• Aucun résultat trouvé

Depuis le procès de John Scope en 1925 (dit « Procès du singe ») qui analysait la légalité d’une loi du Tennessee proscrivant l’enseignement dans les écoles publiques de « toute théorie qui nie l’histoire de la Création Divine de l’homme telle qu’enseignée dans la Bible », un certain nombre de tribunaux ont eu à connaître de lois touchant l’enseignement d’idées créationnistes. Plusieurs décisions des tribunaux ont jugé que des formes variées de créationnisme, comprenant le créationnisme du « dessein intelligent », ressortissait à la religion, non à la science, et qu’il était par conséquent contraire à la Constitution de les inclure dans les classes de sciences de l’enseignement public. C’est le cas, en particulier, de l’arrêt de la Cour Suprême de 1987 dans l’affaire Edwards vs. Aguillard et, plus récemment, de la Cour fédérale de district (en Pennsylvanie) dans l’affaire Kitzmiller vs. Dover Area School District (2005). On trouvera ci-dessous des extraits de trois des affaires les plus importantes.

Cour Suprême des États-Unis, Epperson vs Kansas, 1968

« Dans notre démocratie, le gouvernement à l’échelle nationale ou fédérale, doit être neutre en matière de théorie, de doctrine et de pratique religieuse. Il ne doit pas être hostile à la religion, ou à l’expression de la non religion, ni aider, appuyer ou promouvoir une religion ou une théorie religieuse contre une autre ou même contre la doctrine opposée ».

Cour Suprême des États-Unis, Edwards vs Aguillard, 1987

« Le principal objectif (du « Creation Act » de Louisiane, qui requérait l’enseignement d’une « science de la création » parallèlement à celui de l’évolution à l’école publique) était de changer le programme de sciences de l’école publique afin de privilégier une doctrine religieuse particulière qui rejette les données de fait de l’évolution dans leur globalité. Ainsi, l’Acte est destiné soit à promouvoir la théorie d’une science de la création attachée à une opinion religieuse particulière, soit à empêcher l’enseignement d’une théorie scientifique déplaisant à certaines sectes religieuses. Dans un cas comme dans l’autre, l’Acte viole le Premier Amendement ».

Cour de district pour le District central de Pennsylvanie, Kitzmiller vs Dover Area School District, 2005

« Nous considérons que l’ID (« Intelligent Design ») n’est pas de la science et ne peut pas être considéré comme une théorie scientifique valide et acceptée, car les tenants de ce système de pensée ne sont pas parvenus à publier dans des revues à comités de lecture, à susciter des recherches ni à entraîner l’adhésion de la communauté scientifique. L’ID, comme on n’a noté, s’enracine dans la théologie, non dans la science… De plus, si les promoteurs de l’ID ont tenté de faire en sorte que leur théorie échappe à l’investigation scientifique, il ne s’en tireront pas pour

autant en exigeant que seule la controverse, et non l’ID lui-même, soit enseigné en classe. Il s’agit là d’une tactique au mieux peu ingénieuse, au pire, bancale. Le but de l’IDM (mouvement en faveur de l’ID) n’est pas d’encourager le jugement critique mais de fomenter une révolution aboutissant à supplanter la théorie de l’évolution par l’ID ».

La loi américaine n’interdit pas la mention ou l’étude de la religion comme discipline académique dans l’enseignement public, et le créationnisme pourrait être discuté, par exemple, dans une classe de religion comparée. Mais, en tant que fonctionnaires, les enseignants de l’école publique doivent être neutres par rapport à la religion, ce qui signifie qu’ils ne peuvent ni prescrire ni prohiber sa pratique. Si le créationnisme du « dessein intelligent » devait être discuté dans l’enseignement public, alors, les points de vue de créationnistes non chrétiens présents dans l’Indouisme, l’Islam, les religions des Indiens d’Amérique - tout comme les grandes confessions dont les positions sont compatibles avec la science - devraient être également discutés. Comme la constitution des États-Unis interdit aux états fédérés d’apporter leur appui à la religion, il serait mal venu d’utiliser des fonds publics pour enseigner à tous les élèves les conceptions d’une religion seulement, ou d’un seul sous-groupe religieux. De plus, même dans une telle classe, il serait inconvenant d’enseigner ces conceptions comme si elles étaient scientifiques.

CONCLUSIONS

La science et les technologies fondées sur la science ont transformé la vie moderne. Elles ont conduit à des améliorations majeures des niveaux de vie, du bien être public, de la santé et de la sécurité. Elles ont changé la manière dont nous voyons l’univers et dont nous nous considérons nous-mêmes dans notre relation au le monde qui nous entoure.

L’évolution biologique est l’une des idées les plus importantes de la science moderne. Elle est confirmée par d’abondantes données issues de nombreux domaines de la recherche scientifique. Elle sous-tend toutes les sciences biologiques modernes, y compris les sciences médicales, et a des applications dans de nombreuses autres disciplines de la science et de l’ingénierie.

En tant qu’individus et que sociétés, nous prenons en ce moment des décisions qui auront des conséquences profondes sur les générations futures. Comment trouverons-nous un équilibre entre le besoin de conserver les environnements, les plantes et les animaux de la nature face à d’autres pressantes préoccupations ? Devons-nous modifier notre utilisation des combustibles fossiles et autres ressources naturelles pour améliorer le bien-être de nos descendants ? Dans quelle mesure nous faut-il utiliser notre compréhension nouvelle de la biologie au niveau moléculaire pour modifier les caractéristiques du vivant ?

Aucune de ces décisions ne peut être prise raisonnablement sans considérer l’évolution biologique. Les gens ont besoin de comprendre l’évolution, son rôle dans le cadre plus général de l’entreprise scientifique et ses implications décisives concernant certaines des questions sociales, culturelles et politiques les plus pressantes de notre temps.

La science n’est pas la seule voie pour acquérir des connaissances sur nous-mêmes et sur le monde qui nous entoure. Nous pouvons le faire à travers nombre d’autres voies : la littérature, les arts, la réflexion philosophique, l’expérience religieuse… Si la connaissance scientifique permet d’enrichir la perception esthétique et morale, ces domaines s’étendent au-delà du champ scientifique dont le but est d’obtenir une meilleure connaissance de la nature.

La revendication d’un enseignement à parts égales de la théorie de l’évolution et du créationnisme dans les classes de sciences reflète une méconnaissance de ce que sont le domaine scientifique et les méthodes qui lui sont propres. Les chercheurs scientifiques tentent de

comprendre les phénomènes naturels par l’observation et l’expérimentation. Les interprétations scientifiques des faits et les explications qui en rendent compte doivent pouvoir être testées par l’observation et l’expérimentation.

Le créationnisme, le « dessein intelligent » et d’autres « revendications » d’une intervention surnaturelle à l’origine de la vie ou des espèces ne relèvent pas du domaine scientifique car ils ne peuvent pas être mis à l’épreuve des méthodes de la science. Ces systèmes de pensée subordonnent les données observées à des bases préétablies de façon autoritaire par des révélations ou des croyances religieuses. Les textes qui plaident en faveur de ces revendications sont habituellement limités à des publications particulières de leurs défenseurs, qui ne présentent pas d’hypothèses susceptibles de changer en fonction de nouvelles données, de nouvelles interprétations ou de mises en évidence d’erreurs. Ceci contraste avec la science dont les hypothèses et les théories sont toujours susceptibles de modifications à la lumière des connaissances nouvelles.

Aucune croyance qui a pour origine une doctrine préétablie plutôt qu’une observation, une interprétation et une expérimentation scientifiques ne peut être acceptée en tant que science dans un enseignement scientifique. Introduire l’enseignement de ces doctrines dans un cursus scientifique compromettrait les objectifs de l’enseignement public. La science a réussi à expliquer des processus naturels, ce qui a conduit non seulement à une plus grande compréhension de l’univers, mais aussi à des progrès majeurs en technologie, en santé publique et pour le bien-être. Le rôle croissant de la science dans la vie moderne requiert que la science, et non la religion, soit enseignée dans les classes de sciences.

QUESTIONS SOUVENT POSÉES