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B. La psychomotricité, une aide à la communication

B.2. La flexibilité mentale, une nécessité pour s’ajuster à la communication

La théorie nous apprend que les personnes porteuses de TSA présentent des difficultés à adapter leur comportement à différents contextes sociaux. Cela entraîne un déficit du développement, du maintien et de la compréhension des relations.

En effet, pour réussir à communiquer en toute situation, nous devons sans cesse nous adapter à notre interlocuteur et au contexte pour comprendre à quel moment, avec qui et à quel endroit une conduite est, ou non, appropriée. Nous devons donc sans cesse faire preuve de flexibilité mentale35. Cela demande beaucoup d’efforts pour une personne porteuse de TSA

qui pense de manière dichotomique. La psychomotricité peut alors l’aider dans le sens où elle offre une grande diversité de situations.

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La psychomotricité est intrinsèquement liée à la relation. Sans relation, il n’y a en effet pas de psychomotricité. L’alliance thérapeutique est d’ailleurs indispensable à toute prise en charge en psychomotricité. Cette alliance permet de mettre le patient en confiance et donc, comme nous le disions plus haut, de lui permettre de donner le meilleur de lui-même. Pour que cette relation de confiance s’instaure, il faut incontestablement qu’il y ait de l’interaction entre les deux protagonistes. Chacun va donc dévoiler un peu de lui-même pour que l’autre le découvre petit à petit. Cette interaction peut passer par le dialogue tonico-émotionnel, le toucher ou la communication non verbale. La psychomotricité met donc constamment les jeunes porteurs de TSA en situation d’échange, d’interaction et de communication.

La manière de communiquer sera bien différente d’un individu à l’autre. Pour parvenir à communiquer en toute situation, il faut donc s’entraîner à entrer en interaction avec des personnes diverses et variées qui auront toutes des façons différentes de réagir, des pensées et des idées hétérogènes et instaureront une relation dissemblable avec chacun. Un groupe thérapeutique en psychomotricité semble alors être une bonne occasion pour expérimenter tous types de relation et faire face à des points de vue différents de ceux auxquels l’enfant est confronté quotidiennement, dans le domaine familial par exemple. Lors de nos groupes effectués à l’IMP, les jeunes avaient l’occasion d’interagir à la fois avec chacune des psychomotriciennes, avec l’AMP mais aussi avec tous les autres enfants. Ceux-ci ont des manières bien différentes de réagir. Chacun possède des caractéristiques selon sa pathologie. Nous observons par exemple chez Anaïs et Mickaël un fort entêtement souvent retrouvé chez les personnes atteintes du syndrome de Down. Nous observons également un repli plus ou moins prononcé chez les jeunes atteints de TSA. Chez certains autres jeunes dont l’atteinte des facultés intellectuelles est moins marquée, la communication peut encore être différente et passer davantage par le langage. Au-delà de la pathologie, chacun des jeunes a bien sûr sa propre personnalité qui rend ses comportements et sa manière de communiquer uniques. En observant chacun, l’enfant porteur de TSA va se rendre compte des différences et des spécificités du comportement de chacun. En entrant en interaction avec les autres par un regard, un sourire ou une main posée sur le dos, il va pouvoir petit à petit, à force d’essais- erreurs, d’observation et d’imitation, pouvoir adapter peu à peu son tonus, sa posture ou encore ses mimiques à chaque situation.

En psychomotricité, l’enfant va donc être soumis à des expériences très variables pour lesquelles il va devoir s’adapter. La psychomotricité va alors l’aider à avoir une pensée plus flexible, à accepter l’inconstance, être ouvert aux changements et remarquer qu’il existe d’autres alternatives. Lors de nos prises en charge groupale à l’IMP, l’apprentissage de la flexibilité mentale passe d’abord tout simplement par tous les changements qui ont lieu pendant les séances. Par exemple, les parcours moteurs se modifient régulièrement et les jeunes peuvent être accompagnés par un professionnel différent chaque semaine, à la fois

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pour le parcours et l’échauffement. Pour le groupe des plus grands, les activités sont différentes chaque semaine et le thème des séances est modifié au bout de quelques mois.

De même, en psychomotricité, un même matériel sert à différentes consignes. Ainsi lors du groupe parcours moteur, le plot servira lors de quelques séances à symboliser le début du parcours, au parcours suivant il faudra le contourner car il fera partie du slalom et à un prochain parcours, la consigne sera de marcher dessus pour travailler son équilibre. L’enfant devra alors s’adapter à toutes ces variantes, cela favorisera sa flexibilité mentale et c’est ainsi qu’il pourra réussir de mieux en mieux à adapter son comportement à l’environnement.

La flexibilité est primordiale pour que l’enfant puisse s’adapter à la fois à son environnement et à ses interlocuteurs. Cependant, la volonté de mettre en avant la flexibilité peut mettre à mal la mise en place de rituels. Or, ces rituels sont très importants pour les enfants atteints de TSA. Ainsi, pour répondre à ce besoin, lors de nos séances de psychomotricité, nous gardons toujours la même salle et le même déroulement avec les différents temps décrits dans la partie clinique. Les changements de thème ou d’activité permettront aux jeunes d’essayer de s’adapter à des petits changements tout en se sentant en sécurité.

Finalement, en mettant la flexibilité mentale en avant, la psychomotricité permet à l’enfant de s’adapter au mieux à une situation. Cela l’aidera à s’ajuster dans la communication.