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Un ensemble de données de la littérature rapporte que le développement de la MA semble influencée par des facteurs tant génétiques qu’environnementaux (Daviglus et coll., 2011 ; revue dans Berr et coll., 2009 et dans Barberger-Gateau et coll., 2013).

La forme familiale repose uniquement sur des facteurs génétiques. Elle se caractérise par une transmission autosomique dominante. Trois gènes ont été identifiés : le gène codant la protéine APP (présent sur le chromosome 21) et les gènes codant pour les présénilines 1 et 2 (respectivement présents sur les chromosomes 14 et 1) (Wu et coll., 2012).

Concernant les formes sporadiques, l’origine est plus complexe. L’âge demeure le principal facteur de risque de la maladie (Evans et coll., 1989; Kukull and Bowen 2002) avec une incidence qui double par tranche d’âge de 5 ans à partir de 65 ans (Letenneur et coll., 1994 ; étude PAQUID 2003). Les femmes ont également un risque plus élevé que les hommes de développer la maladie particulièrement après l’âge de 80 ans (Dartigues et coll., 2002). Cette différence sexuelle pourrait s’expliquer par des différences génétiques et hormonales notamment liées à la baisse du niveau d’œstrogènes avec l’âge chez la femme ou simplement par la différence de longévité entre hommes et femmes (Yaffe et coll., 1998).

Le gène de l’apolipoprotéine E (ApoE), protéine de transport des lipides, apparaît être un gêne de susceptibilité de la MA clairement défini. Il est exprimé chez l’homme sous trois isoformes codés par trois allèles, ApoE-ɛ2, ɛ3, et ɛ4. L’allèle ApoE-ɛ4 est associé à un risque accru de développer la MA avec un risque 2 à 3 fois plus élevé si un seul allèle est présent. Ce risque est 5 fois plus élevé si l’individu présente deux copies de l’allèle (Kuusisto et coll., 1994 ; Liu et coll., 2013). En revanche, être porteur d’un ou deux allèles ɛ2 du gène de l’ApoE va réduire le risque de développer la MA de plus de la moitié (Conejero-Goldberg et coll., 2014)

D’autres travaux de la littérature laissent également supposer qu’il existe une association entre un niveau bas d’éducation et un risque accru de la MA (Letenneur et coll., 1999). Acquérir un haut niveau d’éducation pourrait différer la dégradation des capacités intellectuelles en permettant des phénomènes de compensation mnésique lors du développement des symptômes habituels de la maladie. Fabrigoule (2002) a aussi montré que la pratique d’activités comme le jardinage, les voyages, le bricolage est également associée à un risque moindre de MA et de démence en général. En effet, la nécessité de planifier les tâches pourrait constituer un entraînement et permettre au sujet de maintenir ses capacités et de retarder l’apparition de la démence. Ces données rejoignent celles qui ont mis en évidence que la pratique de la marche ou du sport pourrait être associée à un risque moindre de

développer une démence (Abbott et coll., 2004 ; Podewils et coll., 2005 ; Belarbi et coll., 2011). Dans ce contexte, l’existence de liens entre risque de démence ou MA et statut matrimonial ou réseau social ont été mis en évidence (Helmer et coll., 1999). Les sujets célibataires ou vivants seuls ont un risque double de développer une démence, comparés à ceux qui vivent en couple, et un faible réseau social accroît également le risque de démence de 60 % (Helmer et coll., 1999 ; Fratiglioni et coll., 2000). La stimulation cognitive, au sein du couple ou d’un réseau social plus développé, protègerait, ou retarderait la phase clinique de la démence.

Une étude réalisée par l’équipe de Roriz-Cruz et coll. (2007) présentée lors de la conférence internationale sur la MA (Chicago 2008) montre que les personnes atteintes du syndrome métabolique (obésité abdominale, hypertension artérielle, hyperglycémie et haut niveau de triglycérides) ont aussi un risque augmenté de 35% de développer une démence. Les patients ayant des antécédents de pathologies cardiovasculaires ont également une plus forte probabilité de développer une démence de type Alzheimer (Pendlebury et Rothwell, 2009). Le traitement de l’hypertension artérielle pourrait entraîner une réduction importante de l’incidence de la maladie (Forette et coll., 1998; Forette et coll., 2002; Tzourio, 2007). Une forte corrélation entre l’indice de masse corporelle (IMC) et le risque de développer la MA a été mise en évidence : l’obésité ou l’anorexie s’accompagnent d’un risque plus important de MA (Stewart et coll., 2005 ; Grundman et coll., 1996). Le diabète majorerait d’un facteur proche de 2 le risque de survenue de la maladie (Leibson et coll., 1997 ; Knopman et coll., 2001; Xu et coll., 2004 ; Leboucher et coll., 2013; Papon et coll., 2013). Des données épidémiologiques actuelles sont aussi en faveur d’un rôle protecteur de certains nutriments dans la prévention du déclin cognitif (Luchsinger et Mayeux, 2004). Des études ont montré que des apports élevés en vitamine C, vitamine E, flavonoïdes, acides gras polyinsaturés (consommation de poissons de la série n-3) ; des concentrations élevées de vitamine B12 et folates ; et de faibles apports en graisses totales sont associés à une diminution du risque de MA ou de déclin cognitif (Engelhart et coll., 2002; Morris et coll., 2002). Une consommation modérée de vin pourrait également avoir un effet neuroprotecteur sur la survenue d’une démence ou de la MA (Orgogozo et coll., 1997). Le rôle antioxydant de certains composants du vin, notamment les polyphénols (Singh et coll., 2008) comme le resveratrol protégerait de la MA (Barberger-Gateau et coll., 2002; Luchsinger et coll., 2004; Wang et coll., 2006). Récemment, l’effet bénéfique de la caféine a été rapporté (Laurent et coll., 2014).

Enfin des données récentes de la littérature, tant épidémiologiques que chez l’animal, suggèrent que des dysfonctionnements hormonaux pourraient être impliqués dans l’étiologie de la MA. Les travaux de Tan et coll. (2008) ont montré que des taux bas ou élevés de TSH (Thyroid Stimulating Hormone), caractéristiques d’un dysfonctionnement thyroïdien, étaient associés à un risque accru de développer la MA. Un état d’hypothyroïdie a été décrit chez les patients atteints de MA par bon nombre d’auteurs (Yoshimasu et coll., 1991; Ganguli et coll., 1996; van Boxtel et coll., 2004 ; Sampaolo et coll., 2005 ; Tan et coll., 2009 ; Johansson et coll., 2013).

Un état d’hypothyroïdie sévère ou subclinique, dont la prévalence augmente avec l’âge, a été caractérisé chez certains patients atteints de MA. Aujourd’hui, plusieurs auteurs s’accordent à penser qu’un dysfonctionnement thyroïdien pourrait être un des facteurs de risque de la MA.