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PARTIE  I   L’INTEGRATION GERONTOLOGIQUE, CONTOURS D’UN PROBLEME DE

ANNEXE  2:   ENTRETIENS 127

IV. Mise en place des MAIA sur le territoire, les spécificités de la région Rhône-­Alpes 56

2.   Focus sur trois MAIA de la région : expériences et retours 58

Il s’agissait lors de la préparation du projet MAIA de la Savoie de faire un état des lieux des MAIA d’autres départements Rhône alpins. Cela nous permettait de faire un réel relevé d’expériences et d’observer l’organisation en interne des dispositifs. J’ai ainsi pu rencontrer les pilotes de la MAIA de l’Isère (actuellement en recomposition), de la Drôme –filière de Montélimar– (en cours d’installation) et de la Haute-Savoie –filière d’Annecy–.

Ces trois dispositifs sont portés par des Conseils généraux et sont positionnés, conformément aux attentes de l’ARS Rhône-Alpes, sur un territoire de filière gérontologique. Malgré les similitudes qui relient ces dispositifs, il apparaît que les dispositifs MAIA observés comportent des divergences importantes.

Public cible et gestion de cas

Les dispositifs se différencient notamment sur le public cible, et notamment sur le public de la gestion de cas. Ces différences sont dues notamment aux évolutions du cahier des charges entre les premiers dispositifs (expérimentation en Isère) et les suivants.

Isère Drôme Haute-Savoie

Public cible Public de personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer et maladies apparentées (sans notion d’âge : y compris les jeunes malades).

En accord avec le cahier des charges MAIA : personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer sans notion d’âge, et personnes en perte d’autonomie fonctionnelle de 60 ans et plus.

Conforme au cahier des charges MAIA

Cas complexes Public diagnostiqué ou public avec démence qui est accompagné vers le diagnostic.

En attente de positionnement : (ouverture aux PA atteintes de

Cas complexes dans le public cible. Travail sur la définition.

Personnes de 75 ans et plus (60 ans et plus au cas par cas) en situations

complexes (critères définis par un dispositif de gestion de cas antérieur), et

Chaque dispositif MAIA a mis en place des fiches d’orientation à destination des professionnels pour l’entrée en gestion de cas. Pour chaque dispositif, une équipe de professionnels de la MAIA se réunit pour juger de l’entrée ou non de la personne en gestion de cas MAIA. Il est intéressant de constater qu’en Isère, les réunions de concertation d’entrée en gestion de cas ne sont plus automatiques : les partenaires connaissent mieux les objectifs de la gestion de cas MAIA et ne font appel aux gestionnaires de cas que de façon justifiée. L’Isère et la Haute-Savoie insistent sur l’intérêt de la pluridisciplinarité des équipes de gestionnaires de cas.

Méthodologie

Il est intéressant de constater que la méthodologie adoptée en Isère et en Haute-Savoie diffère de celle normalement promue par le dispositif MAIA. Le cahier des charges MAIA insiste sur le fait que la première étape du dispositif est la mise en place du guichet intégré. La gestion de cas ne doit être débutée qu’après ce travail d’intégration. Pourtant, les MAIA de l’Isère et de la Haute-Savoie se sont tout d’abord orientées vers la gestion de cas, qui leur a ensuite servi de base pour le travail d’intégration. Dans la pratique, il semble donc que les dispositifs s’orientent tout d’abord vers la gestion de cas, volet dont la mise en place s’avère plus aisée sur le territoire. Cette orientation des MAIA est critiquée par l’association France Alzheimer Savoie, qui déplore que la MAIA soit aujourd’hui « presque réduite à cette fonction de cas ».

Apports du dispositif

Malgré des réticences en interne dans la mise en place du projet, il apparaît que les différentes MAIA ont trouvé leur place dans la coordination gérontologique. Le CG de l’Isère a été confronté à des difficultés liées à l’expérimentation, notamment à l’incertitude sur les orientations que devait prendre la MAIA. Souvent, les partenaires craignaient que la MAIA ne « monopolise » les cas complexes ; la pratique de la gestion de cas MAIA a cependant été bien acceptée et jugée bénéfique. Les deux dispositifs qui ont le plus de recul, la MAIA de la Haute-Savoie et la MAIA de l’Isère concluent sur un impact positif du dispositif MAIA qui a permis de renforcer la coordination et une meilleure connaissance mutuelle des partenaires. Les pilotes soulignent toutefois les difficultés liées à la mise en place d’outils d’évaluation communs, le manque de système informatique de partage d’information performant, et le flou sur les autorisations de partage d’information.

maladies psychiatriques ?) Réseaux de santé qui prennent déjà en charge les PA atteintes de maladies chroniques.

personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer de tout âge.

Concernant les facteurs de réussite du dispositif, les pilotes insistent sur la légitimité du CG pour le portage d’une MAIA. La légitimité du pilote semble aussi primordiale. Enfin, l’existence d’un bon partenariat avant la mise en place de la MAIA (dispositif de gestion de cas CG/Centre Hospitalier déjà en place sur la filière d’Annecy) facilite la mise en œuvre du dispositif.

Particularités territoriales et difficultés de transposition

En observant ces différents dispositifs, il apparaît que les MAIA possèdent des spécificités territoriales. Si les trois MAIA s’appuient sur les mêmes partenaires principaux (hôpitaux notamment), et qu’elles tentent d’articuler leurs actions avec les instances de la filière, leur fonctionnement peut différer sur certains points. La MAIA de l’Isère, qui est issue de la phase d’expérimentation, reste centrée sur la maladie d’Alzheimer. La MAIA de la Haute-Savoie s’est construite autour d’un dispositif de gestion de cas complexes, initié en partenariat avec le Centre Hospitalier de la Région d’Annecy antérieurement à la MAIA. Le dispositif se modifie progressivement pour répondre au cahier des charges MAIA.

En interne, l’organisation des dispositifs varie aussi. Chaque Conseil général possède des délégations territoriales, et le territoire MAIA se positionne souvent sur plusieurs délégations territoriales du CG. Suivant les dispositifs, les pilotes peuvent être positionnés soit au sein des délégations territoriales ou au sein des délégations départementales. De même, les gestionnaires de cas sont parfois dispersés entre les délégations territoriales, ou sont tous présents au sein de la même délégation territoriale. Les positionnements des nouveaux professionnels dépendent notamment de l’organisation interne de chaque CG et de l’autonomie laissée aux délégations territoriales.

Il apparaît donc difficile de vouloir transposer une des organisations présentées au projet MAIA du Conseil général de la Savoie. Chaque CG a sa propre organisation interne, avec ses structures hiérarchiques, et la MAIA doit s’adapter à l’organisation interne de la structure porteuse et à la configuration de partenaires sur le territoire. Cette observation des différents dispositifs a donc essentiellement contribué à se familiariser avec les MAIA, à avoir une vue concrète sur leur mise en place et à esquisser des pistes de réflexion sur le projet.

Après avoir présenté les raisons de l’intérêt du Conseil général pour la coordination, et l’outil MAIA, nous nous intéresserons plus particulièrement au projet MAIA du Conseil général de la Savoie. Comment le Conseil général veut-il s’investir dans la coordination gérontologique

via les MAIA ? Quelles sont les caractéristiques du projet ? Comment expliquer l’émergence du projet ? Quels sont les principaux freins sur le territoire ?

Partie II Le projet MAIA du Conseil