• Aucun résultat trouvé

Chapitre 1 Revue de la littérature

1.2. Devenir des nutriments dans le tube digestif des poulets

1.2.3. Fibres

1.2.3.1. Définition des fibres

Le terme fibres alimentaires a été utilisé par Hipsley en 1953 pour la première fois. La fibre est la partie indigestible des hydrates de carbone retrouvés principalement dans les plantes. Les aliments les plus riches en fibres sont les céréales et leurs dérivés (son de blé, d'avoine, orge...). Le terme fibre désigne en général les constituants des parois cellulaires des plantes, comprenant une grande variété de polysaccharides structuraux qui sont souvent liés à des protéines et à des phénols, particulièrement la lignine. Les principaux polysaccharides des parois cellulaires des plantes sont: la cellulose, différentes hémicelluloses (i.e. arabinoxylanes, β-glucane, xyloglucanes, arabinogalactanes) et des polysaccharides pectiques (Figure 1-3). Les fibres jouent différents rôles au niveau physiologique y compris la régularisation de la fonction gastro-intestinale, la diminution des taux de cholestérol ainsi que la gestion de la glycémie (taux de sucre dans le sang). Des recherches récentes montrent qu'il existe de nombreuses formes de fibres, chacune ayant un effet unique sur la nutrition et la santé. Généralement, les fibres alimentaires sont classées en fonction de leur solubilité. Deux catégories importantes de fibres sont alors définies : les fibres solubles et insolubles.

1.2.3.2. Les types de fibres

Tel que mentionné dans le paragraphe précédent, il existe deux types de fibres: les fibres insolubles et les fibres solubles. Chaque type de fibres joue un rôle différent dans l'organisme.

18

Définition des fibres solubles

Les fibres solubles se dissocient facilement dans l’eau et formes des gels, que l’on définit comme la viscosité. Les sources de fibres solubles comprennent le blé, l'avoine, l'orge, le seigle et le triticale, ainsi que leurs coproduits (Choct, 2006). D’une façon générale, les fibres solubles sont plus fermentées et mènent à une viscosité du digesta plus élevée que les fibres insolubles (Bedford, 1995).Ce digesta visqueux atteignant l’intestin grêle, inhibe la digestion de l'amidon, des lipides et des protéines chez la majorité des monogastriques (Beg et al., 2001; Barrera et al., 2004) et augmente ainsi la sécrétion endogène dans l'intestin. Ceci augmente également l'ingestion alimentaire, diminue l'efficacité alimentaire et réduit l’absorption des nutriments (Wenk, 2001). Cette viscosité aussi causent l'apparition des fientes collante (Bumett, 1966 cité par Sundberg et al, 1996).

Définition des fibres insolubles

Les fibres insolubles se dissocient difficilement dans l’eau. Les sources de fibres insolubles sont en plus grande proportion dans les grains non visqueux et leurs dérivés tels le maïs, le sorgho, le millet et le riz (Choct, 2006). Elles accélèrent le transit intestinal (Le Goff et al., 2002). Malgré leur plus faible capacité de rétention d’eau, les fibres insolubles ont un effet laxatif bénéfique en accentuant la masse des matières fécales, ce qui améliore leur circulation dans le tube digestif, augmente les sécrétions de mucus et la fréquence de défécation (Chutkan et al., 2012). Hetland et al (2003) ont montré que les fibres insolubles augmentent les temps de rétention dans le gésier et amélioraient la digestibilité de l’amidon en augmentant le reflux gastro-intestinal de sels biliaires.

19

Figure 1-4 Répartition des différents types de « fibres » en fonction de leur solubilité et de la méthode d’analyse (TDF, total dietary fibre; NSP, non-starch polysaccharides; NDF, neutral detergent fibre; ADF, acid detergent fibre ; ADL, acid detergent lignine).

1.2.3.3. Relation fibres et entérite nécrotique

La présence de polysaccharides non amylacés (NSP) dans l’aliment peut favoriser la maladie en influençant les propriétés du contenu intestinal, comme la viscosité, le temps de transit dans le tractus gastro-intestinal et le pH intestinal (Bedford, 1995; Timbermont et al., 2011; Marie-Lou Gaucher, 2015). Plusieurs études dans la littérature qui ont étudié l’effet d’une alimentation riche en fibres tels que l’avoine, l’orge, le seigle et le blé, présentent un risque élevé au développement de l’entérite nécrotique (Timbermont, et al., 2011). Ces fibres permettraient une diminution de la vitesse du transit intestinal, une augmentation de la viscosité ou une modification du microbiote intestinal, favorisant la prolifération bactérienne (Uzal, et al., 2015). Des études de Jia et al. (2009) et de Annett et al. (2002) (Tableau 1-3), ont montré que l’orge et le blé diminuent la vitesse du transit intestinal et augmentant la

20

viscosité et permettant une plus grande prolifération de C. perfringens par rapport au maïs. Donc il est bien important de faire un bon choix des composants de l’aliment afin de prévenir l’entérite nécrotique.

Tableau 1-3 Prolifération de Clostridium perfringens chez poulets de chair en fonction de l’alimentation (Annett et al., 2002).

Maïs Orge Blé

Médiane (x108 cfu/ml) 3.78 a 5.90 b 5.80 b Premier quartile (x108 cfu/ml) 3.41 4.90 5.25 Troisième quartile (x108 cfu/ml) 4.06 7.95 6.90

L’inclusion de maïs dans l’aliment au lieu d’avoine, d’orge, de seigle ou de blé, est un moyen de prévenir l’entérite nécrotique. Les mortalités associées aux céréales riches en ces polysaccharides étaient aussi deux fois plus élevées lorsque comparées à celles des groupes soumis à un aliment majoritairement composé de maïs (Shojadoost et al., 2012). Il a aussi été démontré que certaines de ces céréales, telles que le seigle, augmentait l’adhésion de la bactérie à la muqueuse intestinale (Kleessen et al., 2003; Shojadoost et al., 2012). Leur effet s’explique par sa richesse en polysaccharides non amylasés solubles dans l’eau et faiblement digestibles (ß-glucans et les arabinoxylans). Une fois rendus dans l’intestin, ces polysaccharides peu digérés vont modifier l’environnement intestinal, en interagissant avec des glycoprotéines de la surface épithéliale intestinale et provoqueraient une augmentation de la production de mucine (Shojadoost et al., 2012). Puisque Clostridium perfringens possède plus de 6 hydrolases capables de dégrader ces muco-oligosaccharides pour créer un milieu favorable pour la bactérie (Shojadoost et al., 2012), en conséquence, une augmentation du temps de transit intestinal et de la viscosité du digesta engendreront une prolifération accrue de la bactérie (Williams ,2005). L’augmentation de la viscosité intestinale dépend de la solubilité, de la taille moléculaire et de la conformation des ß -glucanes ainsi que de leur vitesse de dégradation dans l'estomac et le petit intestin.

21

1.2.3.4. Devenir intestinal des fibres

Les glucides peuvent être distingués en deux types : ceux que l’oiseau peut digérer, soit notamment l’amidon, la dextrine, les oligosaccharides et les monosaccharides, et ceux qui ne peuvent être utilisés que par la microflore, qui regroupent notamment les polysaccharides non amylacés tels la cellulose l’hémicellulose et les substances pectiques (Gabriel et al, 2003). Dans le cas des glucides utilisables par l’hôte, la microflore semble avoir un effet limité. En effet, elle ne peut pas modifier l’activité des enzymes impliquées lors leur digestion, telle que l’amylase pancréatique ou les disaccharides intestinaux, ni influencer l’absorption du glucose. En ce qui concerne les glucides que l’oiseau ne peut utiliser, ils sont fermentés par la microflore dans le jabot et principalement au niveau des caeca sans avoir un rôle significatif.

Documents relatifs