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Le financement de la croissance des PME

CHAPITRE II : DEVELOPPEMENT DE LA PME

Section 3 : Croissance des PME : ses freins et son financement

3.1 Le financement de la croissance des PME

« Les différences de structures financières illustrées par de nombreuses théories montrent une hiérarchisation, un classement de la nature des financements, insistant d’abord sur l’importance du coût de financement par émission d’actions, le financement par endettement et en dernier ressort l’autofinancement. Il est reconnaît que la majorité des PME privilégient l’autofinancement. Toutefois, si les fonds internes, illustrés par le patrimoine familial, ne suffisent pas, les PME se tournent en priorité vers l’endettement bancaire. Le recours à l’ouverture du capital demeure l’exception »172.

La structure de financement de la PME est donc successivement l’autofinancement, l’endettement et l’ouverture du capital173.

3.1.1 Le recours aux fonds propres internes

L’autofinancement se définit comme la partie du bénéfice réalisé, affecté à l’entreprise après distribution des dividendes (Myers, 1984)174. Selon Pierre Vernimmen,

171 Denis L., analyse empirique des PME wallonnes en croissance, mémoire de licence en sciences de gestion, université de liègefaculté d’économie, de gestion et de sciences sociales école d’administration des affaires, 2002, p 21.

172

Benbayer H. et Trari-Medjaoui H., le développement des sources de financement des PME en Algérie : émergence de la finance islamique, revue Economie&Management, les PME maghrébines : facteurs d’intégration régionale, n° 9 octobre 2009, p 212.

173 Cette classification ou hiérarchie des sources de financement auxquelles recourent prioritairement les dirigeants est confirmée par une étude portant sur les entreprises moyennes belges réalisée en 1994 (Wtterwulghe et al ; cité par Benbayer H. et Trari-Medjaoui H.).

174 Denis L., analyse empirique des PME wallonnes en croissance, mémoire de licence en sciences de gestion, université de liège faculté d’économie, de gestion et de sciences sociales école d’administration des affaires, 2001-2002, p 22.

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« une entreprise peut assurer son développement par autofinancement, ce qui signifie que l’entreprise n’aura besoin de recouvrir ni à ses actionnaires, ni au marché financier »175. Il représente les moyens de financement que l’entreprise dégage par sa seule activité. Au sens large, l’autofinancement peut également comprendre la rémunération ou les avantages que le dirigeant va laisser dans l’entreprise afin de la financer.

La priorité à recourir à cette forme de financement peut s’expliquer par : l’acquisition de fonds externes à un coût important, par de variables subjectives, tels que la volonté d’indépendance et d’autonomie de gestion des dirigeants et l’identification du patrimoine de la famille à celui de l'entreprise. Un autre élément qui explique la privilégie de cette source semble l’absence de coût d’utilisation.

Le financement par ses propres moyens a souvent empêché les entreprises de se développer pour préserver leur indépendance, les patrons de PME préfèrent limiter la croissance de l’entreprise. Lorsque le marché est très porteur, les besoins d’investissement sont importants en se limitant à l’autofinancement, il n’est pas possible de suivre la croissance du marché, et les concurrents en profitent. L’autofinancement limite la croissance de la PME à sa capacité bénéficiaire diminuée de l’impôt, qui affecte les résultats. L’autofinancement constitue un frein à la mobilité du capital dans la mesure où les bénéfices secrets sont automatiquement réinvestis dans la même activité, il contribue ainsi à une mauvaise allocation des ressources.

L’autofinancement est généralement insuffisant pour couvrir l’ensemble des besoins de l’entreprise. Les entreprises investissent plus qu’elles n’épargnent, ce sont des agents économiques à déficit de financement, demandeurs de capitaux. Pour assurer l’équilibre financier, les entreprises s’endettent auprès du système bancaire et/ou font appel au marché financier.

3.1.2 Le recours à l’endettement

Lorsqu’une stratégie de croissance est mise en œuvre, des besoins importants en capitaux apparaissent et les fonds propres de l’entreprise se révèlent souvent insuffisants. À défaut de pouvoir se financer à suffisance par autofinancement, les PME se tournent alors vers le prêt bancaire qui constitue leur principale source de financement extérieur. Les PME étant, par leur taille, rarement en mesure de recourir directement aux marchés financiers et à leurs produits, les banques sont leur première source de financement externe176.

175Vernimmen P., finance d’entreprise, édition Dalloz, Paris, 1996, p599. 176

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"Le recours direct au marché des capitaux, implique par ailleurs des coûts de transaction supplémentaires (commissions de courtage, taxes, coûts de publicité et d’impression des titres) qui constituent une barrière à l’entrée sur ce marché pour une PME. En outre, l’emprunt est plus avantageux d’un point de vue fiscal que l’ouverture du capital. Les dividendes font en effet l’objet d’un double taxation, tandis que les charges sont déductibles, ce qui réduit le coût réel de l’emprunt. Seulement, il convient de s’endetter uniquement lorsque la rentabilité économique des capitaux investis et financée par emprunt est supérieure au coût de l’emprunt" (Denis L., 2002).

Il faut noter que pour les entrepreneurs dynamiques, qui ont des idées et un bon projet, auront généralement moins de problèmes pour se financer par endettement.

3.1.3 L’ouverture du capital

Le recours à l’endettement est limité, un endettement trop important rend l’entreprise vulnérable. De plus, l’endettement crée des rigidités en termes de payement d’intérêts et de remboursements. La solution qui s’impose est alors l’ouverture du capital à de nouveaux actionnaires ou à des organismes spécialisés dans la prise de participations des PME. L’ouverture du capital constitue un passage quasiment obligé de la croissance (Wtterwulghe R., 1998 ; cité par Denis L., 2002).

« Le marché financier est le lieu de rencontre entre l’offre et la demande de capitaux à long terme. Les capitaux qui se négocient sur ce marché sont représentés par des valeurs mobilières qui sont des titres transmissibles, susceptibles de cotation, émis par des personnes morales, publiques ou privées, en contrepartie d’une ressource de financement » (Boukrous D, 2007).

Le marché financier comprend deux compartiments qui remplissent des fonctions différentes :

- Le marché des émissions nouvelles ou le marché primaire remplit une fonction d’allocation du capital.

- Le marché secondaire ou la bourse des valeurs, sur lesquels s’échangent

les titres déjà émis.

La bourse assure l’évaluation permanente des titres admis à la côte et la mobilisation de l’épargne investie à long terme. Elle est née de la nécessité d’organiser un marché officiel pour les détenteurs de titres désireux de récupérer leurs fonds avant l’échéance.

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Des besoins de liquidité de la part des agents se conçoit aisément si l’on considère que la durée de vie d’une action qui est celle de la société, est généralement fixée à 99ans et tacitement reconductible.

La taille de l’entreprise et son statut juridique lui impose souvent sa source de financement externe, ainsi bien des petites et moyennes entreprises (PME) n’ont pas accès au marché financier et leur seul recours est d’emprunter auprès des banques.

Il convient également à souligner, comme source de financement des PME, les aides à l’expansion économique de la part des gouvernements à travers les différents organismes d’aide à la création et au développement de la PME.

La PME se distingue donc de la grande entreprise dans sa stratégie financière. Son dirigeant est rarement un financier et asservit plutôt la fonction financière à sa propre fonction d’utilité. Le dirigeant devra exprimer sa préférence entre la pérennité, la croissance et l’indépendance, et modeler sa stratégie financière en connaissance de cause. La rationalité s’écarte donc assez systématiquement de l’analyse classique. Dans le cas des entreprises en croissance, le dirigeant commence à incorporer les intérêts de l’entreprise dans ses choix financiers. La tendance reste pourtant à l’autofinancement. Cependant, l’ouverture du capital représente un passage, quasiment, indispensable pour la croissance. En effet, comme nous l’avons vu, d’une part les fonds propres s’avèrent, la plupart du temps, insuffisants pour financer totalement la croissance et, d’autre part, la capacité d’emprunt est limitée (Denis L., 2002).