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1 FONDEMENTS DE L'ANALYSE TYPOLOGIQUE DES IMMEUBLES

C h r i s t i a n UKvJLLLHÜ : Type Logic de :.-’ h a h tta t e t nc/rphologii ■ u'rat.nc

a la barre -

1.1 - LA NOTION DE TYPE

On rappellera ici les concepts que recouvrent l'idée de type et les démarches auxquelles elle introduit.

C. DEVILLERS, définit ainsi la notion de type en architecture : "Si l'on regarde les maisons construites à une même époque dans une ville, on en distingue quelques espèces différentes reproduites en grand nombre avec des variantes individuelles que l'on peut considérer comme secondaires. On peut donc en faire une typologie au sens le plus général du terme, c'est-à-dire un classement suivant les caractéristiques communes qu'on a pu identifier".

Il ajoute : "le type n'est pas seulement une catégorie de l'analyse élaborée $ posteriori par l'historien, mais d'abord un élément structurant la production du bâti.. Le type a fourni globalement au maître d'oeuvre un principe d'organisation spatiale élaboré par l'usage et affecté de valeur sociale qui définit l'ordre, la nature et les relations des lieux construits en rapport avec l'espace urbain et, en même temps, un principe de réalisation incluant une technologie de la construction, l'usage de procédés formels (géométrie), et parfois de certains systèmes ornementaux" (1).

Le concept de type invite donc à reconnaître quels sont les traits fondamentaux et structurants d'un bâti -ces traits étant considérés, d'une part en tant qu'ex- pression des conditions socio-économiques de la production de ce bâti, et d'autre part comme générateurs de classifications d'immeubles (ou d'autres unités bâties) en groupes homogènes.

Cette approche ouvre à une double démarche :

- une démarche "de l'amont" où l'on cherchera à situer l'existence de classes d'immeubles dans une perspective historique et donc à saisir le type comme facteur structurant dans la production des objets bâtis. Ceci n'est pas inutile dans un processus de réhabilitation conçu comme un "moment" de la transformation du bâti auquel est ainsi fourni un référend .

- une démarche "de l'aval" où le type, expression d'une classe d'immeubles, sera considéré comme un"objet abstrait, construit par l'analyse qui reproduit les propriétés essentielles d'une catégorie d'objets réels et permet d'en rendre compte avec économie" (2).

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Ceci conduisant directement à la recherche de méthodes d'approche et de solutions spatiales et techniques où la prise en compte des caractéristiques déterminantes du type garantisse la possibilité de généralisation de ces solutions à tous les individus d'une même classe.

1.2 - OBJECTIFS DE L'ETUDE ET APPLICATION AU TERRAIN

L'analyse typlogique des immeubles du quartier Saint-Laurent a été menée en fonction des préoccupations que nous rappelons :

- mise en évidence des caractéristiques structurantes du bâti de manière à reconnaître son potentiel en matière de restaurabilité et d'habitahilité,

- classification des unités bâties afin de disposer d'un support permettant l'étude systématique de leur transformabilité et la généralisation des solutions de

réhabilitation qui pourront être proposées.

Dans cette perspective, l'analyse que l'on appliquera au bâti aura pour objectif principal de mettre en évidence les régularités existantes :

. au niveau des caractéristiques constructives (structures, matériaux et technologie),

. au niveau des caractéristiques morphologiques des espaces constitutifs du bâti (caractéristiques topologiques : dispositions des espaces et relations entre ceux-ci ; caractéristiques dimensionnelles : grandeurs et proportions).

La nature du bâti étudié a déterminé partiellement le mode d'analyse développé. Comme l'a montré l'étude historique, ce bâti a été produit dans un contexte de continuité socio-économique et urbaine. Il présente une unité perceptible concernant l'organisation urbaine (immeubles contigus constituant un tissu continu de part et d'autre de la rue), le parcellaire (parcelles profondes), l'usage général des espaces (magasin au rez-de-chaussée, logements dans les étages) et le vocabulaire constructif (système de refends porteurs mitoyens sur limites de parcelles ; etc...).

Les immeubles présentent donc un certain nombre de caractéristiques communes. Leur reconnaissance (et en particulier le vocabulaire constructif) a de l'importance dans la perspective de la transformabilité du bâti, mais elle ne conduit pas à une classification des objets bâtis.

En effet, le bâti présente au niveau des immeubles une grande diversité morpholo­ gique, diversité qui résulte du nombre de solutions spatiales utilisées au moment de la construction, de l'évolution de ces solutions dans le temps, et des transformations ultérieures (extensions, surélévations) dont ces immeubles ont été l'objet.

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C'est donc à ce niveau qu'il convient de reconnaître les régularités du bâti et

de mettre en évidence les classes d'immeubles homogènes.

Deux manières de prendre en compte les transformations successives subies par les immeubles peuvent alors s'envisager :

• Soit une approche se situant dans une perspective historique où les transforma­ tions successives des immeubles seraient considérées comme des déformations de leur morphologie d'origine, et où la prise en compte de cette morphologie d'origine constituerait la seule base possible de classification ; cette approche conduisant à une démarche de restauration, de restitution de l'objet bâti origine.

e Soit une approche pragmatique où les transformations du bâti sont considérées comme acquises, la recherche des régularités topologiques et dimensionnelles s'appliquant alors aux immeubles considérés dans leur état actuel ; ces régula­ rités étant évaluées en fonction de leur pertinence par rapport à la probléma­ tique de transformation du bâti telle que la conçoivent les acteurs de cette transformati on.

Cette dernière approche est cohérente des objectifs définis précédemment dans la mesure où elle n'implique pas d'a priori idéologique distinguant entre un bâti validé

(l'immeuble origine) et un bâti dévalorisé (adjonctions, surélévations).

Elle n'entraîne pas non plus d'a priori au niveau opérationnel entre une intervention légère respectueuse de l'existant et une intervention lourde modifiant fortement ou

supprimant des éléments du bâti : corps de bâtiments, étages...

Dans le tissu bâti étudié, l'immeuble représente une unité dont le caractère

pertinent est manifeste tant sur le plan foncier que spatial et structurel ; il semble donc pouvoir constituer la base de la classification.

Au cours de l'étude, il s'est révélé toutefois que cette unité n'était pas la plus appropriée pour étudier certaines régularités morphologiques du bâti étudié : nous avons alors introduit des sous-parties ayant leur propre cohérence au point de vue spatial et constructif, sous-parties que nous avons appelées ELEMENTS. Ces éléments se prêtent mieux que les immeubles à une comparaison de leurs caractéristiques dimen­ sionnelles et topologiques. Une double classification a donc été élaborée :

- une classification des éléments considérés comme le plus petit objet bâti conservant son intégrité lors de l'analyse en terme de restaurabilité et d'habitabilité,

une classification des immeubles considérés comme une organisation d'éléments entre lesquels s'établissent des relations fonctionnelles et spatiales.

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Nous ferons dans un premier temps une description détaillée des immeubles en considérant la place de l'immeuble dans la structure urbaine, ses caractéristiques constructives, les espaces qui le constituent (locaux d'habitation, locaux de distribution, cours intérieures), leur morphologie, leur usage, les relations fonc­ tionnelles existant entre ces différents espaces.

De cette description ressortiront les caractéristiques communes à l'ensemble des immeubles (et les particularités de certains d'entre eux), leurs caractéristiques régulières, non déterminantes au plan de la classification (nature des allées, nombre d'étages, etc...), et enfin leurs caractéristiques pertinentes dans notre classification. Ces dernières nous permettront d'établir les systèmes de classifica­ tion des éléments et des immeubles.

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2

- D E F I N I T I O N DU T E R R A I N E T U D I E

2.1 - L'IMMEUBLE

i l ) L'im m euble a c o n s t i t u é h L sto'p i-

qucrtient l 'u ni té de prc 'Jpl * L G ~t- tdc

bans l ' é t a t actue 1 de la o.'division d la p r o p r i é t é mu n-iveau du iogemehVj,

c e t t e p r o p r i é t é ne peut se1 oonce-

v o i r sans s e s pro longemenl■ O i O L )- ' Î '

i m p li c a t i o n s ) au n'd OGCl 'U Q C a ’ irnmeu-

b l e [ la c o p r o p r i é t é ) .

( 2) Dans la perception du bâti par

les habitantSj l 'e s c a l i e r , "la

m on tée", d é s ig n e l'im m e u b le . (3) On n o te r a égalem ent :

- une e x c e p t i o n fr é q u e n t e mais

s u p e r f i c i e l l e : le cas d e s lo g e ­ ments s i t u é s dans deux immeubles

à la f o i s ; c e s e x c e p t i o n s ne p e r t u r b e n t n i La s t r u c t u r e c o n s t r u c t i v e , n i la Lim ite cnt-r>. p r o p r i é t é ( l ogement ayant un a c c è s par c h a c u n. des m ..n te e s), - l e cas des n u h C . i " : la v a u t t e sur ru e du n° a 1 • ■' Ou ut ma copropriét (distribué f a i t p a r t i t é que le rrnr.rmn i--.se par /. de la nièt-y. a‘> ! ta sa o r ) , r u ter. ascoa i e r ) -.pr-ipriê- a de

Au cours de l'étude historique, on a déjà souligné que l'immeuble constitue l'unité de base du bâti étudié.

Cette unité est manifeste :

. au plan constructif : l'immeuble est délimité par une enveloppe correspondant pour une majeure partie à la structure porteuse qui se superpose aux limites de la parcelle (limite sur rue ; limite avec les parcelles contiglies) et ordonne le rapport de l'immeuble avec les espaces extérieurs à la parcelle (la rue, les immeubles mitoyens),

. au plan foncier : correspondance entre l'immeuble (unité bâtie), la parcelle (unité foncière) et la propriété (unité juridique) (1),

• au plan spatial fonctionnel : l'immeuble est constitué par un ensemble de volumes (logements, combles) distribué par un même escalier (2) relié à la rue par une seule allée qui dessert également les locaux du rez-de-chaussée (locaux commerciaux, caves, autrefois : atelier et écuries) à laquelle on accède par une porte unique.

Le bâti étudié présente néanmoins quelques distorsions à cette cohérence, excep­ tions résultant de l'histoire complexe de certaines propriétés ou des processus de surélévation du bâti. Il s'agit principalement :

- des immeubles présentant à partir d'un même système d'accès à la rue (allée, porche), plusieurs escaliers. Dans tous les cas existants, à chacun de ces escaliers correspond une^portion de bâti autonome au point de vue constructif et spatial, portion de bâti que l'on peut donc considérer comme autant

d'immeubles indépendants (aussi bien lorsqu'ils constituent deux copropriétés distinctes : n° 15.17, qu'une seule copropriété : nc 42.42', 48'.48", 69 69' 24.24'.24",

- des escaliers différents desservant des espaces superposés : (cas du n° 69.-691 cf pl. XI page 118 ; 1 'escalier dessert celui-ci jusqu'au 3ème étage. A partir du

4ëme etage cet immeuble est desservi par l'escalier du n° 69' (résultat d'une surélévation simultanée des deux immeubles). C'est également le cas du

n° 48.48' (3). S O ? L

115 S u i t e n o te 3 page p r é c é d e n t e : - l e eas des n ° 38.40 : l e s lo g e ­ ments de la t r a v é e gauche du n ° 38 so n t d e s s e r v i s égalem ent p a r la montée du n ° 40. , le 38 a "c a p t u r é " c e t t e tr a v é e q u i a u t r e f o i s d é p e n d a it du n ° 40. ( J ) Le b â t i e s t c o n s i d é r é t e l q u 'o n en a f a i t l e r e l e v é a l o r s qu ' e x i s t a i e n t e n co re l e s immeubles n ° 54, 56,58 e t 60 de la r u e . (2) On n o te r a égalem ent q u ' i l s ne p a r t i c i p e n t pas à l ' e s p a c e de la rue e t q u ' i l s ont a v e u g lé l ' o r i e n t a t i o n Sud de c e r t a i n s immeubles de la r u e .

(3) Parmi l e s immeubles é tuâmes, c e r t a i n s d ' e n t r e eux n ’ ont pas pu ê t r e v i s i t é s , : ic-.s rd Je

e t 65, l e s n ° 14, 5s ', le-J c '

60.

Dans une étude de réhabilitation, on ne pourra dissocier de tels immeubles. Au niveau de l'analyse typologique où l'on essaie de mettre en évidence les éléments structurants du bâti, on les considérera par contre comme constituant des immeubles di sti nets .

On conviendra donc que 1'IMMEUBLE est constitué par l'ensemble des volumes bâtis superposés desservis par la même séquence porte-allée-escalier, cette ensemble étant, sauf cas particuliers, cohérent de la structure constructive et du découpage foncier.

2.2 - DELIMITATION DE L'OBJET D'ETUDE

Sur la base de la définition précédente (une montée = un immeuble), le quartier Saint-Laurent compte 109 immeubles, en écartant les monuments (porte Saint-Laurent, casemates, église Saint-Laurent), les immeubles administratifs (l'ancienne école de garçons, 54 rue Saint-Laurent, la Maison pour Tous, 77 rue Saint-Laurent) et les deux immeubles très particuliers que sont le n° 2 de la rue Saint-Laurent (ancien prieuré et ancienne ganterie) et la demeure bourgeoise située à flanc de montagne, au-dessus du n° 42 (le "château") (1).

Parmi ces immeubles on peut distinguer deux ensembles distincts : d'une part les 90 immeubles qui constituent le tissu du bâti de part et d'autre de la rue Saint- Laurent ; d'autre part les 19 immeubles édifiés le long des quais, après la construc- tion de ceux-ci.

Ces derniers diffèrent notablement de ceux de la rue Saint-Laurent :

. ils ont été construits plus tardivement et n'ont pas subi les nombreuses transformations (surélévations, extensions, etc...) qu'ont connu les autres immeubles du quartier ; ils sont donc en bon état et homogènes du point de vue constructif,

. ils ont été construits à l'intention d'une population "bourgeoise" ou du moins solvable ; ils conservent ce caractère d'immeubles bourgeois ; ils présentent donc également un niveau satisfaisant d'équipement et de confort (2).

Ces immeubles seront laissés en-dehors de l'objet de l'étude typologique car ils sont construits selon des principes différents -notamment sur la base de parcelles larges et peu profondes-, ils n'apprennent rien sur le type des immeubles constituant la rue. Par contre on prendra en compte les immeubles dont la partie arrière a été reconstruite dans les mêmes circonstances mais qui ont conservé leur partie sur rue "d'origine", (soit que cette partie comprenne l'escalier, cas des n° 9, 51, 69', 69", 89, 95 et 9 ; soit qu'un nouvel escalier ait été inclus dans la partie arrière : n° 87 et 93 (3).

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Le numérotage actuel des immeubles de la rue offre la base d'un repérage commode de ceux-ci.

Lors de l ’instauration de ce numérotage, vers 1845, les immeubles du quartier se présentaient suivant deux rangées continues de part et d'autre de la rue. Ils ont donc été numérotés selon la suite des chiffres impairs du côté Isère (du 1 au 109), et selon la suite des chiffres pairs du côté Montagne (du n' 2 au n° 70) (1).

On utilisera cette numérotation pour désigner les immeubles. Toutefois la numérotation comporte actuellement des "trous" correspondant à des immeubles

détruits : n° 23, 47, 79 à 85, et des modifications dues à l'ouverture de certains immeubles sur les voies aménagées à la fin du XIX0 siècle (le 21 devenu le 2, rue Sappey ; le 5 : 1 rue Sappey ; le 45 : 4 rue Chevalier ; le 87 : 1 place Jouvin , le 93 : 4 quai Jouvin ; le 69 : 46 quai Jouvin ; le 93 : 4 quai Mounier ; le 101 : 12 quai Mounier ; le 103 : 12' quai Mounier ; le 107 : 16 quai Mounier).

2.3 - DESIGNATION DES IMMEUBLES

(1) Ce numérotage a é t é com plété

s i n é c e s s a i r e par des i n d i ­

c e s ( ' ; ") s e lo n un p r i n c i p e d é jà e x i s t a n t (immeubles n ° 22 e t 2 2 ’ ) a f i n de d i s t i n g u e r p l u s i e u r s immeubles rangés so u s un même n °

(cas des n ° 42 e t 4 2 ' ) . Les deux immeubles donnant su r l ’ Impasse du Four s e r o n t nom»'s IF c r ‘dm

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