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1. Les sols cultivés, des écosystèmes menacés

1.1. Fonctionnement des écosystèmes terrestres

Comme tout écosystème, les écosystèmes terrestres sont formés d’un ensemble d’organismes vivants, la biocénose et d’un milieu, le biotope. Ces deux composantes forment un complexe dynamique permettant ainsi le maintien et le développement de la vie.

1.1.1. Le sol et ses fonctions : un système complexe et vivant

Le sol représente la couche superficielle de la croûte terrestre, meuble, composée de particules minérales, de matières organiques, d’eau, d’air et d’organismes vivants. Il résulte de la transformation de la roche mère sous-jacente en minéraux (silicates, oxyhydroxydes, argiles…) par des processus climatiques, physico-chimiques et biologiques. La fraction minérale du sol est enrichie par des apports organiques issus de la décomposition de végétaux et d’animaux, formant l’humus (Calvert, 2003a ; Gobat et al., 2004a). Bien que le terme

« sol » soit utilisé de façon générique, il existe une grande diversité de sols de par leur composition, leur pédogenèse, leur recouvrement végétal ou leur utilisation par les sociétés humaines.

A l’interface entre la biosphère, l’hydrosphère, la lithosphère et l’atmosphère, le sol assure différentes fonctions essentielles pour l’environnement, les écosystèmes et les sociétés humaines (Calvert, 2003b ; Blum et al., 2004 ; Morvan et al., 2008). Il constitue une source de matériaux, un réceptacle pour les déchets et un support mécanique pour les constructions, les infrastructures et les cultures des sociétés humaines. Outre ces fonctions technologiques, il assure différentes fonctions d’ordre écologique. Le sol joue le rôle de :

- réservoir en éléments nécessaires à la vie, y compris l’eau et l’air, permettant la production de biomasse

- réacteur biologique intervenant dans la minéralisation de la matière organique et dans les recyclages des éléments impliqués dans les cycles biogéochimiques

- déterminant dans la qualité de l’environnement en intervenant dans la qualité chimique de l’air (fixation ou rejet de CO2, N2…), de l’eau (transport, filtration…) et en épurant les contaminants organiques ou inorganiques

- habitat de la biodiversité (réservoir de gènes) en offrant une grande variété de niches écologiques pour les organismes vivants.

Bien que le sol soit un système hétérogène et discontinu, il dispose d’une structure caractéristique jouant un rôle clé dans le fonctionnement des écosystèmes terrestres, la porosité. Cette porosité, en général proche des 50 %, permet la circulation de fluides gazeux et liquides. Ainsi, ce système complexe constitue un milieu de vie exceptionnel pour la flore, la faune et les microorganismes (Calvert, 2003a ; Gobat et al., 2004b ; Voroney, 2007).

1.1.2. Rôle et composition de la biocénose tellurique

La biocénose est en interaction avec les composantes physiques et chimiques des sols et permet la dynamique de la matière organique, de l’eau, de l’air et le recyclage des nutriments. Ainsi, l’ensemble des fonctions assurées par la biocénose conditionne le fonctionnement biologique des sols, encore mal connu de par sa complexité écologique (Gobat et al., 2004a ; Morris & Blackwood, 2007). En effet, la biocénose est extraordinairement diversifiée et est représentée par l’ensemble des règnes : les végétaux, les animaux, les bactéries, les champignons et les protistes.

La biocénose tellurique est plus abondante en surface et diminue en profondeur. Cette abondance est notamment liée à la présence du carbone mais dépend également d’autres

facteurs : paramètres physico-chimiques et structuraux des sols, pressions environnementales (climat, humidité…) et anthropiques comme la pollution (Frey, 2007). La Figure I.1 représente l’estimation de la répartition des organismes dans la couche supérieure des sols pour l’ensemble des continents. Après les racines souterraines, les microorganismes (42%) constituent la principale biomasse à la surface des sols. Dans un gramme de sol, 107 bactéries cultivables, 105 champignons et 105 protozoaires sont trouvés bien qu’ils représentent à peine 2 % du carbone total (Robert & Chenu, 1992).

2%

0%

6%

51%

12%

29%

Bactéries Champignons Algues Protozoaires Faune du sol Racines

Figure I.1. Abondance relative des organismes vivants dans une couche de sol de 20 cm d’épaisseur contenant une biomasse totale de 12000 kg/ha (reproduit d’après Calvet, 2003a)

1.1.3. Microorganismes du sol, acteurs des processus environnementaux

Grâce à leur capacité à coloniser divers milieux y compris extrêmes, les microorganismes sont un maillon indispensable et vital pour tous les écosystèmes. Ils sont représentés par des champignons, des bactéries et des algues disposant d’une grande diversité taxonomique, physiologique et métabolique. De par leur rapport surface/volume élevé, ils ont une grande capacité d’échanges avec l’environnement et sont étroitement impliqués dans le fonctionnement des sols (Gobat, 2004a). La structure poreuse des sols constitue des microhabitats pour les microorganismes, sièges de nombreux processus biologiques et biochimiques. Nannipieri et al. (2003) ont estimé que 80-90% de ces processus seraient assurés par les microorganismes. En effet, ils sont capables de minéraliser la matière organique tels que les polymères végétaux (environ 90% des apports organiques des sols) et

de la rendre disponible à d’autres organismes. Ils sont de ce fait à la base de nombreuses chaînes trophiques.

Les microorganismes sont également impliqués dans les cycles biogéochimiques d’éléments inorganiques tels que le phosphore, le souffre ou l’azote des écosystèmes terrestres (Plante, 2007 ; van der Heijden et al., 2008). En étroit lien avec les systèmes racinaires (symbiose), ils participent à la croissance des plantes. Par ailleurs, ils jouent un rôle important dans la structure et la pédogenèse des sols et dans les échanges d’énergie avec les autres compartiments de l’environnement (Figure I.2).

Figure I.2. Représentation schématique du rôle des microorganismes dans les sols (issu de van der Heijden et al., 2008) :

1) Décomposition et transformation de la matière organique et des nutriments 2, 3) Réallocation positive des ressources vers les plantes

4) Séquestration négative des ressources dans la biomasse ou la matière organique récalcitrante 5, 6) Diminution des ressources par volatilisation ou par lessivage (transformation de l’azote) 7) Fixation de l’azote atmosphérique par des microorganismes

8) Diminution de la productivité des plantes par des agents pathogènes 9) Emission de CO2 due à la respiration des microorganismes

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