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CHAPITRE 2 OPTIMISATION DE LA MÉTHODOLOGIE D’ÉVALUATION DE LA

2.2 Définition et développement de paramètres et facteurs de performance technique pour

2.2.9 Facteur des bris hors-profil (FBHP)

De manière analogue au FBSP, il doit exister un facteur qui rende compte des bris hors- profil, d’autant plus que ceux-ci, comme discuté préalablement dans cette thèse, risquent de se voir mal interprétés par une utilisation fautive des autres paramètres de performance technique des chantiers d’abattage, notamment lorsque le pourcentage de dilution opéra- tionnelle est considéré comme étant le seul facteur déterminant l’ampleur des effondrements qui ont dépassé les limites planifiées du chantier. Il a été démontré que cette façon de procéder est incomplète, car les possibilités pendant l’exploitation d’un chantier d’abattage sont plus vastes et il faut tenir compte de la minéralisation opérationnelle hors- profil. L’équation présentée ci-après reflète cette réalité et permet de définir le facteur des bris hors-profil (FBHP) :

FBHP =Ri− PRr+ BHPr

i− Pr =

Ri− Pr+ Dr+ Mor

Ri− Pr

Étant donné que l’un des aspects à surveiller pour les mines exploitant ou visant des hori- zons en profondeur est celui de la redistribution des contraintes suite à la réalisation des excavations nécessaires pour le déroulement du minage et de la séquence tels que prévus, il s’avère que le FBHP est un outil pour en faire un suivi adéquat et, de ce fait, ne pas négliger la dimension effective des excavations qui pourraient augmenter les risques que des événements sismiques ou des instabilités majeures se produisent.

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Par ailleurs, le lecteur doit remarquer que, suite à l’interprétation des résultats du CMS, le FBHP et le FBSP permettent de calculer le tout-venant à partir de la réserve minérale à l’intérieur du chantier et, ainsi, d’avoir une autre façon de vérifier et contrôler la performance technique des chantiers d’abattage, surtout à l’étape de réconciliation. En effet, à partir des équations définies précédemment, il est possible de constater la relation suivante :

Ri∗ FBSP ∗ FBHP = Ri∗RiR− Pr

i ∗

Ri− Pr+ Dr+ Mor

Ri− Pr = Ri− Pr+ Dr+ Mor= TV

De nouveau, les scénarios présentés au Tableau 2.2 sont ci-après repris pour illustrer quan- titativement les avantages de l’utilisation des tous les facteurs de performance technique des chantiers d’abattage définis au long de ce chapitre ainsi que la façon dans laquelle ceux-ci doivent être interprétés (Tableau 2.3).

Tableau 2.3 Exemple d’application des facteurs de performance technique des chantiers d’abattage (planification, réalisation et performance)

Scénario Niveau/Paramètre 1 2 3 4 5 6 Ri (t) 15000 15000 15000 15000 15000 15000 Planification Pe (t) 0 750 750 750 750 750 De (t) 0 3000 3000 750 3000 3000 Moe (t) 0 0 1500 0 750 500 Réalisation Pr (t) 1050 750 900 500 450 700 Dr (t) 3000 3000 3500 800 2500 2450 Mor (t) 0 0 1650 1000 800 400 Autres

118 Mpe (t) 15000 14250 15750 14250 15000 14750 Me (t) 13950 14250 15750 15500 15350 14700 TV (t) 16950 17250 19250 16300 17850 17150 Facteurs PDO 21,5% 21,1% 22,2% 5,2% 16,3% 16,7% PPO 7,0% 5,0% 6,0% 3,3% 3,0% 4,7% PMO 0,0% 0,0% 11,7% 6,9% 5,5% 2,8% FEEM 0,93 1,00 1,00 1,09 1,02 1,00 FEDO 1,22 1,00 1,03 1,003 0,97 0,96 FEDO (De=0) 1,22 1,21 1,22 1,05 1,16 1,17 FVR 1,13 1,00 1,03 1,09 0,99 0,97 FBSP 0,93 0,95 0,94 0,97 0,97 0,95 FBHP 1,22 1,21 1,37 1,12 1,23 1,20 Validation Ri x FBSP x FBHP 16950 17250 19250 16300 17850 17150

Du Tableau 2.3, il convient de faire remarquer que, comme le montrent les scénarios 4 et 5, si le minéral supplémentaire dû à la minéralisation opérationnelle hors-profil dépasse l’écart des pertes opérationnelles, le FEEM est supérieur à 1. Cela veut dire que les effon- drements au niveau du minerai des chantiers adjacents et/ou du minéral des zones minéralisées des épontes, malgré les pertes subies dans le chantier d’abattage, produisent un tonnage de minéral extrait excédentaire par rapport au tonnage planifié pour le chantier en question.

Aussi faut-il porter une attention particulière lorsque la variation opérationnelle de minéral est nulle et qu’il y a de la minéralisation opérationnelle hors-profil (scénario 3). Une telle situation fait en sorte que le FEEM soit égal à 1, en indiquant que le tonnage de minéral extrait correspond à 100% de l’estimation faite. Bien que cela soit vrai, le résultat pourrait

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induire à l’erreur en révélant une performance technique optimale de l’opération, alors qu’il y a eu un écart au niveau des pertes opérationnelles qui a été compensé par ladite minéra- lisation opérationnelle hors-profil. C’est d’ailleurs l’une des problématiques que les définitions précédentes, concernant l’évaluation de la performance technique, ne couvraient pas.

En effet, comparons les scénarios 1 et 2. Tandis que le premier scénario, sans effondre- ments minéralisés, présente un PPO de 7% et que son FEEM est de 93%, on pourrait être porté à croire que, dans le deuxième scénario, si le PPO est égal à 5%, que le FEEM devrait correspondre à 95%, ce qui n’est pas le cas. Par ailleurs, il est possible de constater les différences au niveau du FEDO impliquant la dilution opérationnelle comparée ou effective. Ainsi, alors que le FEDO est égal à l’unité pour le scénario 2, le FEDO(De=0) est de 1,21 pour

le même scénario. De fait, si l’on considère les estimations réalisées au niveau de la plani- fication dans le scénario en question, elles concordent parfaitement avec les résultats de la réalisation minière ; il n’y a donc pas eu d’écart de dilution opérationnelle, tandis que, effec- tivement, il y a eu une dilution opérationnelle réalisée.

Les scénarios 5 et 6 permettent de constater, à leur tour, des situations où le FEDO se voit inférieur à l’unité suite à une surestimation de la dilution opérationnelle. Ils permettent éga- lement de réaliser l’effet de la variation opérationnelle de minéral et de l’écart de dilution opérationnelle sur les estimations faites concernant la réserve minérale, représenté par le FVR. Pour arriver à des conclusions plus réalistes sur la vraie performance technique des

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chantiers d’abattage, il faut donc accompagner les trois nouveaux paramètres de perfor- mance définis auparavant — à savoir l’écart des pertes opérationnelles, l’écart de dilution opérationnelle et l’écart de minéralisation opérationnelle hors-profil —, ainsi que la variation opérationnelle de minéral, de tous les facteurs introduits dans ce chapitre comme étant un ensemble.

2.3 Conclusions

Afin de répondre aux limitations et en tenant compte des lacunes de connaissances concer- nant la méthodologie actuelle d’évaluation de la performance technique des chantiers d’abattage, telles qu’énoncées dans le chapitre précédent, une méthodologie d’évaluation améliorée a été développée.

Premièrement, un nouveau concept, celui de la minéralisation opérationnelle hors-profil, a été introduit pour bien considérer toutes les possibilités à l’intérieur du chantier au niveau de la réalisation pour qu’elles soient estimées lors de l’étape de la planification. À cet égard, deux sources peuvent être à l’origine de ladite minéralisation opérationnelle hors-profil : les effondrements dans les parois des chantiers adjacents et les effondrements au niveau des épontes où il se trouvait du minéral non prévu pour être recouvré, c’est-à-dire une perte planifiée de ressource minérale. D’ailleurs, seulement la réalisation d’un arpentage au laser en trois dimensions du chantier rend possible la détection d’un effondrement minéralisé, après la comparaison avec le modèle de blocs et les interprétations géologiques. L’intro- duction du concept de minéralisation opérationnelle hors-profil vise ainsi à combler une

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lacune qui risquait de fausser la performance technique réelle des chantiers tout en faisant une représentation inexacte des valeurs des pertes et dilution opérationnelles. Ce concept a permis de démontrer que les pertes et la dilution, à elles seules, ne suffisent pas pour expliquer toutes les conjonctures qui surviennent pendant l’exploitation d’un chantier d’abat- tage.

En second lieu, plusieurs paramètres de performance technique ont également été intro- duits dans le but de mieux répondre aux exigences de la norme canadienne NI 43-101. L’un des principaux avantages de ces derniers est le fait qu’ils permettent d’évaluer facilement la performance technique des chantiers d’abattage à partir des écarts constatés, que ce soit par rapport aux estimations faites, s’il y a lieu, ou par rapport aux limites planifiées desdits chantiers. De ce fait, ces nouveaux paramètres, à savoir : l’écart des pertes opérationnelles, « Ep » ; l’écart de dilution opérationnelle, « Ed » ; et l’écart de minéralisation opérationnelle

hors-profil, « Em », possèdent un caractère intuitif. En effet, s’ils présentent des valeurs su-

périeures à zéro, les prévisions ont été sous estimées, tandis que si leurs valeurs sont inférieures à zéro, les prévisions faites auront été surestimées. De plus, un autre paramètre introduit, la variation opérationnelle de minéral, « Vom », permet d’élucider la situation en lien

avec le bilan de minerai laissé en tant que bris sous profil et compensé par la minéralisation opérationnelle hors-profil. Étant donné que tous ces paramètres proviennent de la catégori- sation faite à la Figure 2.1 et que chacun de ces éléments peut être obtenu à partir du balayage au laser (CMS) du chantier d’abattage, il est donc crucial que le traitement de cette

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information soit fait soigneusement et qu’il serve de base de référence pour l’évaluation de la performance technique des chantiers d’abattage.

Dans la même optique, plusieurs facteurs ont été définis ou modifiés pour qu’ils complètent l’évaluation de la performance technique des chantiers d’abattage et puissent couvrir tous les fronts afin de minimiser les possibilités d’erreurs d’interprétation. Selon l’auteur, la défi- nition présentée de pourcentage de dilution opérationnelle est à privilégier, car elle diminue considérablement ces risques. Il doit être également noté que tous les facteurs auxquels cette section fait référence utilisent le tonnage du matériel en question — ou une autre unité de masse quelconque —, sans avoir à considérer les teneurs correspondantes. Puisque l’accent de cette thèse est mis sur les répercussions de la dilution et des pertes opération- nelles de minerai ainsi que sur les limitations et l’optimisation possibles concernant leurs évaluations respectives, l’hypothèse que l’addition ou la soustraction du minéral est valide a été faite lorsque les matériaux concernés dépassent en tout moment la teneur de coupure déterminée pour le projet. Bien évidemment, la teneur étant toujours très variable, même à l’intérieur d’un seul chantier d’abattage, l’utilisation d’une teneur moyenne qui est par après comparée avec ladite teneur de coupure est pratique courante. Néanmoins, il serait tout à fait intéressant d’introduire un facteur de variation de la teneur qui pourrait venir compléter les autres facteurs et servir de lien entre les données provenant de la géologie qui ont servi de base pour l’élaboration du modèle de blocs et celles résultant de l’usine de traitement. Un tel facteur peut être défini comme le quotient de la teneur du minéral effectivement extrait

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à l’intérieur des limites du chantier, « Me », sur la teneur du minéral planifié à extraire à

l’intérieur desdites limites, « Mpe ».

Finalement, les améliorations apportées à la méthodologie d’évaluation ainsi que les nou- veaux facteurs et paramètres de performance technique des chantiers d’abattage définis dans ce chapitre cherchent à s’adapter à la pratique minière en s’inspirant de l’expérience et du travail des entreprises qui collaborent dans ce projet, tout en essayant de répondre aux problématiques réelles auxquelles elles font face. Parmi ces dernières, on souligne no- tamment le fait que, pendant la réalisation de l’étude de faisabilité exigée par la norme canadienne NI 43-101, les effondrements minéralisés qui sont à l’origine de la minéralisation opérationnelle hors-profil et la dilution opérationnelle ainsi que les pertes opérationnelles de minerai puissent être particulièrement difficiles à estimer. L’auteur de cette thèse entend ainsi, à travers l’incorporation de cette méthodologie d’évaluation, collaborer à un rappro- chement entre les études faisabilité, la planification long-terme et la pratique minière de tous les jours en proposant des paramètres qui viennent compléter le scénario de la méthodolo- gie traditionnelle. Tout en sachant que le continuel développement des technologies pourrait contribuer à augmenter la précision, le détail et la qualité des données dans un futur rap- proché, la méthodologie d’évaluation utilisée doit être flexible et capable d’intégrer ces nouvelles informations. Enfin, puisque toute étude de faisabilité est basée sur l’expérience de personnes qualifiées et que celles-ci ne peuvent pas négliger le caractère empirique

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propre à l’industrie minière, il sied qu’une même méthodologie d’évaluation puisse être em- ployée à tous les niveaux afin de tendre à une diminution des écarts globaux entre la réalité et les estimations faites, tout en ajoutant de la valeur aux projets miniers.

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