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Partie 1 : LA CÉTOSE SUBLCLINIQUE EN ÉLEVAGE BOVIN LAITIER : SYNTHÈSE

E- LES MOYENS DE DETECTION DE LA CETOSE SUBCLINIQUE

6. Autres marqueurs de déséquilibre énergétique

6.1 Mesure du citrate dans le lait

Le citrate est un composant faisant partie du cycle de Krebs, il joue donc un rôle clèfs dans le métabolisme énergétique (Duffield, 2000). Pourtant, Bjerre-Harpøth et al. (2012) ont observé que le citrate était un marqueur dont la concentration dans le lait augmente précocement et fortement lors d’un déficit énergétique. Il augmente de 58% après 48h ce qui est supérieur à l’augmentation des BHB. De plus, la détection de ce paramètre dans le lait est beaucoup plus simple et précise que celle des autres corps cétoniques. En effet, les concentrations moyenne de citrate dans le lait chez les vaches en post-partum est de l’ordre de 9 mmol/L ce qui est 90 et 45 fois plus que l’acétone et le BHB respectivement. La spectrophotométrie infrarouge est alors très bien corrélée aux méthodes chimiques (r=0,9) ce qui n’est pas le cas de l’acétone et du BHB (r=0,7) (Grelet et al., 2016). La mesure du citrate est donc extrêmement prometteuse pour détecter les états de déficit énergétiques à moindre coût et à grande échelle. Il faudra toutefois plus d’études pour déterminer un seuil d’alerte bien corrélé à l’état de cétose subclinique.

6.2 Rôle du FGF-21

Le Fibribroblast Growth Factor 21 est une hormone exprimée dans le foie lors de déficit énergétique, il stimule la néoglucogénèse, l’oxydation des acides gras et la cétogénèse. Ses concentrations sanguines varient physiologiquement autour du part : une augmentation est observé 3 jours avant le part avec un pic au vêlage, puis un niveau stable pendant les 3 premières semaines de lactation puis redescend à des niveau plus bas (cf. annexe 12) (Schoenberg et al., 2011). Expérimentalement, une balance énergétique négative entraine 4 jours plus tard une augmentation du FGF-21 et une suralimentation diminue sa concentration (Chuang et al., 2015). De plus, il existe une corrélation assez forte (r=0,72) entre le FGF-21 et le BHB et Chuang et al. (2016) proposent qu’un seuil de 300,85 pg/mL correspondrait à des valeurs de BHB≥1,2 mmol/L. Cependant, plus d’études sont nécessaire pour préciser cette corrélation et le test actuel utilise une technique ELISA ne pouvant pas remplacer les mesures de BHB. L’enjeu de l’étude de ce marqueur se situe plutôt du côté de l’étude fondamentale du lien entre cétose et balance énergétique négative.

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6.3 Diminution de la rumination

Une diminution de la rumination de l’ordre de 45 minutes à 1 heure par jour pendant la semaine précédant le part et dans les deux semaines qui le suivent a été associée à un plus grand risque de d’hypercétonémie (Kaufman et al., 2016, Soriani et al., 2012). Ces informations sur la rumination peuvent être enregistrée automatiquement via des colliers équipés de microphone. Cependant, seule une relation entre baisse de rumination et des concentrations élevées en BHB a été montrée et les auteurs n’ont pas pu établir de seuil correctement corrélé à un état de subcétose ou non. Cet indicateur est donc prometteur mais nécessite plus d’études pour pouvoir être utilisé en pratique.

6.4 Temps passé debout

Itle et al. (2015) ont observé rétrospectivement un temps passé debout pendant la dernière semaine de gestation plus long pour les vaches ayant par la suite développé une hypercétonémie. Ces auteurs supposent que cette différence est due à des phénomènes de compétition à l’auge dans lesquels certaines vaches passerait plus de temps debout à attendre d’avoir accès à l’alimentation. Cependant, dans cette étude, la densité de vaches était inférieure aux recommandations et la quantité de matière ingérée par chaque vache n’a pas été mesurée. Dans une étude plus récente, Rodriguez-Jimenez et al. (2018), ont observé qu’au contraire les vaches développant une cétose subclinique passent rétrospectivement moins de temps debout que les autres pendant les semaines précédant et suivant le part. Ils ont aussi observé que ces vaches ingéraient significativement moins de ration. Leur hypothèse est que les vaches à risque de cétose sont au contraire celles qui passent plus de temps couchées et qui s’alimentent moins. Dans ces deux études les conditions de vie des vaches n’étaient pas les mêmes (stabulation libre pour Itle et al., 2015 et stabulation libre puis entravée après le part pour Rodriguez-Jimenez et al., 2018) et il est alors difficile au vue de leurs hypothèses explicatives de conclure sur un lien entre le temps passé debout et la cétose extrapolable à l’ensemble des élevages. De plus, ce temps passé debout dépend beaucoup du bâtiment (qualité du couchage, difficulté d’accès à l’auge, nombre de place à l’auge, cul-de-sac exacerbant les phénomènes de dominance…) et de suivi des boiteries par l’éleveur. Ainsi, malgré le fait que ce paramètre soit facilement mesurable car il est déjà utilisé pour relever l’augmentation d’activité au moment des chaleurs, les quelques études sur le sujet ne sont pas concordantes et le temps passé debout semble dépendre d’autres facteurs environnementaux propre à chaque exploitation ce qui le rend peu utilisable en pratique pour l’instant.

La seconde partie de cette thèse concerne l’étude d’un protocole de détection des cétoses subcliniques réalisé lors des visites de suivi de reproduction par l’école vétérinaire de Toulouse. Ce protocole ajoute à un suivi de reproduction classique un examen des vaches entre 20 et 50 jours post-partum comprenant notamment un dosage de BHB. L’objectif de cette partie sera de confronter les données de la littérature avec un cas particulier où les moyens de détection sont limités. Cette situation est proche de celle du vétérinaire praticien.

Partie 2 : ÉTUDE D’UN CAS PRATIQUE D’UN ÉLEVAGE