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Facteurs contrôlés pouvant influencer le comportement alimentaire dans nos études

CHAPITRE 2. Matériels et méthodes

3. Facteurs contrôlés pouvant influencer le comportement alimentaire dans nos études

Bien conscients que de très nombreux facteurs pouvaient influencer le comportement alimentaire, nous avons cherché à contrôler leurs effets lors des études présentées aux

chapitres 3 à 5. Cette partie met en évidence les choix réalisés dans le contrôle de ces

facteurs. Parité

Dans le cadre de nos expérimentations sur des chèvres adultes, plutôt que l’âge en termes de semaines, la parité est un facteur plus important à prendre en compte. Dans l’expérimentation sur les préférences alimentaires (chapitre 3), les chèvres étaient toutes nullipares. Ce paramètre n’a donc pas été pris en compte dans les analyses. Dans les expérimentations sur le phénotypage du comportement alimentaire des adultes (chapitres

4 et 5), au sein de chaque cohorte les individus étaient de même parité : primipares pour les

chèvres des périodes 1 et 3, et multipares pour les chèvres de la période 2. Dans le chapitre

4, des comparaisons entre les cohortes ont été réalisées pour étudier les effets des stades

physiologiques et de lactation. Dans ce cadre, la parité était corrélée aux stades physiologiques, qui était alors inclus dans les modèles d’analyse.

Poids vif

Le poids vif, bien que corrélé d’une certaine façon à l’âge, a été pris en compte lors de l’organisation des groupes de quatre individus (chapitres 4 et 5), notamment afin de limiter une certaine forme de compétition (Shinde et al., 2004). Ainsi, la variabilité intra- groupe a été minimisée afin d’avoir, dans un groupe de quatre, des individus de poids vif similaires, et ensuite, dans la mesure du possible, la variabilité inter-groupes d’une même cohorte a aussi été minimisée. Le poids vif a également été pris en compte en co-variable dans tous les modèles statistiques afin de pondérer les quantités ingérées.

Race

Lors des tests de préférences alimentaires (chapitre 3), uniquement des chèvres croisées Saanen ont été utilisées. En revanche, lors des caractérisations du comportement alimentaire, des chèvres de race alpine et de race Saanen ont été utilisées afin de correspondre au standard des élevages caprins français. Afin d’éviter un effet race au sein d’un groupe, les groupes de chaque cohorte ont été équilibrés pour avoir une à deux Saanen par groupe. Des comparaisons entre races ont ainsi pu être réalisées.

Aliment

Au sein de chaque expérimentation des chapitres 4 et 5, les mêmes rations ont été utilisées pour tous les individus et leur stabilité tout au long d’une expérimentation était vérifiée en réalisant des analyses chimiques. De telles analyses ont aussi été réalisées sur les feuilles et l’herbe fraiche utilisées dans l’expérimentation du chapitre 3. Leur accès ad libitum a été contrôlé en s’assurant que chaque individu avait une ration assez conséquente pour laisser 10 % de refus minimum avant chaque nouvelle distribution d’aliment.

Photopériode

L’effet éventuel de la photopériode a été pris en compte en réalisant les tests de préférence durant la journée, sur une même plage horaire, et lors de la caractérisation du comportement alimentaire les activités de la chèvrerie ont été maintenues aux mêmes plages horaires, weekends inclus. Les expérimentations ont de plus été réalisées à des périodes de l’année où aucun problème de température ne pouvait se poser.

Adaptation

Le dispositif utilisé dans le chapitre 3 a été développé spécialement pour cette étude. Il se basait sur celui utilisé par Neave et al. (2018b) dans une étude précédente. Les deux expérimentations se sont déroulées sur un total de six semaines, les deux premières consistant en huit jours d’adaptation au dispositif. Le but était que les chèvres comprennent que des aliments étaient présentés dans les mangeoires, comment accéder aux mangeoires (notamment celle en hauteur où il fallait mettre les deux pattes avant sur la marche pour

atteindre les aliments), comprendre que lorsque les 10 minutes de test étaient écoulées une porte s’ouvrait et qu’elles devaient sortir du dispositif (les mangeoires étaient également fermées de l’extérieur grâce à des portes coulissantes), et afin que cet environnement leur soit familier pour réduire le stress inhérent à l’introduction des animaux dans un nouvel environnement (Miranda-de la Lama et al., 2012). Entre la première et la deuxième expérimentation, deux jours d’adaptation ont été nécessaires car la marche était remplacée par une plateforme.

Le dispositif utilisé dans les chapitres 4 et 5 a aussi été développé récemment, à l’UMR MoSAR, et a été amélioré tout au long de la thèse. En effet, dans de précédentes études réalisées à l’UMR, le comportement alimentaire était mesuré chez des individus isolés dans des cases individuelles de petite taille (1,20 m x 0,70 m) qui ne répondaient plus, en termes de surface disponible, à la directive européenne sur l’expérimentation animale (Directive 2010/63/UE du Parlement Européen et du Conseil, 2010). Ainsi, ce nouveau dispositif permettant de mesurer le comportement alimentaire pour des individus en groupe a été développé et installé à la chèvrerie de Grignon (France) en 2017. L’étude pilote que nous avons organisée au tout début de ma thèse (fin 2017) était alors la première utilisation du dispositif. Cette étude pilote a permis de développer notamment une procédure d’adaptation des chèvres à ce dispositif à laquelle j’ai pu contribuer (annexe 3). L’adaptation des chèvres avec intervention humaine se déroulait sur deux jours. L’objectif était d’attirer, à l’aide d’un aliment appétent (ici une poignée de concentré), les chèvres à la station alimentaire qui leur était désignée. Elles devaient ainsi apprendre leur emplacement, mais aussi apprendre à attendre le bruit inhérent à la reconnaissance RFID et au déblocage du cornadis afin de pouvoir l’ouvrir et avoir accès au concentré et à la ration. Il a été constaté que les chèvres apprenaient très vite où se situait leur place et comment ouvrir le cornadis sans le bloquer, d’autant plus quand elles étaient en groupes de seulement quatre individus. Il a aussi été observé que les chèvres qui connaissaient déjà le dispositif se réadaptaient très vite, même après plusieurs mois sans avoir été en expérimentation. Elles montraient ainsi moins de difficultés à ouvrir leur cornadis ou à retrouver leur place.

Comportement social

Dans le dispositif des chapitres 4 et 5, les chèvres étant hébergées en groupes de quatre individus, il a aussi fallu prendre en compte le comportement social des animaux, et surtout les risques de compétition pour l’alimentation. Hors expérimentation, les chèvres sont hébergées en groupe de 30 à 35 individus et les allotements sont évolutifs au cours de l’année avec un regroupement en fonction du stade de lactation avant et après la mise-bas, en fonction du niveau de production pendant la lactation et en fonction du type de reproduction (insémination artificielle ou saillie) lors de la reproduction. Étant donné qu’une seule cohorte a été utilisée par expérimentation et que la variabilité intra-groupe en ce qui concerne les niveaux de production a été minimisée, les chèvres d’un même groupe de quatre étaient pour la plupart déjà familières les unes aux autres. Une autre façon de limiter la compétition a été d’attribuer une seule et unique station d’alimentation à une seule chèvre. Ainsi, avec un accès ad libitum à l’aliment de sa mangeoire, une chèvre donnée pouvait être moins tentée de réaliser un vol dans une autre mangeoire. De plus, notre système permettait que, lorsqu’une chèvre était identifiée à la bonne station d’alimentation, elle disposait de deux secondes pour abaisser son cornadis et avoir accès à l’aliment avant que celui-ci ne soit de nouveau bloqué. Ce laps de temps de deux secondes devait permettre d’éviter qu’une « mauvaise chèvre » ne profite de l’identification de la « bonne chèvre » à la station d’alimentation pour réaliser un vol d’aliment. Un ajustement à 1,5 secondes a été appliqué dans les expérimentations ultérieures.

En parallèle de ces restrictions d’accès, des bat-flancs étaient positionnés entre chaque station d’alimentation. L’étude pilote réalisée a néanmoins permis de mettre en évidence que la taille des bat-flancs utilisés, 42,5 cm de haut pour 34,5 cm de large, ne permettait pas totalement d’éviter les vols d’une chèvre dans la mangeoire d’une autre. Nous avons donc pris la décision de remplacer ces bat-flancs par de nouveaux, plus longs, mesurant 60 cm au point le plus haut sur 60 cm de long. Ces nouveaux bat-flancs, qui ont été utilisés dans les études présentées dans ce manuscrit, obligeaient la chèvre à reculer davantage lorsque la « voleuse » tentait de prendre sa place et laissaient ainsi le temps au cornadis de se verrouiller. Aucun vol n’a alors été constaté.

Santé

Enfin, un dernier facteur a été particulièrement surveillé : la santé des animaux. En effet, l’ingestion journalière étant un bon indicateur de l’état des animaux, elle a été suivie tout au long des expérimentations. Si une baisse importante était constatée, en plus de l’observation directe des chèvres, des enregistrements vidéo nous permettaient de contrôler leur comportement et de vérifier si cette différence d’ingestion était liée à un problème du dispositif (par exemple un cornadis qui se bloque en position fermée), ou à un problème au niveau de l’individu.

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