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CHAPITRE  2   : CADRE THÉORIQUE 33

2.3   Les facteurs facilitant l’intégration des TIC chez les enseignants 59

2.3.1   Des facilitateurs politiques 60

Au niveau de l’école, des stratégies facilitatrices peuvent être entreprises et Scrimshaw (2004) en répertorie cinq :

1. Le pouvoir d’influence et les prises de décision

2. La planification et la mise en œuvre d’un plan d’intégration des TIC;

3. L’utilisation et le développement des ressources par l’école; 4. Le partage des connaissances et la formation;

5. Les rôles du personnel responsable du soutien technique.

Pour le premier facteur facilitant l’intégration des TIC, « le pouvoir d’influence et les prises de décisions » constituent un domaine de recherche en soi (Hadjithoma-Garstka, 2011). D’ailleurs une étude canadienne qui s’est intéressée, entre autres, sur le pouvoir d’influence dans les écoles en fonction de l’intégration des TIC, a permis d’identifier trois catégories distinctes d’écoles selon leur type d’intégration : les écoles à « haut succès d’intégration des TIC », les écoles à « succès modéré » et finalement les écoles « statiques » (Sheppard, 2000). Dans les écoles à « haut succès d’intégration », l’école possède les qualités de miser sur la collaboration, d’appuyer les innovations et d’assumer les risques qui en découlent. De plus, la présence d’enseignants-pionniers et d’enseignants confortables avec les technologies constitue un atout important. Dans les écoles à « succès modéré », on retrouve les mêmes caractéristiques qu’avec le type d’école précédente, mais à un degré moins élevé. On y retrouve plus de divergences d’opinions quant à la façon dont l’intégration des TIC devrait se faire et le personnel enseignant est aux prises avec un pouvoir d’influence plus passif, encourageant moins l’usage des technologies. Finalement, les écoles « statiques » possèdent un pouvoir d’influence qualifié de traditionnel

et de hiérarchique où les enseignants ont tendance à attribuer la responsabilité de leur intégration des TIC à la direction.

Pour ce qui est du deuxième facteur facilitant, soit la planification et la mise en œuvre d’un plan d’intégration des TIC, ce dernier doit pouvoir établir une vision commune afin de passer à la seconde étape qui est d’évaluer les besoins du personnel scolaire ainsi que leur usage des technologies afin d’orienter les actions futures. Finalement, un plan global d’intégration des TIC doit préalablement être élaboré pour l’école afin qu’il soit appliqué, mais il arrive souvent que la communication du plan d’intégration soit déficiente et que les enseignants soient peu au courant des politiques du plan d’intégration (Tondeur, van Keer, van Braak, & Valcke, 2008).

L’utilisation et le développement de ressources par l’école sont aussi des moyens importants si l’on veut voir une intégration réussie. Les écoles doivent fournir aux enseignants des ressources matérielles qui sont adaptées au contexte dans lequel ils enseignent (Hammond, Crosson, et al., 2009) ce qui nécessite par le fait même, des coûts supplémentaires nécessaires à injecter (Hew & Brush, 2007). De plus, la collaboration entre enseignants est encouragée, le dépôt d’activités dans un espace commun (portail, réseau social, etc.) permettant au personnel enseignant d’une école de réduire la charge de travail. Finalement, certains plans d’intégration favorisent le prêt permanent d’un ordinateur portable afin que l’enseignant puisse y travailler et y créer du matériel utile pour la classe, ce qui génère des attitudes positives quant à l’utilisation des technologies chez les enseignants (Kirby, 2009; Raulston, 2010).

Le quatrième facteur facilitant, soit le partage des connaissances et la disponibilité de formation, constitue un élément primordial dans l’établissement d’un plan d’intégration des TIC (Goktas, Yildirim, & Yildirim, 2009). En effet, le partage des connaissances informatiques sous forme de mentorat entre enseignants permet de créer des liens de confiance et de développer un esprit d’entraide. Comme les technologies évoluent à un rythme rapide et que les enseignants sont conscients que peu d’entre eux

possèdent une maitrise parfaite de tous les outils disponibles sur le marché, ils peuvent alors se sentir plus à l’aise de questionner leurs pairs sans crainte de paraitre incompétents et de plus, le sentiment d’anxiété est alors réduit (Agyei & Voogt, 2011; Dexter, Seashore, & Anderson, 2002). Également, les formations offertes dans le cadre d’une certification ou d’une rémunération sont un moyen de pouvoir pallier le manque de connaissances des enseignants. On a même pu corréler que l’implication des enseignants dans des activités professionnelles liées aux TIC augmente la probabilité de faire usage des TIC (Keller, Bonk, & Hew, 2005). Cependant, plusieurs approches existent quant à la façon de former les enseignants et le choix d’une ou de plusieurs approches doit être fait avec circonspection par un responsable spécialement attitré à la tâche (Tondeur, et al., 2010).

Le dernier facteur facilitant réside dans le soutien technique disponible, facteur important à l’intérieur d’un plan d’intégration. Les nouveautés technologiques requièrent, de la part des utilisateurs, une formation continue afin qu’ils ne soient dépassés par la technologie. Ainsi, il est normal que les enseignants rencontrent des problèmes techniques qu’ils ne peuvent résoudre. Un soutien est alors nécessaire. L’utilisation et la formation d’élèves experts peuvent aussi être considérées (Levin & Wadmany, 2006).

Dans le même ordre d’idée que le facteur facilitant précédent, une étude portant sur 30 membres d’une faculté a permis d’établir des recommandations afin de faciliter l’intégration des technologies et de rendre le soutien technique plus efficace (Butler & Sellbom, 2002) (Tableau III).

Tableau III

Solutions suggérées pour résoudre les problèmes de soutien technique

Le premier de quatre éléments répertoriés par Butler et Sellbom est le besoin d’informer le personnel sur l’équipement possédé par l’institution (26,7 %). Par conséquent, si le personnel ne possède pas toute l’information relative aux possibilités qui sont offertes par l’entremise du matériel informatique disponible, les risques de mal utiliser ou de ne pas exploiter le matériel à sa pleine potentialité s’accentuent.

Seconde recommandation, l’équipement doit être régulièrement vérifié et entretenu (20,0 %). Comme beaucoup d’étudiants manipulent les ordinateurs, le matériel informatique est sujet à des bris ou à un fonctionnement erratique compte tenu des différents usages qui peuvent s’y faire. Ainsi, si l’équipement informatique est toujours fonctionnel, cela

augmente les chances que le personnel enseignant l’utilise et intègre les TIC dans sa pédagogie.

En troisième lieu, on suggère que les salles d’informatique soient toutes semblables (13,3 %). Plus précisément, si les salles sont équipées du même matériel et du même système d’opération, cela facilite l’adaptation et l’utilisation des locaux.

En quatrième position (10,0 %), on retrouve la création d’un système rapide de résolution de problèmes. En effet, un des facilitateurs à l’intégration des TIC est la réception rapide d’une réponse lorsqu’un problème technique survient, sans quoi les risques d’opter pour un autre outil pédagogique moins efficace augmentent. Les autres solutions suggérées par Butler et Sellbom ont des fréquences variant entre 6,7 % et 3,3 % et présentent dans le tableau III.

Les enseignants n’étant plus aujourd’hui confinés à utiliser des ordinateurs fixes dans leur salle de classe, l’utilisation d’ordinateurs portables devient de plus en plus fréquente. C’est d’ailleurs dans cet esprit qu’une étude de cas a permis de relever quatre facteurs facilitant l’intégration des TIC dans le cadre d’un projet d’instauration d’ordinateurs portables au sein du personnel enseignant (Geer, Barnes, & White, 2008).

Le premier facilitateur rejoint ce qui vient d’être abordé soit le support technique. En effet, lors de l’utilisation d’un ordinateur portable, les auteurs mentionnent que les enseignants auraient été réticents de participer au projet s’ils n’avaient pas été informés que de la formation et du soutien étaient disponibles lorsque requis. Grâce à ce dernier élément, les enseignants ont mentionné détenir une plus grande confiance à se servir des ordinateurs portables.

Le second facilitateur relevé est l’octroi des ordinateurs portables en soi. La possession de ces ordinateurs a permis aux enseignants de devenir plus compétents et de permettre une plus grande intégration des TIC en classe. Les ordinateurs servaient essentiellement à planifier et à préparer les cours. Le réseau Internet était accessible à l’école sur les ordinateurs

portables et l’accès et le transfert des fichiers étaient ainsi facilités pour, entre autres, l’utilisation du tableau blanc interactif. À l’intérieur de ce facilitateur Geer, Barnes et White (2008) soulèvent qu’une fois la maitrise et la confiance acquise face aux TIC, les efforts doivent être dirigés sur la valeur ajoutée des TIC pour l’apprentissage.

Le troisième facilitateur à l’intégration des TIC lorsque des ordinateurs portables sont utilisés par les enseignants, tel que mentionné précédemment, est la combinaison avec le tableau blanc interactif, ce dernier transformant considérablement les moyens d’enseignement (M. Lee, 2010; Littleton, 2010). De plus en plus présents dans les écoles (DiGregorio & Sobel-Lojeski, 2009), l’utilisation du tableau blanc interactif fut augmenté grâce aux ordinateurs portables permettant de créer des activités, d’enregistrer des séquences d’enseignement faites en classe et d’y revenir en temps opportun. Ce facilitateur a même été souligné par le passé, par les étudiants qui ont indiqué apprendre plus facilement certains concepts complexes à assimiler et que le tableau blanc interactif permet de solliciter des apprentissages de haut niveau (Geer & Barnes, 2007). De plus, il a permis des interactions plus grandes entre les pairs.

Finalement, le quatrième facteur qui facilite l’intégration des TIC est la présence d’un réseau sans fil. En effet, il permet, entre autres, de pouvoir se déplacer où bon leur semble en classe pour aider un étudiant dans le cadre d’une activité en ligne. Bref, avec les technologies émergentes qui facilitent de plus en plus le travail des enseignants, de nouveaux facilitateurs risquent d’émerger dans les années à venir. Mis à part ces facteurs facilitateurs à l’intégration des TIC qui ont une connotation matérielle, d’autres facilitateurs découlant de caractéristiques intrinsèques à l’enseignant viennent aussi jouer leur rôle.

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