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En alg`ebre lin´eaire, si B est une matrice m × n de rang r , alors il existe une matrice X de taille m × r et une matrice Y de taille r × n telles que B = XY . Ce th´eor`eme de d´ecomposition admet aussi une analogie en alg`ebre commutative. Suivant cette id´ee, Eisenbud a introduit dans [Eis80] la notion de factorisation de matrices d’un ´el´ement

f d’un anneau commutatif S. L’objectif ´etait d’´etudier les r´esolutions libres minimales p´eriodiques sur l’hypersurface S/hf i. Cette th´eorie de factorisations de matrices permet d’obtenir une description lin´eaire alg´ebrique des modules de Cohen-Macaulay sur des singularit´es d’hypersurfaces simples isol´ees.

efinition 2.3.1 Soit 0 6= f ∈ k[[x]] = k[[x1, x2, ..., xd]] un ´el´ement non inversible. Une

factorisation de matrices de f d’ordre n est une paire de matrices (ϕ, ψ)n×n dans

k[[x]] d´efinies par les ´egalit´es ϕψ = ψϕ = f In, o`u f In est la matrice scalaire en f .

Une cons´equence imm´ediate de cette d´efinition donne deux exemples particuliers de matrices de factorisations, `a savoir (In, f.In) et (f.In, In). Autre exemple, si A est une

matrice d’ordre n, alors il existe une matrice B = Adj(A) dite adjointe de A telle que AB = BA = det(A).In. Cette formule donnant en g´en´erale l’inverse de A est un cas

particulier de factorisation de matrice du d´eterminant det(A).

efinition 2.3.2 Un morphisme de factorisations de matrices de f de (ϕ1, ψ1) vers (ϕ2, ψ2) est la donn´ee d’une paire de matrices (α, β) telles que le diagramme suivant commute k[[x]]n1 ψ1 // α  k[[x]]n1 ϕ1 // β  k[[x]]n1 α  k[[x]]n2 ψ2 //k[[x]]n2 ϕ2 //k[[x]]n2 (2.3.1)

Si α et β sont des isomorphismes, alors (ϕ1, ψ1) et (ϕ2, ψ2) sont dites ´equivalentes. Une factorisation de matrices (ϕ, ψ) de f est dite r´eduite si tous les coefficients dans ϕ et ψ sont diff´erentes de l’unit´e.

La commutativit´e du carr´e de gauche dans le diagramme 2.3.1 entraine celle du carr´e de droite et vice-versa. On construit la cat´egorie des factorisations de matrices de f dans k[[x]], not´ee MFk[[x]](f) comme suit.

- les objets sont les matrices de factorisations (ϕ, ψ)n×n

- la composition des morphismes est d´efinie par le produit matriciel et se fait compo- sante par composante.

La cat´egorie MFk[[x]](f) est additive. La somme directe est d´efinie par

1, ψ1) ⊕ (ϕ2, ψ2) = (   ϕ1 0 0 ϕ2  ,   ψ1 0 0 ψ2  )

Eisenbud a montr´e que si (ϕ, ψ) est une factorisation de matrices de f d’ordre n, alors le k[[x]]-module donn´e par la suite courte exacte

0 //k[[x]]n ϕ //k[[x]]n //M //0 (2.3.2) est aussi un CM-module sur l’hypersurface k[[x]]/hf i [Eis80]. En effet, l’´egalit´e ϕψ(Sn) =

f Sn, entraine que f Sn ⊂ Im(ϕ), c’est-`a-dire, f.Sn/Im(ϕ) = 0. Par cons´equent, f M = 0,

d’o`u M admet une structure de k[[x]]/hf i-module. La formule d’Auslander-Buchsbaum [AB57, Th´eor`eme 3.7] appliqu´ee `a M en tant que k[[x]]-module affirme que depthk[[x]](M ) = depth(k[[x]]) − dp(Mk[[x]]). La suite exacte2.3.2´etant minimale, on a dp(Mk[[x]) = 1. L’an-

neau k[[x]] est r´egulier et local, donc k[[x]k[[x]∈ CM(k[[x]). Par cons´equent depthk[[x]](M ) =

krdim(k[[x]]/hf i), c’est-`a-dire Coker(ϕ) = M ∈ CM(k[[x]]/hf i). On peut d´efinir alors un foncteur additif cok : MFk[[x]](f ) //CM(k[[x]]/hf i) sur les objets par cok(ϕ, φ) =

Coker(ϕ) et sur les morphismes par cok(α, β) = γ, o`u le morphisme γ est induit par la relation αϕ1 = ϕ2β modulo hf i. Inversement, tout module de Cohen-Macaulay sur k[[x]]/hf i est donn´e de cette mani`ere 2.3.2. En effet, si M est un k[[x]]/hf i-module de Cohen-Macaulay, alors la mˆeme formule d’Auslander-Buchsbaum affirme que dp(Mk[[x]]) =

depth(k[[x]])−depthk[[x]](M ) = krdim(k[[x]])−krdim(k[[x]]/hf i) = 1. Donc M admet une pr´esentation projective exacte de k[[x]]-modules

0 //k[[x]]n2 ϕ //k[[x]]n1 //M //0 (2.3.3) Par cons´equent, n2 ≤ n1, car ϕ est un monomorphisme. D’autres part, on a f M = 0, c’est- `

a-dire, f k[[x]]n1 ⊆ Im(ϕ). Donc pour tout x ∈ k[[x]]n1, il existe un unique y ∈ k[[x]]n2

ψ : k[[x]]n1 //k[[x]]n2 qui associe x `a y. Ainsi, on a f Inx = ϕψx, pour tout x ∈ k[[x]]n1,

d’o`u f In1 = ϕψ. Le morphisme ψ ainsi d´efini est aussi un monomorphisme (ce qui implique

n1 ≤ n2), car l’anneau k[[x]] est int`egre et f est non diviseur de z´ero. Enfin, puisque k[[x]] est commutatif, donc f Inϕ = ϕf In et ϕ un monomorphisme, alors ϕ(ψϕ) = f Inϕ, d’o`u

ψϕ = f In, avec n1 = n2.

Soit (ϕ, ψ) la factorisation de matrices (ϕ, ψ) modulo hf i.

Proposition 2.3.1 Soit (ϕ, ψ) une factorisation de matrices d’ordre n de f correspon- dant au k[[x]]-module M dans la suite exacte 2.3.2. Alors M admet une R-r´esolution projective 2-p´eriodique :

//Rn ϕ //Rn ψ //Rn ϕ //Rn ψ //Rn ϕ //Rn //M //0 (2.3.4)

D´emonstration 2.3.1 L’´egalit´e ϕψ = ψϕ = f.In induit le complexe

... //Rn ϕ //Rn ψ //Rn ϕ //Rn ψ //Rn ϕ //Rn //... .

Ce complexe est en fait exact. En effet, si x ∈ Rn (x ∈ k[[x]]n) est tel que ϕ(x) = 0, c’est-`a-dire, ϕ(x) = 0, alors ϕ(x) ∈ hf i = f k[[x]]n = ϕψ(k[[x]]n). Par cons´equent, x ∈

Im(ψ). De mˆeme, on montre que Ker(ψ) ⊆ Imϕ. Il reste `a montrer que M = Cokerϕ. Par d´efinition, on a M = Cokerϕ. Mais puisque f M = 0, donc f k[[x]]n ⊆ ϕ(k[[x]]n),

i.e hf i ⊆ Imϕ. Par cons´equent, Imϕ = Imϕ = Imϕ/hf i. Finalement, on obtient que Cokerϕ = Rn/Imϕ ∼= k[[x]]n/Imϕ.

Remarque 2.3.1 syz2i b

R(M ) = M , pour tout i ∈ N, tandis que syz

2i+1 b

R (M ) = N avec N

donn´e par la factorisation de matrices (ψ, ϕ) de f.

Les factorisations de matrices (In, f In) et (f In, In) de f sont des cas particuliers im-

portants de factorisations de matrices. Elles correspondent respectivement dans R aux CM-modules 0 et R. Notons MFk[[x]](f ) = MFk[[x]](f )/h(In, f In)i la sous-cat´egorie pleine

de MFk[[x]](f ) obtenue en ´eliminant tous les morphismes dans MFk[[x]](f ) se factorisant `a

travers (In, f In).

Le th´eor`eme d’Eisenbud qui suit est le r´esultat principal de l’´etude des factorisations de matrices [Eis80, Corollaire 6.3] ou [Yos90, Th´eor`eme 7.4].

Th´eor`eme 2.3.1 (Eisenbud) Soit S un anneau r´egulier et local, 0 6= f ∈ S un ´el´ement non inversible et R l’hypersurface S/hf i. Alors le foncteur coker induit des ´equivalences de cat´egories

MFS(f ) ∼= CM(R) (2.3.5)

MFS(f )/h(In, f In), (f In, In)i ∼= CM(R)/hRi. (2.3.6)

D´emonstration 2.3.2 Nous montrons bri`evement la premi`ere ´equivalence, la seconde est induite de la premi`ere et du fait que coker(f In, In) = R. On v´erifie facilement que les

foncteurs MFS(f ) cok //CM(R) δ //MFS(f ) sont des quasi-inverses l’un de l’autre. Le foncteur cok est induit par le foncteur coker et d´efini sur les objets (ϕ, ψ) par cok(ϕ, ψ) = Coker(ϕ) et sur les morphismes (α, β) par

cok(α, β) =    0 si (α, β) se factorise par (In, f In) γ sinon. tandis que le foncteur δ est d´efini comme suit

δ : CM(R) //MFS(f ) M1 g  //δ(M1) : 0 δ(g)  //Sn1 β  ϕ1 // Sn1 α  //M1 g  //0 M2 //δ(M2) : 0 //Sn2 ϕ2 // Sn2 //M 2 //0

Le foncteur δ ainsi construit est uniquement d´etermin´e sur les objets M `a ´equivalence pr`es et sur les morphismes g `a isomorphisme pr`es.

D’autre part, si (ϕ, ψ) est r´eduite, alors Coker(ϕ) n’admet pas de facteur direct libre. En effet, si N un facteur direct libre de (ϕ, ψ), alors il existe un R-module X tel que

Coker(ϕ) ∼= Rn⊕ X, avec N ∼= Rn. Mais comme R = coker(f In, In), il suit l’isomorphisme (ϕ, ψ) ∼=⊕(f In n, In) ⊕ (ϕ0, ψ0), c’est-`a-dire (ϕ, ψ) ∼= (         ϕ0 0 · · · 0 0 f In · · · 0 .. . ... . .. ... 0 0 · · · f In         ,         φ0 0 · · · 0 0 In · · · 0 .. . ... . .. ... 0 0 · · · In         )

pour un certain ϕ0, ψ0 tel que Coker(ϕ0, ψ0) ∼= X, ce qui est absurde car la matrice de gauche admet des coefficients non tous diff´erents de l’unit´e.

Toutefois, si la factorisation de matrices (ϕ, ψ) n’est pas r´eduite, alors (ϕ, ψ) admet (In, f In) comme facteur direct. Plus pr´ecis´ement, toute factorisation de matrice (ϕ, ψ)

non r´eduite se d´ecompose en une partie r´eduite et une non r´eduite comme suit

(ϕ, ψ) = réduite z }| { 0, ψ0) ⊕ nonréduite z }| { (f In, In)p⊕ (In, f In)q.

Cette d´ecomposition est unique `a isomorphisme pr`es. En effet, si 00, ψ00) ⊕ (f In, In)p

0

⊕ (In, f In)q 0

est une autre d´ecomposition de (ϕ, ψ), alors en posant M0 = cok(ϕ0, ψ0) et M00 = cok(ϕ00, ψ00), il suit que

M0⊕ Rp= M00 ⊕ R

p0.

Mais comme (ϕ0, ψ0) et (ϕ00, ψ00) sont r´eduites, alors M0

g

= M00. De plus, d’apr`es l’unicit´e de la d´ecomposition dans CM(R), on a p = p0 . Finalement, on a l’isomorphisme (ϕ0, ψ0)

γ(g)

∼ = 00, ψ00) et, en comparant la taille des matrices, il suit que q = q0, d’o`u l’unicit´e.

Remarque 2.3.2 Le th´eor`eme 2.3.1 combin´e aux remarques pr´ec´edentes ´etablissent une correspondance bijective entre factorisations de matrices r´eduites et modules de Cohen- Macaulay n’ayant pas de facteurs directs libres.

Proposition 2.3.2 Le foncteur MFS(f ) cok //CM(R) ´etablit une correspondance bijec- tive entre l’ensemble des factorisations de matrices r´eduites et l’ensemble des classes d’iso- morphismes de modules de Cohen-Macaulay n’admettant pas de facteurs directs libres {(ϕ, ψ) r´eduites} bijection←→ {isoclasses de CM(R)-modules ind´ecomposables}

Proposition 2.3.3 [Yos90, Proposition 7.7] Soit M ∈ CM(R) non libre et ind´ecompo- sable donn´e par la matrice de factorisation r´eduite (ϕ, ψ). Alors syz1

RM est aussi ind´e- composable et non libre. De plus, syz1RM = Cok(ψ, ϕ).

D´emonstration 2.3.3 Il est ´evident que (ϕ, ψ) ∈ MFS(f ) si, et seulement, si (ψ, ϕ) ∈ MFS(f ). De mˆeme (ψ, ϕ) est r´eduite si, et seulement, si (ϕ, ψ) l’est. D’autre part, la r´esolution libre 2-p´eriodique 2.3.1 de M induit les suites courtes exactes

0 //Coker(ψ) //Rn //M //0 (2.3.7)

0 //Ker(ϕ) //Rn //Ker(ψ) //0 (2.3.8)

Il reste `a ´etablir que Ker(ψ) ∼= Coker(ψ). On a Coker(ψ) = Rn/Im(ψ) = Rn/Ker(ϕ). Or d’apr`es la deuxi`eme suite exacte 2.3.8, on a Ker(ψ) ∼= Rn/Ker(ϕ), d’o`u l’´egalit´e voulue. Par cons´equent, il suit de la premi`ere suite exacte 2.3.8 que syz1RM = Cok(ψ, ϕ).

Remarque 2.3.3 [Yos90] Soit M comme dans 2.3.3 et N ∈ CM(R) correspondant `a la matrice de factorisation (ϕ0, ψ0). Si h : N //syz1

R(M ) est un R-homomorphisme, alors

il existe un morphisme de factorisations de matrices (α, β) = γ(h) : (ϕ0, ψ0) //(ψ, ϕ)efini par cok(α, β) = h. On construit ainsi une nouvelle factorisation de matrice de f

(   ϕ β 0 ϕ0  ,   ψ −α 0 ψ0  )

Le morphisme γ(h) est donn´e par le diagramme commutatif 0 //Sn1 β  ϕ0 // Sn1 α  //N h  //0 0 //Sn2 ψ //Sn2 //syz1 R(M ) //0

Il est facile de v´erifier, utilisant la commutativit´e du diagramme 2.3.3, que 2.3.3 est bien une factorisation de matrice de f.

En notant L le R-module de Cohen-Macaulay correspondant `a la factorisation de matrices 2.3.3, on obtient la suite courte exacte 0 //M //L //N //0 . La classe de cette suite dans Ext1R(N, M ) est en fait l’image de h par l’application naturelle

ρ : HomR(N, syzR1M ) //Ext

1

R(N, M ) . Puisque ρ est surjectif, alors toute extension de

Chapitre 3

Sur les alg`ebres de bords d’une

surface marqu´ee avec ponctions

Les carquois avec potentiel associ´es `a une surface `a bords marqu´es (S, M ) ont ´et´e in- troduits et ´etudi´es par D. Labardini-Fragoso dans le cadre de la mutation. Dans sa th`ese, il montre, comme dans [DWZ08], que si σ et σ0 sont deux triangulations de (S, M ) re- li´ees par un flip, alors les carquois avec potentiels (Qσ, Wσ) et (Qσ0, Wσ0) sont reli´es par

une mutation qui respecte le flip. Dans la premi`ere section, nous pr´esentons ces notions et celle de l’alg`ebre jacobienne gel´ee associ´ee `a un carqois avec potentiel (Q, W ). Cer- taines alg`ebres jacobiennes gel´ees peuvent aussi ˆetre construites `a partir d’une surface de Riemann. Dans ce chapitre on s’int´eresse en particulier `a l’alg`ebre jacobienne gel´ee provenant d’une surface `a bords marqu´es avec ponction. Sa construction a ´ete introduite et ´etudi´ee par Demonet-Luo [DL16a] dans le cas d’un polygone r´egulier sans. Dans la deuxi`eme section, nous donnons d’abord une construction g´en´erale de celle-ci pour une surface de Riemann puis montrons que son alg`ebre de bords associ´ee ne d´epend pas du choix du carquois g´eom´etrique, voir th´eor`eme 3.2.1. Ce th´eor`eme est le r´esultat principal de cette th`ese. Ensuite, nous donnons aux th´eor`emes 3.2.3 et 3.2.5 une forme explicite des alg`ebres jacobiennes `a bords gel´es associ´ees au polygone sans et avec une ponction. L. D´emonet et X. Luo ont aussi d´etermin´e ces alg`ebres, voir th´eor`emes3.2.1 et 3.2.18, mais

nous proposons ici une autre version relativement plus simple et utilisant des techniques de calcules diff´erents. Enfin, nous g´en´eralisons ces r´esultats par r´ecurrence en d´eterminant au th´eor`eme 3.2.6 une forme g´en´erale explicite de celles-ci dans le cas d’un polygone `a p-ponctions quelconque (Pn+3,p).

3.1

Carquois avec potentiel

Les carquois avec potentiels sont l’oeuvre de Derksen, Weyman, et Zelevinsky. Ce type de carquois, initialement introduits dans [DWZ08], a ´et´e largement ´etudi´e dans le cadre de la mutation [Kel05]. Un ´el´ement potentiel d’un carquois Q est une combinaison lin´eaire de cycles de Q. Cette combinaison peut ˆetre finie ou infinie. Dans ce chapitre, comme dans [DWZ08], nous travaillons sur l’alg`ebre des chemins compl`ete.

Soit Q = (Q0, Q1, s, t) un carquois fini, connexe, et sans boucle avec Q0 = {1, 2, ..., n}. Consid´erons l’alg`ebre de chemins KhQi =L

i≥0KQi, o`u KQi est l’ensemble des chemins

de longueur i dans Q. `A KhQi on associe l’alg`ebre de chemins compl`ete, not´ee KhhQii,efinie, en tant que K-espace vectoriel, comme ´etant l’ensemble des combinaisons lin´eaires de chemins infinis possibles dans Q, c’est-`a-dire,

KhhQii =Y

i≥0

KQi;

dont la multiplication est induite par concat´enation des chemins . Notons que dans le cas o`u le carquois Q est acyclique, l’espace vectoriel KQi = {0} , pour i assez grand. Ainsi,

il suit que

KhhQii = KhQi, par cons´equent elle est de dimension finie.

Exemple 3.1.1 Dans le cas o`u Q est donn´e par le carquois 1

α 99 ,

l’alg`ebre KhQi est isomorphe `a l’alg`ebre des polynˆomes K[x] tandis que KhhQii est iso- morphe `a l’alg`ebre des s´eries formelles K[[x]].

Soit m l’id´eal bilat`ere de KhhQii engendr´e par l’ensemble des fl`eches d´efini par

m =Y

i≥1

KQi

dont une puissance est donn´ee par

mn=Y

i≥n

KQi.

Soit KhhQiicycl l’espace vectoriel engendr´e par les chemins cycliques de longueur l ≥ 2.

Les d´efinitions qui suivent sont l’œuvre de Derksen-Weyman-Zelevinsky dans [DWZ08].

efinition 3.1.1 Un potentiel W dans Q est un ´el´ement, peut-ˆetre infini, de KhhQiicycl.

La notion de potentiel est un outil permettant de d´ecrire les relations de certaines alg`ebres de chemins. Ces relations se calculent `a l’aide d’une d´erivation cyclique.

efinition 3.1.2 Soit α ∈ Q1. Une d´erivation cyclique par rapport `a α, not´ee ∂α, est

un morphisme K-lin´eaire KhhQiicycl //KhhQii qui, `a tout cycle α1α2. . . αl, associe

la somme

α(α1α2. . . αl) =

X

α=αi

αi+1. . . αlα1. . . αi−1

Les d´erivations cycliques ne d´ependent pas du choix des cycles autour d’un sommet. Dans W, chaque cycle peut ˆetre ´ecrit avec diff´erentes sources. Donc plusieurs poten- tiels peuvent avoir la mˆeme d´erivation cyclique. Pour les identifier, Derksen-Weyman- Zelevinsky ont consid´er´e les potentiels `a rotation pr`es.

D´efinition 3.1.3 Deux potentiels W et W0 sont cycliquement ´equivalents si le che- min W − W0 est d´ecrit par les termes de la forme a1...an−1an− a2...ana1..

efinition 3.1.4 Un carquois avec potentiel est un couple (Q, W) form´e d’un car- quois fini, connexe, et sans boucle et d’un potentiel W n’admettant pas de chemins cy- cliques cycliquement ´equivalents.

Un carquois avec potentiel est donc un carquois dans lequel les relations sont encod´ees dans un potentiel. Dans ce potentiel nous consid´erons tous les cycles simples ou minimaux, c’est-`a-dire chaque cycle passe par le mˆeme sommet exactement une fois.

efinition 3.1.5 Un carquois avec potentiel (Q, W) ou simplement un potentiel W est dit trivial s’il est homog`ene de degr´e 2, c’est-`a-dire, s’il est constitu´e uniquement de 2-cycles et est dit r´eduit s’il n’admet pas de 2-cycles.

Soit (Q, W) un carquois avec potentiel. Soit I l’id´eal engendr´e par les fl`eches de l’al- g`ebre de chemins kQ, on d´efinit l’id´eal Itriv engendr´e par les fl`eches apparues dans les

2-cycles du potentiel et Ired = I/Itriv et on note Qtriv un carquois dont les fl`eches en-

gendrent Itriv et Qred un carquois dont les fl`eches engendrent l’id´eal Ired. Soit k un somme

de Q. On suppose que k n’appartient `a aucun 2-cycle et que W n’admet pas de cycle com- men¸cant et terminant par k (sinon on le remplace par le potentiel cycliquement ´equivalent ne l’ayant pas)

efinition 3.1.6 La mutation de (Q, W) au sommet k est le nouveau carquois avec po- tentiel, not´e (Q, W) = ( ˜Qred, ˜Wred), obtenu `a partir de ( ˜Q, ˜W) comme suit.

1. Pour le carquois ˜Q :

- Pour tout chemin i α //k β //j de longueur 2 passant par k, on ajoute une nou- velle fl`eche not´ee i [αβ] //j ;

- On change le sens de toutes les fl`eches α incidentes `a k et on les note α∗. 2. Pour le potentiel ˜W :

- On substitue dans W tout facteur de chemin de longueur 2 de la forme i α //k β //j par la nouvelle fl`eche [αβ] et on note [W] ;

- Pour chaque nouvelle fl`eche [αβ], on ajoute un nouveau cycle not´e [αβ]αβ∗. Le potentiel ˜W s’´ecrit alors

˜

W = [W] + ∆k, où ∆k =

X

s(β)=t(α)=k

Exemple 3.1.2 Soit Q le carquois lin´eaire de type ˜A4 qui suit 1 a //2 b  4 d OO 3 c oo .

Soit W = abcd un potentiel de Q. On note que tous les sommets de Q sont admissibles `

a une mutation pour le carquois avec potentiel (Q, W), sauf le sommet 1. Ceci parce que le cycle du potentiel commence ou termine par 1. La mutation effectu´ee au sommet 3 correspond au carquois avec potentiel (Q, W) qui suit

1 a //2 [bc]  4 d OO c∗ //3 b∗ OO W = a[bc]d + [bc]cb

Toutefois, si on veut effectuer une mutation sur un tel sommet, par exemple ici le sommet 2 du carquois avec potentiel (Q, W), il faut remplacer W par un potentiel cycliquement ´

equivalent, soit W0 = a[bc]d + cb[bc]. On pose e = c, f = bet g = [bc]. La mutation au sommet 2 donne le carquois avec potentiel ( ˜Q0, ˜W0) d´efini comme suit

1 [ag]  2 a∗ oo f∗  4 d OO g∗ ?? e∗ //3 [ef ] oo ˜

Le carquois ˜Q0 est non r´eduit. Sa version r´eduite correspond au carquois 1oo a∗ 2 f∗  4 g∗ ?? 3 , o`u W0 = ˜W0 red = 0.

Les relations encod´ees dans W sont d´efinies par l’id´eal bilat`ere engendr´e par les d´eri- vations cycliques, not´e h∂aW i. Posons J (W ) = hh∂aW | a ∈ Q1ii sa clˆoture. Ces relations d´efinissent une alg`ebre dite alg`ebre jacobienne, not´ee P(Q, W).

D´efinition 3.1.7 [DWZ08] L’alg`ebre jacobienne de (Q, W) est le quotient de l’alg`ebre de chemins compl`ete sur (Q, W) par l’id´eal jacobien J (W ), c’est-`a-dire

P(Q, W) = KhhQii/J (W) .

Une g´en´eralisation de cette alg`ebre a ´et´e d´efinie par Buan-Iyama-Reiten-Smith en gelant une partie de celle-ci. Cette nouvelle alg`ebre, appel´ee alg`ebre jacobienne gel´ee, est d´efinie naturellement `a partir d’un carquois dit carquois `a potentiel gel´e.

D´efinition 3.1.8 [BIRS11] Un carquois `a potentiel gel´e est un triplet (Q, W, F ), o`u (Q, W) carquois avec potentiel et F est un sous-ensemble de Q0 dont les ´el´ements sont appel´es sommets gel´es. L’alg`ebre jacobienne gel´ee, not´ee Γ = P(Q, W, F ), est le quotient de l’alg`ebre de chemins compl`ete sur (Q, W, F ) par l’id´eal bilat`ere J (W, F ) :

P(Q, W, F ) = KhhQii/J (W, F ), o`u

3.2

Construction de l’alg`ebre Jacobienne gel´ee pro-

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