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Partie 2 : ÉTUDE D’UN CAS PRATIQUE D’UN ÉLEVAGE SUIVI PAR LE SERVICE DE

D. FACTEURS DE RISQUES DANS L’ELEVAGE

Le bâtiment peut être un facteur de risque de cétose subclinique si est susceptible de dégrader la quantité de ration ingérée. Il faut donc s’assurer qu’il y ait assez de place à l’auge (1place au cornadis par vache plus 10%) et de points d’eau (1 bac plus 3 bol pour 40 vaches) et que l’accès à l’alimentation ne présente pas d’obstacles ou de passages étroits pouvant exacerber les phénomènes de compétition. Dans cet élevage, le bâtiment ne semble pas être un facteur de risque important de cétose subclinique.

2. L’alimentation

Les animaux en production sont nourris avec une ration complète c'est-à-dire une ration unique pour tous les stades de lactation. Ce système est pratique mais la ration distribuée est équilibrée pour une production moyenne (ici 30L par jour), les vaches qui produisent plus seront sous-alimentées et celles qui produisent moins seront sur-alimentées.

Cette ration se compose de : 27kg d’ensilage de maïs, 19kg d’ensilage d’herbe, 3,8kg de tourteau (60% soja et 40% colza), 2kg de maïs grain, 0,7kg d’orge, 50g de sel et 250g d’un aliment minéral et vitaminé par vache et par jour. En 2016, l’ensilage d’herbe a été remplacé par 27kg d’ensilage de sorgho d’avril à septembre. L’élevage est suivi par un nutritionniste et les apports de la ration sont régulièrement recalculés par l’école vétérinaire dans les rapports de visite. L’analyse de cette ration (en annexe 14) montre qu’elle est équilibrée pour une production journalière de 30L de lait sur le plan énergétique et protéique mais souffre d’un excès de PDIN. Une partie des protéines de la ration n’est donc pas valorisée et cet excès de protéines peut induire une baisse de fertilité. Pour les hautes productrices, les apports énergétiques calculés sont insuffisants. Ceci est confirmé par les NEC trop faibles relevées en début de lactation pour ces animaux. Une complémentation individuelle des vaches fortes productrices avec des concentrés énergétiques restaurerait ce déficit mais cela relèverait d’un changement du mode de rationnement qui n’est pas envisageable au vue des contraintes de l’éleveur.

L’utilisation d’une ration complète entraîne une suralimentation des vaches en fin de lactation lorsqu’elles produisent moins de 30L/jour. Ainsi, les hautes productrices qui ont maigri en début de lactation peuvent reprendre de l’état et arriver au tarissement avec une NEC adéquate. Mais les faibles productrices ayant moins maigri en début de lactation prendront trop de poids en fin de lactation. Notre suivi révèle en effet la présence de vaches trop grasses pendant la période de tarissement (prévalence annuelle de 29% (31/108)). Hors la ration des vaches taries qui se compose de 25% de la ration des vaches en lactation, de 4kg de paille et de foin à volonté, est théoriquement équilibrée. Il y a donc une trop grande proportion de vaches qui terminent leurs lactations avec une NEC≥3.75.

Durant les 2 à 3 semaines précédant le vêlage, les vaches sont placées en box de vêlage et alimentées avec 50% à 75% de la ration des vaches en lactation. Cette transition alimentaire progressive est une très bonne mesure qui permet de couvrir les besoins croissant de la fin de gestation et d’habituer la flore ruminale à la future ration de production.

3. NEC des vaches taries et proportions de primipares

Le tableau 17 présente les répartitions des vaches grasses pendant le tarissement et des primipares selon qu’elles aient développées une cétose subclinique ou non. Dans cet élevage, les vaches maigres (NEC≤2) avant le vêlage sont rares, cela confirme la réussite d’une reprise d’état suite à la balance énergétique positive de la ration en fin de lactation. La proportion de vaches grasses au vêlage est plus importante parmi les vaches à cétose et les multipares semblent plus atteintes que les primipares.

Tableau 17:Proportions de primipares et de vaches avec une NEC trop élevée ou trop basse pendant la période de tarissement dans les groupes développant ou non une cétose subclinique

Vaches sans épisodes de cétose subclinique Vaches avec BHB≥1,2 mmol/L OU TB/TP≥1.5 Vaches sans épisodes de cétose subclinique Vaches avec BHB≥1,2 mmol/L NEC 16% (8/491) 40% (23/571) 13% (10/791) 48% (13/271) NEC ≤ 2 2% (1/491) 0% (0/571) 1% (1/791) 0% (0/271) Primipares 42% (28/67) 16% (10/64) 35% (33/94) 16% (5/37)

1 : Les nombres dans les dénominateurs ne correspondent pas au nombre total de vaches dans ces groupes car toutes n’ont pas une évaluation de la NEC pendant le tarissement (en effet seul un

échantillon des vaches taries reçoit une note de NEC à chaque visite)

Le tableau 18 montre que les vaches grasses au vêlage et les multipares ont plus de risque de développer une cétose subclinique par la suite. Ces considérations sont en accord avec les données de la littérature. Ces associations semblent fortes car même avec notre nombre limité d’animaux, nos résultats sont significatifs (p≤0,05). Les résultats sont similaires selon les deux critères utilisés de définition de la cétose subclinique. Malgré tout, une NEC≥3,75 pendant le tarissement ne peut pas servir de moyen de détection précoce de la cétose subclinique. En effet, cet indicateur ne présente qu’une sensibilité de 48% et une spécificité de 42% par rapport à un dosage de BHB≥1,2mmol/L. Cependant, l’évaluation de la NEC est un acte rapide ne nécessitant pas de consommables. Cela permet d’évaluer rapidement le risque de cétose dans un élevage lors d’une visite et d’aller voir les conditions de vie des vaches taries qui sont souvent moins bien suivies que celles en lactation.

Tableau 18:Odds ratio de dévelloper une cétose subclinique selon les critères BHB≥1.2mmol/L et BHB≥1.2mmol/L ou TB/TP≥1.5 en fonction de la NEC au tarissement et de la parité

NEC≤3.75 NEC ≥3.75 Odds

ratio p-value Primipares Multipares

Odds ratio p-value Vaches avec BHB≥1.2 mmol/L OU TB/TP≥1.5 46% (34/74) 74% (23/31) 2.5 0.05 26% (10/38) 58% (54/93) 3.9 0.001 Vaches avec BHB≥1.2 mmol/L 19% (14/74) 42% (13/31) 3.1 0.02 13% (5/38) 34% (32/93) 3.5 0.02

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