 2000b). Il se pourrait également qu’il soit avantageux de questionner tant les parents que les adolescents par rapport aux problèmes de comportement de ces derniers.

De plus, l’échantillon à l’étude ne comprend que très peu de jeunes qui ne présentent que des problèmes de nature intériorisée. Ainsi, il est fort probable que les résultats des analyses portant sur les problèmes intériorisés aient été influencés par la cooccurrence des problèmes extériorisés et intériorisés, puisqu’il n’a pas été possible d’isoler l’effet dû uniquement aux problèmes intériorisés. Enfin, l’étude ayant été réalisée auprès de jeunes desservis par les centres jeunesse de trois régions du Québec, il est possible que les résultats obtenus ne soient pas généralisables à la clientèle des centres jeunesse d’autres régions.

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