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Les externalités positives des systèmes agroforestiers améliorés

Annexe 6

Les externalités positives des systèmes agroforestiers améliorés

Les systèmes agroforestiers améliorés type RAS (expérimentés ou “sendiri') ont des externalités positives en termes d’environnement (Penot 1998) et de maintien d’une certaine biodiversité (même si celle ci est limitée pour certains RAS tel les RAS2 par exemple)1.

Il est nécessaire de prendre également en compte les externalités globales qui peuvent influer sur l’adoption des RAS comme système technique de base par le biais d’aides extérieures (les projets de développement par exemple). Leurs avantages peuvent alors concourir au maintien de la permanence des stratégies agroforestières sur le long terme par le biais des aides directes de l’Etat. Plusieurs aspects sont développés parmi lesquels le potentiel de “séquestration du carbone” dans le cadre des

Mécanismes pour le Développement Propre (MDP) et la composante

“multifonctionnalité”d’une agriculture qui incluerait ce type de système.

I Les RAS comme potentiel “puit de carbone”

Les RAS représentent une alternative viable pour le replantation des jungle rubber pour les producteurs face aux monoculture d’hévéa ou de palmier à huile .

II existe également des mécanismes extérieurs qui pourraient favoriser le développement des RAS au niveau international, et en particulier dans le contexte indonésien. Les avantages des RAS sont évidents en terme de gestion des sols, de maintien voire d’amélioration de la fertilité, de maintien d’une portion de la biodiversité végétale (plus moins grande selon les systèmes)...et ceci du essentiellement au “caractère forestier” de ces systèmes. Ces systèmes agroforestiers peuvent également être considérés comme des “puits de carbone “ ou du moins comme des sources possibles de séquestration du carbone. Ces sources peuvent être cyclique si le RAS doit être replanté tous les 35 ans (comme cela est le cas de toutes les plantations à base d’hévéa dans le monde). Elles peuvent être permanente si le système évolue ensuite vers un tembawang (agroforêt permanente à fruit et à bois). Ces puits de carbone sont censés permettre une limitation de l’effet de serre par captage du gaz qui en est le principal responsable.

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Une étude est d ’ailleurs en cours, dans l'été 2001, par le SRAP. pour mieux caractériser la biodiversité spécifique des RAS 1.

Une série d’engagement ont été mis en place par les pays signataires de la conférence de Kyoto en 19972, et en particulier un Mécanisme de Développement Propre (MDP) (Hamel 2000) basé sur le financement de la réduction d’émission de carbone par les pays pollueurs et sur des actions incluant un développement durable en zone rurale à travers la mise en place de systèmes capteurs de carbone (séquestration). Ce mécanisme mis en place entre les pays du Nord et du Sud permettrait donc, entre autres, de financer certains systèmes de culture ou forestiers en tant que puits de carbone. Il semble possible que les RAS soient éligibles en tant que système de culture, d’une part en tant que système séquestrateur de carbone, e t , d’autre part, en tant que système maintenant une certaine biodiversité végétale3. Si cela était le cas, il serait envisageable de pouvoir financer partiellement la mise en place de systèmes de type RAS en zone rurale, en particulier si ceux ci débouchent sur des systèmes

permanents type tembawang.

La séquestration du carbone pour les systèmes hévéicoles a été mesurée par différents institutions. Ces mesures sont rapportées dans le tableau 20, pour des plantations âgées de 27 à 33 ans.

Annexe 6 Les externalités positives des systèmes agroforestiers améliorés

Tableau 20 : séquestration totale du carbone pour différents systèmes.

source système de culture tonnes de Carbone séquestrées

ICRAFASB jungle rubber 89

CIRAD (O. Hamel) monoculture 68

ICRAF/ASB Agroforêt permanente type tembawang ou agroforêt a damar

90

RRIM monocuture 72

ICRAF/ASB Forêt primaire (plus de 100 ans) 300

ICRAF/ASB Forêt secondaire (25 ans) 88

Source : ASB, 1998 et (Hamel 2000)

Cependant, le rôle des systèmes forestier ou des systèmes de culture de type agroforestier dans leur aptitude à séquestrer le carbone n’est pas encore clairement défini. La notion même de “puit de carbone” est encore sujette à caution. Deux systèmes nous paraissent éventuellement éligibles : i) la replantation de type forestière en forêt durable en hévéa seedlings non exploités, et ii) les systèmes RAS débouchant sur des agroforêts à bois et à fruits permanentes de type Tembawang.

"La dénonciation du protocole de Kyoto par le gouvernement nouvellement élu des Etats-Unis en mai 2001 est une sérieuse contrainte à la mise en place des mécanismes initialement prévus

’Le maintien de la biodiversité était l'autre composante importante de la conférence de Rio de janeiro

sur une replantation du système, ne peuvent prétendre agir comme puit de carbone permanent. Le stockage de carbone n’est alors que temporaire pour une durée de 30 à 35 ans. Un calcul plus fin (Hamel 2000)montre d’ailleurs que l’option stockage de carbone n’est valide que si il y a valorisation complète de l’ensemble des sous-produits issus de l’hévéa ce qui est loin d’être le cas de nos jours .

Si tel était le cas, alors le MDP pourrait être potentiellement une source importante de financement international de la reconversion des jungle rubber en systèmes RAS, probablement sous la forme de projets gouvernementaux. Cette possibilité reste malgré tout très lointaine devant la lourdeur des mécanismes internationaux à mettre en oeuvre4. Si un tel mécanisme devait voir le jour, et cela est relativement plausible à long terme, la permanence des systèmes agroforestiers dans les stratégies paysannes en sortirait renforcée.

2 Les systèmes agroforestiers améliorés : objets représentatifs de la multifonctionnaiité en agriculture tropicale.

Les avantages écologiques des RAS, tant en terme de maintien partiel d’une part de la biodiversité végétale originelle qu’en terme de maintien d’un environnement durable ont été abordés. La multifonctionalité de l’agriculture, terme nouveau mais idée ancienne, tient compte des multiples fonctions de l’agriculture : gestion des paysages et des espaces, maintien des populations rurales, gestion de certains ressources naturelles, forêts, prairies..., maintien de certaines pratiques permettant une conservation durable de l’environnement (bocages, drainage...)...Ces fonctions sont soit le résultat d’activités particulières, soit le résultat indirect du choix de systèmes de culture et d’élevage sur l’environnement. Les RAS s’inscrivent naturellement dans cette fonction de par leurs fonctions de durabilité, de biodiversité, voire de réhabilitation des plaines dégradées.

Le fait que les pouvoirs publics reconnaissent ces fonction leur confèrent une importance accrue, du moins en Europe et en particulier en France5. Mais les projets de développement, qui restent l’outil privilégié des politiques de développement dans les pays en voie de développement reprennent souvent à leurs comptes ces idées. Après avoir vu fleurir, dans le cas de l’hévéa, des projets sectoriels (NES/

4 La dénonciation en juin 2001 du protocole de Kyoto par le nouveau gouvernement des Etats-Unis repousse à une date indéterminée la m ise en applicataion de ce protocole..

3 Et en particulier avec les les CTE : Contrats Territoriaux d ’Exploitation, et autres “contrats de pays”, développés par l ’administratiuon française, qui prennent en charge certains aspects multi-fonctionnels de l'activité agricole en milieu rural.

SRDP/TCSDP), et également des projets dit “intégrés” avec des volets liés à une filière, des projets dits “régionaux”sont apparus en 1997 en Indonésie, tentant de prendre en compte les multiples aspects des systèmes agraires dans une région donnée6. Mais la crise indonésienne et l’instabilité politique depuis 1998 ont pour l’instant mis en sommeil ces projets. Il n’est pas interdit de penser que ces aspects multi-fonctionnels seront pris en compte de façon accrue dans les futures politiques de développement régional. Les systèmes de culture de type RAS qui peuvent prétendre à contribuer de façon significative a cette multifonctionnalité seront alors privilégiés dans les opérations de développement. Une telle évolution soutiendrait à terme notre hypothèse globale de permanence des pratiques agroforestières chez les petits planteurs.

Annexe 6 Les externalités positives des systèmes agroforestiers améliorés

Références bibliographiques

Hamel, 0. (2000). Mécanisme de développement propre(MDP) et séquesqtration du carbone dans la filière de production de caoutchouc naturel. Montpellier., CIRAD-Forêts.

Penot, E. B., A.F.S. (1998). “Environmental aspects of smallholder rubber agroforestry in Indonesia : reconcile production and environment.” International Rubber Conference, May 1998, Paris, France: 22.

6 L'auteur a d ’ailleurs collaboré à l ’un d ’entre eux : le JRDP (Jambi Régional Development Project)

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