muscle pédieuxagit dans le sens de
l'abduction, et
setrouve
corroboré dans cette fonction par le muscle long extenseur, qui représente en raison de sa direction une force
légèrement
abductrice. Cette action est contrebalancée par la présence
d'une force légèrement adductrice, je veux parler
de
cepetit
tendon du gros orteil que nous avons étudié plus haut.
Dans le cas que nous avons observé, c'est en dedans
de
l'articulation métatarso-phalangienne que nous avons ren¬
contré le tendon de l'extenseur propre du gros orteil. 11 ne se trouveplus fixéau métatarsienpar lagaine fibreusequi naît du
bord supérieur et de la face externe de l'os pour venir se terminer en bas sur le ligament latéral interne, ni par
les
aiderons tendineux qui du tendon gagnent les extrémités
articulaires du gros orteil et du métatarsien.
Cette gaine fibreuse et ces aiderons tendineux étaient
amincis et relâchés; à l'inverse des tendons fléchisseurs, le
tendon du long extenseur était devenu libre et était venu
se placer surle côté interne de l'articulation.
Telles sont les lésions que nous avons trouvées dans notre
cas
d'halfux
varus. En lisant les observations des autres cas quenous rapportons, nous n'apprenons rien au point de vueanatomo-pathologique; nous aimons à croire que les lésions qu'ils présentaient étaient semblables en tous points à celles
que nous venons de décrire.
CHAPITRE V
Pathogénie.
Nous arrivons maintenant au chapitre le plus difficile de
notre travail, car il nous faut expliquer sous quelle influence
et dans quelles conditions se produisent la déviation et les troubles qui l'accompagnent.
Pour l'hallux varus congénital, nous avons vu quelles
étaient les causes que nous pouvions invoquer. Pour l'hallux
varusacquis, la question est plus délicate.
Nous avons déjà vu que cette affection n'existait jamais seule; elle est toujours accompagnée d'une déformation du pied existant avant elle. Pour l'hallux varus cette déforma-lion préexistante est toujours le pied plat. Comment
pouvons-nous expliquer qu'un hallux varus, vienne se greffer sur un
pied plat? Nous allons successivement passer en revue toutes les théories que l'on peut invoquer, pour terminer par une
interprétation
des faits qui appartient à M. le professeur Piéchaud et qui est à notre avis l'explication la plus satisfai¬sante.
Cette théorie est, en effet, celle qui permet d'expliquer le plus facilement l'évolution anatomique de la lésion et les troubles fonctionnels qui y sont attachés.
Commenous le verronsdans l'étude des symptômes, il faut considérer deux choses bien différentes : la déviation et la
douleur. Celle-ci est
toujours secondaire. Par conséquent, quitte à expliquer cette douleur par la suite, nous devons
nous occuper d'abord des causes du varus.
ihèorie
mécanique.
— Cette théorie se présente naturelle¬ment à l'esprit; si nous nous reportons à nosobservations,
nous trouvons en effet que tous nos malades portaient le
même genre de chaussure ; ils portaient tous des sabots ou des chaussures larges, laissant le pied très libre dans leur intérieur, et amenant dans la suite un effacement de la voûte plantaire et un élargissement du diamètre antérieur du pied.
Mais est-ce uneraison pour cela qu'il se produise de l'hallux
varus ? Evidemment non. La chaussure est évidemment une cause adjuvante, mais si elle devait expliquer la déviation
du
gros orteil, l'hallux varus serait beaucoup plus fréquent,
et
devrait s'observer chez tous les gens de la campagne
qui
portent ce genre de chaussure.
Théorie musculaire. — On peut aussi penser à invoquer
la
prédominance d'action des muscles adducteurs du grosorteil
sur les muscles abducteurs.
Au chapitre des considérations anatomiques, nous avons
vu qu'on pouvait diviser les muscles qui s'insèrent sur
le
gros orteil en deux groupes: muscles plantaires,
muscles
dorsaux.
Deux muscles plantaires, le long fléchisseur et le
courtflé1
chisseur, tirent suivantune direction axiale. L'adducteur
et
les abducteurs oblique et transverse tirent en sens
opposé et
compensent réciproquement leur action.
A la face dorsale, l'extenseurpropre tire suivant une
direc¬
tion axiale ; le chef interne du pédieux tend à dévier legros
orteil en dehors ; mais comme nous avons vu, il existe un petit tendon filiforme qui compense normalement
l'action
abductrice decedernier muscle.
11 faudrait donc admettre une prépondérance des
muscles
adducteurs. Mais comment se produit cette
prépondérance-.'
Voilà ce qu'il nous faut expliquer.
Théorie de compensation. — C'est la théorie de M. le pro¬
fesseur Piéchaud ; elle nous explique pourquoi se
produit
cette prépondérance des muscles adducteurs. Avant
l'hallux
varus, avons-nous dit, il existe toujours un pied plat,
c'est-à-dire effondrement de la voûte plantaire et disparation du pilier antérieur, élargissement du pied et douleur. Que va-t-il
seproduire? Nous allons assister à une série de phénomènes qui vont avoir pour but de compenser cettedéformation du pied plat. Pour venir reformer le pilier antérieur de la voûte plantaire, le gros orteil va se dévier endedans et se fléchir,
et essayerdese substituer à ce pilier. Puis, et c'est à ce mo¬
ment-là, les muscles adducteurs vont prendre de la prédomi¬
nance sur les abducteurs. Enfin, cetteposition compensatrice
du gros orteil devenant définitive, nous aurons un hallux
varusacquis type. Dans ie cas que nous avons observé, c'est
ainsi que s'est formé l'hallux varus; de plus, dans ce cas, les quatre autres orteils avaient suivi le mouvement d'adduction du premier.
Il nous reste à expliquer pourquoi il s'est développé sur la
moitié externe de la tètedu premier métatarsien une hyper¬
trophie osseuse. Par le fait de la déviation en dedans de la première phalange du gros orteil, la moitié externe de la tète du premiermétatarsien a perdu tout contact avec la phalange
tandis que sa moitié interne s'est trouvée comprimée par celle-ci. Or, nous savons que toute extrémité osseuse non
comprimée subit une hyperthophie dans les points où existe
cette absence de compression.
Les troubles fonctionnels sont faciles à expliquer. A cause de la déviation en dedans du gros orteil, la peau est pressée par la chaussure; il peut se produire un durillon ; puis l'ac¬
tion de la chaussure se poursuivant, une bourse séreuse qui,
si elles'enflamme, devient une source degêne et de douleurs continuelles.
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-CHAPITRE VI