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Figure 26 : Schéma synthétique des mouvements des bovins au cours de l’année dans les différentes unités agro-écologiques

Source : Serpossian, 2007

5.1.2. Un paysage agro-sylvo-pastoral

Le paysage témoigne de cette association étroite entre cultures et élevages (Figure 26) :

• les bas-fonds, cultivés en riz en hivernage, et plantés de manguiers sur leurs bordures, sont pâturés et fumés en fin de saison sèche. La consommation des mangues invendues aide les bovins à passer la période de “soudure”. Les jardins maraîchers clos, isolés ou installés sous les mangueraies, sont fumés avec des déjections (cuisine, petits animaux) apportés par charrette ;

• les champs, cultivés en traction attelée, se répartissent en auréoles autour des villages, selon un gradient de fumure ;

• dans les champs de case essouchés et intensément fumés par parcage nocturne, le maïs cultivé chaque année alterne parfois avec du maraîchage en saison sèche ;

• les versants sont également essouchés, et cultivés en continu. En fin de saison sèche, des parcages nocturnes au piquet des bovins permettent de fumer les futurs champs de mil. La rotation arachide/céréales inclut parfois un an de jachère, pâturée par les petits ruminants et bœufs de traction. Après les récoltes, ces champs sont ouverts à la vaine pâture à tous les animaux ; de nombreux villages pratiquent l’assolement réglé, permettant des espaces communs de pâturage des jachères courtes. Les fanes d’arachides quant à elles sont entièrement consommées par les bœufs en début d’hivernage ; • les plateaux forestiers pâturés par les troupeaux bovins en hivernage, en bordure desquels des vergers

d’anacardiers se multiplient. Des céréales et arachides peuvent y être cultivées en association avec l’anacardier, dont la pomme est également appétée par les bovins en fin de saison sèche. Au sein de ce saltus, de vastes parcelles ont été ouvertes pour l’arachide, non sans créer des conflits : dégâts aux cultures par les animaux présents en hivernage, perte de zones de pâtures….

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Systèmes de production, revenus et pratiques de scolarisation des agriculteurs

5.1.3. Les céréales pour la vente, l’arachide pour les graines et les fanes…

Les exploitations de la zone sont auto-suffisantes en céréales, excepté pour le riz, préférentiellement acheté quand les moyens le permettent. Comme dans les Terres Neuves, la part de l’arachide dans les assolements a baissé, comparativement au mil, maïs, sorgho.

La fumure organique69est réservée aux céréales. Quand elle est limitée, elle est prioritairement utilisée

pour le maïs qui la valorise très bien70, sur les champs proches des habitations (“les kankans” ou

“bambey”).

Ces parcelles ont des fonctions différentes suivant les exploitations. Celles qui disposent de champs de case de faible superficie (moins de 0,20 ha) entre les concessions les clôturent pour cultiver très tôt manuellement du maïs rouge (cycle de 90 jours) qui sera récolté le premier, évitant une possible soudure alimentaire. Ce petit espace très productif est exploité au maximum : on associe souvent le manioc au maïs, et les femmes y font du maraîchage en saison sèche.

Les exploitations héritières des fondateurs, qui ont des champs en bordure de village sur des superficies plus importantes (de 0,20 à plus de 2 ha), non clôturées, cultivent le maïs avec du matériel de traction, et l’emblavent plus tard, après le semis du mil et de l’arachide. Les performances de ces parcelles sont très intéressantes et une partie du maïs sera vendue. Comme le démontre le recours récent au tracteur pour le labour, observé ponctuellement sur la zone de Pata, la lutte contre les adventices constitue actuellement le point-clef sur lequel jouer pour améliorer la productivité du travail sur ces parcelles.

Les exploitations qui disposent de bovins et de charrettes fument aussi leurs champs “de brousse71” , où

l’on relègue l’arachide, cultivée en rotation avec des céréales et une jachère pâturée. Celles qui n’ont que des ovins et caprins, dont la poudrette est mise sur les champs de case, cherchent à acheter des engrais minéraux, pour les épandre sur les céréales.

Enfin, les familles n’ayant pas d’animaux s’en sortent tant bien que mal grâce à la défriche-brûlis, en cultivant pendant 3 ans des parcelles laissées 6 ans en friches, sur des terres forestières, en périphérie de village. Les rendements y sont de l’ordre de 800 kg par ha, ce qui est peu : ces systèmes de culture, remplacés par les précédents au cours de l’histoire, ont des performances bien plus faibles.

Le revenu issu de la vente de graine d’arachide n’est intéressant actuellement que si l’on a la possibilité de réaliser des rendements suffisants à un coût minimal (en engrais et herbicides), et si l’on peut éviter les prix faibles et les aléas de paiement des circuits de proximité en s’intégrant dans des réseaux qui commercialisent directement sur Dakar.

Deux types d’exploitations peuvent réaliser ceci :

• les exploitations issues des familles fondatrices qui disposent d’un foncier important, d’un bon niveau d’équipement et qui ont les capacités d’acheter des engrais minéraux. Elles alternent arachide (avec ou sans céréales) et jachère, afin de casser le cycle des adventices, et vendent sur Dakar ;

• des colons, installés plus récemment (depuis 20 ans) sur des terres du plateau forestier de Pata, bien équipés, qui ont bénéficié les premières années de “la rente des sols forestiers”, puis ont développé des systèmes de culture quasi continus (une jachère de 1 an au bout de 5 années de culture) alternant arachides et céréales pour la vente, avec engrais minéraux. Ils embauchent des sourgas et commercialisent directement à Dakar. Ces exploitants vendent non seulement la graine mais aussi la fane d’arachide (1 ha peut donner 60 sacs de fanes vendus de 1 000 à 2 000 fcfa l’unité, représentant 1/3 du produit brut commercialisé en graine). Ils capitalisent en troupeaux bovins qui fument les parcelles avant l’emblavement en céréales.

Ministère des Affaires étrangères et européennes - DgCiD

69) Déchets de cuisine, déjections des petits ruminants, des bovins par contrat de fumure ou en propriété-

70) A Pata, un bambey emblavé en culture continue de maïs fumé par des bovins procure un gain de productivité de la terre de 80% et de productivité du travail de 65% par rapport à un bambey fertilisé seulement avec des déchets de cuisine

71) La fumure par charrette est réalisée en saison sèche de janvier à mai. La fumure par parcage des bovins la nuit se fait en mai en décalant le lieu en lien avec l’installation des semis.

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Figure 27 : Productivités de la terre et du travail de différents systèmes de cultures et