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CHAPITRE 1 REVUE CRITIQUE DE LA LITTÉRATURE

1.5 Évaluation de la performance économique des chantiers d’abattage

1.5.2 Le coût unitaire d’opération

Selon le Mining Engineering Handbook (SME, 2011), les définitions du coût unitaire d’opé- ration ainsi que les différents éléments qu’elles comprennent peuvent varier d’un auteur à

7 L'expression « dollars constants » renvoie aux dollars de plusieurs années exprimés selon leur valeur (« pouvoir d'achat »)

au cours d'une année, appelée l'année de base. On effectue ce genre d'ajustement en vue d'éliminer les effets des change- ments de prix généraux (Statistique Canada, 2018).

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l’autre. Pour éviter tout risque d’interprétation, en ce qui concerne cette thèse, le coût uni- taire d’opération doit être compris comme celui étant associé à l’extraction d’une quantité de matériel économique et son postérieur traitement minéralurgique — s’arrêtant à la sortie de l’usine de traitement de minerais —, comprenant toutes les opérations impliquées dans la réalisation de cet objectif.

Dans l’exploitation souterraine, le coût unitaire d’opération est composé, de façon générale, de l’addition de trois grandes catégories de coûts, à savoir le coût de minage, le coût de traitement du minerai, et les coûts indirects — coût d’environnement, d’administration et autres (Planeta et Paraszczak, 2001). La définition détaillée ci-après, basée sur les élé- ments précédemment indiqués, a été utilisée comme référence pour les analyses qui suivront dans ce chapitre et correspond au coût unitaire planifié, c’est-à-dire en fonction de la réserve minérale estimée, comme définie dans le chapitre antérieur.

i) Coût de minage (C1) :

o Coût des travaux préparatoires (C1.1) : ce coût comprend la réalisation de tous les travaux nécessaires à la préparation et à l’accès au chantier d’abat- tage, tant au niveau de soutirage (inférieur) qu’au niveau de forage (supérieur). Il inclut notamment les travers-bancs dans le stérile et dans le minerai ainsi que toutes les opérations liées à leur aménagement. Un ajus- tement est normalement considéré pour tenir compte du niveau supplémentaire — « n » chantiers sur le plan vertical impliquent « n+1 » ni- veaux —, dont le coût est réparti uniformément dans tous les chantiers

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impliqués. D’autres coûts pouvant être perçus comme nécessaires à la pré- paration-exploitation-planification d’un chantier, tel le forage de définition, peuvent être inclus dans le coût des travaux préparatoires.

o Coût de services, soutènement et support (C1.2) : lorsque les conditions géo- mécaniques et/ou le design des chantiers d’abattage l’exigent, les épontes, le toit et/ou les galeries et travers-bancs associés aux chantiers d’abattage en question doivent être supportés afin d’assurer leur stabilité ainsi que des conditions de travail sécuritaires pour les employés. Les techniques de sup- port les plus communément utilisées sont le boulonnage et le câblage. Ce type de coût est normalement exprimé par mètre et, suite à l’application d’un patron de soutènement défini pour le chantier, il est, au niveau de la planifi- cation, exprimé par rapport à la réserve minérale estimée dans le chantier d’abattage.

o Coût de forage et sautage (C1.3) : ce coût intègre les dépenses liées aux opérations de forage et sautage. Selon Lopez-Jimeno et al. (1995), le coût de forage est habituellement calculé en fonction des mètres forés, à l’instar du coût de soutènement. Puis, au niveau de l’étude de faisabilité, en consi- dérant le nombre de rangées et les mètres à forer selon le patron de forage défini pour un chantier d’abattage typique, dont le tonnage est connu, il est possible d’exprimer ledit coût par rapport au tonnage de manière unitaire. Il comporte, entre autres, les assurances, les intérêts et la dépréciation asso- ciés à la foreuse ainsi que les frais reliés à l’énergie, aux lubrifiants, à l’usure

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des outils de forage et leur remplacement, et à la main d’œuvre associée (Lopez-Jimeno et al., 1995). Selon les mêmes auteurs, les coûts associés au sautage, quant à eux, dépendent principalement du type d’explosif choisi, mais doivent également considérer les accessoires, tels les détonateurs, les amorces, le cordon détonant, etc.

o Coût de soutirage et transport (C1.4) : ce coût considère les frais concernant l’extraction de la réserve minérale estimée d’un chantier d’abattage après le sautage et sa manutention jusqu’aux endroits déterminés. Selon la logistique planifiée pour chaque opération, ladite manutention peut se faire en étapes successives, par des équipements différents travaillant en série. Dans le cas de la méthode d’exploitation par chambres vides, le plus souvent, le souti- rage est réalisé avec des chargeuses-navettes télécommandées qui vont décharger le matériel soutiré directement aux chutes à minerai ou à stérile, selon le cas. Il est également possible que le déplacement soit effectué par plus d’un équipement (ensemble de chargeuses ou chargeuse/camion) lors- que des distances plus importantes sont à parcourir.

o Coût de remblayage (C1.5) : ce coût comprend la mise en place du matériel qui doit remplir le vide créé par l’extraction du tonnage de la réserve minérale estimée dans le chantier d’abattage. Pour ce qui est dudit matériel de rem- blai, il peut s’agir de stérile (remblai rocheux), d’un mélange de stérile et ciment (remblai rocheux cimenté), ou d’un mélange des résidus de l’usine de traitement minéralurgique avec du ciment (remblai cimenté en pâte). Le coût

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associé à chaque type de remblai varie en fonction de la proportion des com- posants susmentionnés ainsi que du moyen et de l’infrastructure nécessaire à sa mise en place. Souvent, lorsqu’il s’agit du remblai rocheux ou en pâte, le coût de remblayage tient compte également de la construction d’une bar- ricade dans le niveau inférieur, lequel sert de bouchon pour maintenir le remblai en place jusqu’à ce qu’il solidifie. Malgré ce qui vient d’être dit, il est possible d’inclure les coûts associés à la construction de ladite barricade et à la tuyauterie dans une autre catégorie — notamment « autres » —, afin de ne considérer que le coût par tonne ou par volume, selon le cas, du remblai effectivement placé dans le chantier d’abattage ouvert. L’avantage de cette manière de procéder sera expliqué dans la section suivante de ce chapitre. o Autres coûts (C1.6) : cet item permet de regrouper tous les éléments asso-

ciés au coût de minage qui n’ont pas été spécifiquement inclus dans une autre catégorie. Comme mentionné auparavant, aucune définition précise n’existe du coût unitaire d’opération en ce qui a trait aux éléments ou caté- gories qui doivent le conformer ; les entreprises minières ont alors toute latitude pour travailler avec leurs propres critères.

ii) Coût de traitement à l’usine minéralurgique (C2) : ce coût correspond aux dépenses liées aux procédés minéralurgiques qui doivent être appliqués au matériel extrait de la mine, le tout-venant, afin de permettre la concentration et/ou l’obtention du métal d’intérêt. De tels procédés peuvent inclure, sans s’y limiter, le concassage secon- daire du minerai, le broyage (avec de broyeurs autogènes, semi-autogènes, à boules

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ou autres), la séparation (flottation, magnétique, lixiviation ou autre), la concentra- tion/purification.

iii) Coûts indirects (C3) : cette catégorie comprend tous les autres coûts associés aux opérations nécessaires à la production économique du métal d’intérêt qui n’ont pas été inclus dans le coût de minage ni dans le coût de traitement minéralurgique. On trouve notamment dans cette catégorie le coût de ventilation/climatisation, de his- sage, d’ingénierie et/ou des services techniques, d’administration et d’environnement. Encore une fois, la catégorisation étant assez souple, elle peut varier d’une compagnie minière à l’autre.

Le Tableau 1.4 fait un résumé des composants et sous-composants du coût unitaire d’opé- ration, comme définis préalablement, et établit les relations mathématiques entre ceux-ci.

Tableau 1.4 Coût unitaire d’opération et composants, modifié d’après Planeta et Pa- raszczak (2001)

Coût unitaire d’opération COp = C1 + C2 + C3

Coût de minage C1=C1.1 + … + C1.6

Coût des travaux préparatoires C1.1 Coût de services, soutènement et support C1.2

Coût de forage et sautage C1.3

Coût de soutirage et transport C1.4

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Autres coûts C1.6

Coût de traitement à l’usine minéralurgique C2

Coûts indirects C3

Toujours en lien avec le coût unitaire d’opération, il convient de mentionner que ce dernier est, avec la quantité et la qualité des ressources et réserves minérales, l’un de deux para- mètres clés pouvant affecter les flux monétaires d’un projet minier (SME, 2011). En effet, la teneur de coupure — qui correspond à la teneur avec laquelle il faut comparer la teneur moyenne des chantiers d’abattage dans le but de déterminer s’ils seront exploités ou laissés en place — dépend du coût unitaire d’opération comme suit8 :

𝑡𝑐 = 𝐶𝑂𝑝 𝑃𝑚∗ 𝑅é𝑐 ∗ 𝑇𝐶

Où :

𝑡𝑐 : Teneur de coupure (oz/t) ;

𝐶𝑂𝑝 : Coût unitaire d’opération (CAD/t) ;

𝑃𝑚: Prix de l’or (USD/oz) ;

Réc : Récupération de l’or à l’usine de traitement (%) ;

8 L’équation présentée prend comme exemple d’application un gisement dont le métal principal est l’or, ce qui correspond à la

réalité des mines qui collaborent dans cette étude. Des ajustements en conséquence sont à prévoir lorsqu’il s’agit d’un autre métal d’intérêt ou dans le cas d’une mine polymétallique.

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TC : Taux de change (CAD/USD).

Ainsi, pour que le tonnage du minéral planifié à extraire à l’intérieur des limites d’un chantier d’abattage soit intégré à la réserve minérale, en concordance avec la norme canadienne NI 43-101 pour les études de faisabilité, sa teneur moyenne doit nécessairement être supé- rieure ou égale à la teneur de coupure (Planeta et al., 2013).

1.6 Lacunes de connaissances sur la performance technico-écono-