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Facteurs ergonomiques et professionnels associés à la lombalgie 174 

L’hypothèse de départ était que plusieurs facteurs ergonomiques et professionnels soient associés à la lombalgie chez les policiers. Toutefois, le modèle biopsychosocial de la présente étude révèle une association positive entre une seule variable ergonomique et la prévalence de la lombalgie (aigüe/subaigüe et chronique), c’est la plus grande fréquence de l’inconfort au bas du dos lorsque le policier est assis comme conducteur dans l’autopatrouille. À cause de la nature transversale de l’étude, il n’est pas possible de trancher sur l’ordre chronologique de la survenue des deux évènements (inconfort au bas du dos vs lombalgie). Cette étude constitue alors une première investigation qui devrait être suivie par d’autres études longitudinales pour confirmer les hypothèses en lien avec la chronologie de ces évènements. Peu importe l’ordre de la survenue de ces deux évènements (inconfort vs lombalgie), il est important pour les organisations policières d’accorder une attention particulière au confort des composantes de l’habitacle de l’autopatrouille et celui des équipements personnels. En effet, la comparaison de la fréquence de présence d’inconfort quant à certaines variables ergonomiques qui n’ont pas pu être intégrées dans le modèle multivarié (certaines composantes de l’autopatrouille et équipements personnels sont non

Rappel des principaux résultats

Facteurs ergonomiques/professionnels associés à la lombalgie En ajustant pour de potentiels facteurs confondants tel que l’âge :

 Un inconfort plus fréquent au bas du dos lorsque le policier est assis dans l’autopatrouille comme conducteur était associé à une prévalence plus élevée de lombalgie aigüe/subaigüe et de lombalgie chronique

 Une plus grande ancienneté dans les forces de police était associée à une prévalence plus élevée de lombalgie chronique

 Une fréquence plus élevée d’intervention post-traumatique était associée à une prévalence plus faible de lombalgie aigüe/subaigüe

Un inconfort des composantes de l’habitacle de l’autopatrouille et des équipements personnels était rapporté plus fréquemment par les policiers souffrant de lombalgie chronique (vs. Policiers sans lombalgie ou avec lombalgie aigüe/ subaigüe)

mesurables chez certains policiers) a montré une présence d’inconfort plus fréquente parmi les policiers rapportant une lombalgie lorsqu’ils sont comparés à ceux qui n’en rapportent pas. De même, une plus grande proportion de policiers souffrant de lombalgie chronique ont rapporté des inconforts quant à ces composantes ergonomiques comparés à ceux qui rapportaient une lombalgie aigüe/subaigüe. Ces écarts de fréquence d’inconfort entre les différents groupes sont significatifs sur le plan statistique et sont également cliniquement importants.

Les résultats de cette étude ont montré qu’en ajustant pour l’âge et autres variables confondantes, les policiers les plus anciens étaient plus enclins à avoir une lombalgie chronique. Ceci indiquerait que le temps d’exposition plus long aux facteurs de risque de la lombalgie, indépendemment de l’âge serait impliqué dans la chronicisation des symptômes douloureux. Ce résultat souligne la pertinence d’accorder la priorité aux interventions à visée préventive dès que les policiers entrent en fonction.

Même si la présence de la douleur chronique dans d’autres régions que le dos ne faisait pas partie des variables d’intérêt de cette étude, il est pertinent de souligner que cette variable était associée positivement à la présence de la lombalgie chronique. Il est, donc important pour les organisations de prendre cet élément en considération lorsque vient le moment de définir les priorités d’accès aux programmes de prévention de la lombalgie chronique.

On se questionne sur le possible lien entre l’intervention psychologique et la présence de lombalgie. En effet, une association statistique entre le fait de rapporter plus fréquemment des interventions psychologiques suite à un choc post-traumatique et un risque diminué de rapporter une lombalgie aigüe/subaigüe a été trouvée. La revue systématique de Marin et al. (2017) rapporte l’effet positif de la prise en charge biopsychosociale de la lombalgie subaigüe sur l’amélioration des symptômes douloureux et la réduction du temps d’incapacité et d’arrêt de travail (Marin et al., 2017). D’un autre côté, la revue systématique de Zihem et al. (2017) conclut au manque de preuves pour soutenir ou réfuter l’effet positif de la prise en charge psychologique

pour améliorer les symptômes de douleur aigüe (Ziehm et al., 2017). Lumeley et al. (2008) ont quant à eux rapporté que le traitement psychologique visant le syndrome du choc post-traumatique n’avait pas d’effet sur l’amélioration des symptômes de douleur chronique. Ils l’avaient expliqué comme suit : l’intervention psychologique ayant un objectif autre que celui de prendre en charge la douleur chronique n’aurait pas d’effet sur cette dernière (Lumeley et al., 2008).

L’association trouvée est donc difficilement explicable, car la nature exacte de « l’intervention psychologique » reçue est inconnue. De plus, la nature transversale de l’étude ne permet pas de capturer toute l’information sur la chronologie des deux évènements (lombalgie vs intervention suite à un choc post-traumatique) (Rothman et al., 2008) ou même l’espacement entre les deux. Ceci empêche la confirmation d’un effet positif de ladite intervention sur la prévention de la survenue de la lombalgie. Aussi, n’étant pas l’une des variables principales de l’étude, la qualité et la précision de la mesure quant au fait d’avoir reçu une intervention psychologique suite à un choc post-traumatique est limitée. Globalement, de futures études longitudinales prévues spécifiquement à cette fin sont recommandées.

4.6 Association de la lombalgie avec la qualité de psychologique des policiers du