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Une faiblesse de l’étude pourrait résider dans son devis transversal. Cependant, les expositions ont le plus souvent été évaluées sur plusieurs années avant le diagnostic. L’IMC a été mesuré au moment du recrutement et le poids à 20 ans a également été collecté afin de calculer l’IMC à 20 ans. Les variables de tabac ont permis de mesurer l’exposition tabagique au cours de la vie puisque la durée du tabagisme ainsi que les quantités fumées ont été collectées. La consommation d’alcool a été mesurée dans la dernière année avant le recrutement et également dans les 10 dernières années.

4.2.2. Sélection des participants à l’étude

Les participants à l’essai clinique de phase III ont été recrutés entre le 1er octobre 1994 et le 6 juin

2000 dans cinq centres de radio-oncologie de la province du Québec (tous les patients avec un diagnostic confirmé par biopsie de cancer ORL de stade précoce sont référés en radio-oncologie). Au cours de la période de recrutement, 1 151 nouveaux patients présentant un carcinome à cellules squameuses de la sphère ORL ont été diagnostiqués dans les centres participants. Parmi ces patients, 38% n’étaient pas éligibles en raison du stade avancé ou de récidive. Parmi les patients éligibles, le taux de participation était de 85%. Des 540 patients recrutés, il n’a pas été possible de retracer 13 échantillons de sérum prélevés avant traitement, laissant un total de 527 patients pour notre étude. Considérant la durée de la période de recrutement ainsi que le fort taux de participation, il est probable que notre échantillon de patients traités par radiothérapie pour un stade précoce soit représentatif de ce type de patients.

4.2.3. Qualité des données

Toutes les mesures d’exposition ont été réalisées dans les cinq centres de radio-oncologie à l’aide de questionnaires structurés. Un manuel d’opération avait été élaboré pour guider les procédures et la manière de compléter les questionnaires. Les infirmières de recherche étaient toutes expérimentées et avaient reçu une formation spécifique pour cette étude. La collecte de données s’est effectuée en aveugle de l’issue clinique puisque nous utilisons dans cette étude uniquement les données collectées au moment de la randomisation avant le traitement de radiothérapie.

Le dosage de l’IL-6 s’est effectué dans un deuxième temps après le processus de collecte des données. La méthode utilisée pour le dosage de l’IL-6 est une méthode standardisée usuellement utilisée en laboratoire de biochimie. Les appareils de mesure sont régulièrement calibrés et les analyses ont été conduites par un personnel différent de celui qui a procédé à la collecte de données. La mesure des variables cliniques s’est effectuée par des professionnels de la santé spécifiquement formés pour l’étude en aveugle des résultats d’IL-6. Les caractéristiques des tumeurs ont été définies par des radio-oncologues selon des critères reconnus par la profession [34].

Les mesures d’exposition à l’alcool ont été effectuées à partir d’un questionnaire de fréquence alimentaire validé [149] incluant les fréquences et les quantités des différents types d’alcool (Annexe 1). Bien que les données moyennes rapportées pour les 10 dernières années avant le diagnostic soient en adéquation avec celles rapportées pour la dernière année, il n’est pas à exclure que l’évaluation de l’exposition passée puisse avoir affecté l’exactitude des informations. De plus, la notion d’alcoolisme reposait uniquement sur la réponse des participants à la question « Est-ce que dans votre vie, vous avez déjà souffert d’un problème d’alcoolisme? », or il n’est pas rare que les alcooliques nient justement leur état.

Un questionnaire standardisé a été utilisé pour les mesures de l’exposition au tabac. Toutes les sources de tabac ont été mesurées (cigarette, cigare, pipe, chique) (Annexe 1).

4.2.4. Prise en compte des facteurs potentiellement confondants

Le biais de confusion est peu probable dans cette étude puisque des analyses multivariées ont été effectuées en considérant l’ensemble des facteurs potentiellement associés aux cancers ORL ou à la sécrétion d’interleukine-6.

4.2.5. Puissance

La taille d’échantillon de l’essai clinique randomisé dont découle la présente étude avait été calculée à 555 participants considérant une période de recrutement de 42 mois, une durée totale de l’étude de 87 mois et un taux de seconds cancers primaires de 2,6% par an. Incluant un taux de censure de 3% en raison des décès et pertes au suivi et une puissance ciblée à 80%, ce nombre de patients était suffisant pour déceler une réduction de 50% du taux de SCP dans le groupe traité par les suppléments

comparativement au groupe placébo en utilisant un modèle de régression de Cox avec un risque 

bilatéral de 0,05.

La puissance statistique de notre étude a été calculée a posteriori afin de répondre à l’objectif principal de notre étude. En utilisant un modèle de régression linéaire multiple incluant huit variables avec un coefficient de détermination R2 de 18% et un total de 527 patients, la puissance statistique est de 100%

(G*Power version 3.1. 9.3, voir le calcul en Annexe 2).

4.2.6. Généralisation

Considérant le devis multicentrique de l’essai clinique dont sont tirées les données de la présente étude et la taille de l’échantillon, il est raisonnable de penser que l’échantillon était représentatif de la population de patients atteints de cancers ORL de stades précoces.

Les données de la littérature indiquent que la consommation de tabac et d’alcool diminue dans cette population de cancer comparativement à ce qui a été rapporté dans notre cohorte. Cette population serait néanmoins davantage affectée par l’infection au VPH qui a connu une croissance dans la dernière décennie. Cependant comme nous l’avons indiqué dans la discussion de l’article, compte tenu de l’état actuel des connaissances, il est peu probable que le VPH ait affecté les niveaux sériques d’IL- 6.

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