• Aucun résultat trouvé

2.4 Méthodes analytiques en rayonnement synchrotron

2.4.3 Fluorescence X

diff Obs Calc bckgr jeudi 25 juillet 2013

Figure 2.15: Ajustement des paramètres de maille de la glace VI par méthode Le Bail à 67C et 1.92 GPa, illustrant la soustraction de la ligne de base (courbe verte) et le résiduel de l’ajustement (courbe bleu). La position des pics de diffraction modélisés est indiquée par les barres verticale roses.

2.4.3 Fluorescence X

La fluorescence X en CED a déjà été utilisée dans de nombreux travaux précédents au LGL, notamment pour mesurer la concentration en éléments traces (Sanchez-Valle et al., 2003; Petitgirard, 2009). Les éléments à mesurer durant nos expériences sont ici à des concentrations qui en font des éléments majeurs, ce qui permet de s’affranchir de certaines contraintes expérimentales.

Principe

La fluorescence X est un phénomène résultant de la photoionisation. Un photon X interagissant avec les couches électroniques les plus internes d’un atome de l’échantillon va conduire à l’éjection d’un électron. Pour cela, l’énergie de la radiation incidente doit être supérieure ou égale à l’énergie du seuil d’absorption de la couche électronique considérée. Il en découle des phénomènes de réarrangement électronique qui dans le cas de la fluorescence X se manifestent par l’émission d’un photon X lors du remplissage de la lacune d’électron de cœur de l’ion par un électron d’une couche externe (Figure 2.16). Si la lacune est présente sur la couche K et que l’électron qui la comble vient de la couche L, la raie sera notée Kα. Si l’électron provient de la couche M, alors la raie sera notée Kβ. De même, si la lacune est sur la couche L, la raie émise sera notée Lαou autre, en fonction de l’orbitale d’origine de l’électron. L’énergie d’un pic de fluorescence X est donc fonction de l’espèce atomique et permet donc l’identification élémentaire au sein de l’échantillon. Compte tenu de la structure fine de l’atome, les raies Kα et Kβ sont des doublets (Figure 2.16). Lorsque la différence d’énergie entre les deux composantes du doublet est inférieure à la résolution instrumentale, on parle de raie unique, comme dans le cas du rubidium. Pour l’iode, la différence d’énergie

2.4 MÉTHODES ANALYTIQUES EN RAYONNEMENT SYNCHROTRON CHAPITRE 2 est visible, il convient donc de prendre en compte les deux raies.

Photoionisation K L M M L K K! K" K L M

Fluorescence X Effet Auger

samedi 9 mars 2013

Figure 2.16: Résumé du principe de l’émission de rayonnement de fluorescence X et de l’effet Auger.

Le photon X émis peut ensuite s’échapper vers le continuum comme un photon de fluorescence X, soit il peut éjecter un nouvel électron en périphérie - c’est l’effet Auger (Figure 2.16). Cet effet est important pour les atomes de bas numéro atomique et rentre en compétition avec l’émission de photons de fluorescence (Figure 2.17).

Intensité du signal de fluorescence

Pour une raie quelconque (ici Kα), l’intensité d’un pic de fluorescence pour un élément Zi dépend de la section efficace de fluorescence σF♣Zi, Kαq (ou probabilité d’émission d’une raie Kα). Cette grandeur est définie par :

σF♣Zi, Kαq ✏ σpK♣Zi, E0q ☎ ωK☎ νKα④Kβ (2.9)

avec σpK♣Zi, E0q la section efficace de photoionisation du niveau K pour une énergie incidente E0, ωK, le rendement de fluorescence de l’élément (qui peut être calculé soit théoriquement -Figure 2.17-) et νKα④Kβ le rapport de branchement quantifiant la probabilité d’émission d’une raie Kαplutôt qu’une raie Kβ. Les valeurs de ces différentes paramètres sont disponibles dans la base de données xraylib (Brunetti et al., 2004; Schoonjans et al., 2011), elle même basée sur les travaux de Krause and Oliver (1979) et de Hubbell et al. (1998). La section efficace de photo-ionisation d’un élément Zi étant reliée à la section efficace d’absorption, la probabilité d’émission d’une raie pour un élément est donc fonction de la concentration de cet élément.

2.4 MÉTHODES ANALYTIQUES EN RAYONNEMENT SYNCHROTRON CHAPITRE 2

Figure 2.17: Rendement des évènements de fluorescence des raies K et L1 (ωK et ωL1) et des effets pho-toélectriques (aK) en fonction du numéro atomique Z. On constate que les événement de fluorescence des raies K ont un rendement, et donc une intensité, toujours beaucoup plus élevé que les raies L. D’après Krause and Oliver (1979)

Contraintes expérimentales

Les intensités sont très sensibles au parcours entre l’échantillon et le détecteur. En CED, les diamants ab-sorbent une grande partie du rayonnement X en dessous de 8 keV, ce qui correspond à l’énergie d’émission des raies Kαdu nickel (Z=28). Les éléments en dessous de ce numéro atomique verront donc une partie significative de leurs photons de fluorescence être absorbés en CED et seront donc difficilement détecta-bles. Dans le cas du rubidium (Z=37) et de l’iode (Z=53), choisis dans nos expériences pour étudier le fractionnement des sels, les énergies d’émission des raies Kα1à 13,4 keV et 28.6 keV, respectivement, sont suffisamment importantes pour ne pas être significativement absorbées par les enclumes en diamants. De plus, les rendements de fluorescence de ces deux élément (ZRb=37 et ZI=53) sont suffisamment élevés par rapport à celui de l’effet Auger pour assurer un signal détectable avec mon dispositif expérimental.

La diffusion incohérente Compton est aussi un effet important à prendre en compte pour la détection de pic de fluorescence. L’émission Compton provient de l’interaction inélastique entre le rayonnement incident et les électrons faiblement liés à la périphérie de l’atome. Le rayonnement diffusé possède une énergie plus faible que l’énergie incidente (figure 2.18). La diffusion Compton du diamant est intense, et l’est d’autant plus que l’angle d’acquisition par rapport au rayonnement incident est différent de 90(142.5pour notre expérience). La figure 2.18 permet de constater que le signal de l’iode à 28.6 keV n’est pas occulté par le signal de diffusion inélastique Compton.

La détermination de la composition absolue au sein de l’échantillon est complexe car elle nécessite de pouvoir déterminer les effets de la géométrie expérimentale, des différents atténuateurs entre la source et le détecteur, de connaitre précisément le flux de photon incident, etc. Placer une référence interne de con-centration connue permet de s’affranchir de ces contraintes (Sanchez-Valle et al., 2003). La détermination des coefficients de partage repose sur la mesure du rapport des concentration entre le solide et le liquide, ce qui est équivalent au rapport des intensités normalisées de fluorescence. Il n’est donc pas nécessaire de

2.4 MÉTHODES ANALYTIQUES EN RAYONNEMENT SYNCHROTRON CHAPITRE 2 K!Rb K" Ag I K! K" K! K" Rayleigh Compton Pt (L) jeudi 19 septembre 2013

Figure 2.18: Spectre de fluorescence du fluide dans la chambre de compression pour 1 mol.kg✁1de RbI dissout, obtenu lors de l’expérience à l’ESRF. Les pics de fluorescence des principaux éléments, ainsi que les pics de diffusion Rayleigh à 37.4 keV et de diffusion Compton sont indiqués.

placer un élément standard fortement incompatible de concentration connue (Sanchez-Valle et al., 2003). De plus, la concentration en RbI initiale dans le fluide est connue et permet donc à partir d’un bilan de masse d’obtenir une valeur approchée des concentrations dans chaque phase.

Cartographie chimique par spectroscopie de fluorescence X

Au cours des expériences menées à l’ESRF en novembre 2012, une série de micro-cartographies de fluores-cence a été réalisées. Pour cela, une grille d’acquisition de taille de maillage supérieure ou égale à la taille du faisceau au point focal (5x3 µm2) et adaptée au diamètre de la chambre expérimentale entre 200 à 160 µm. Le temps d’exposition est de 5 secondes par point. Une grille de 31x31 permet un compromis entre une bonne résolution et un temps d’acquisition total raisonnable d’environ 1h20 par carte.

Les cartographies spectrales sont ensuite traitées avec le logiciel PyMCa (Solé et al., 2007). Ce logiciel permet d’obtenir les intensités des pics pour chaque élément en modélisant le signal obtenu à partir de la géométrie de l’expérience et de la nature des différents atténuateurs (air, diamant, etc...). PyMCa permet également la cartographie à partir de l’intensité des pics de fluorescence d’un élément (Figure 2.19).

P =1.31 GPa

T =27°C

50 "m

I

Rb

glace VI

1 0 samedi 9 mars 2013

Figure 2.19: Microphotographie (à gauche) et cartes représentant l’intensité normalisée des pics du rubid-ium et de l’iode. Ces cartographies permettent d’observer la répartition des différents éléments entre les différentes phases au sein du volume expérimental.