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2 Vers une structure de graphes

2.1 Exploitation de la littérature et formulation de graphes

A partir des travaux d’Hadermann (1993), on peut dissocier le complément de l’adjoint locatif. Dans le cas du complément locatif, l’auteur introduit la notion de déplacement selon la Figure 22a. Les règles syntaxiques énoncées permettent de formuler le changement locatif en termes d’itinéraire (‘de Montpellier à Rome en passant par Paris’ par exemple). Au sein de l’itinéraire, les différents lieux décrits par l’auteur (initial, médian et final) sont ordonnés (Figure 22b). L’adjoint locatif prend son importance dans le cas d’une localisation double. Dans ce cas, le groupe fonctionnel est constitué d’un premier lieu dont on parle, et d’un second lieu, référentiel du premier. Le lieu dont on parle peut être soit permanent, soit en déplacement. La relation entre le lieu dont on parle et le référentiel correspond alors une relation d’inclusion (Figure 23).

La discrimination faite par Vandeloise (1985) puis Hadermann (1993) en regard du caractère intrinsèque/extrinsèque du lieu considéré, permet d’établir une typologie de la sémantique du lieu selon qu’il s’agit d’un toponyme, d’un objet topographique, ou d’un élément topologique (Figure 24). Dès lors qu’il s’agit d’un élément topologique enfin, la relation au référentiel du lieu considéré peut être décrite en utilisant les « cinq traits universels » identifiés par Vandeloise (1985). Ces traits correspondent à une relation de voisinage qui situe le lieu considéré (référé) relativement au référentiel (Figure 25).

a) b) Lieu Lieu Permanent Itinéraire Lieu Initial Lieu Médian Lieu Final , , …,

Figure 22 : Typologie du lieu (a) et itinéraire (b).

Relation d’inclusion

Référentiel Lieu

Figure 23 : Relation entre le lieu et son référentiel dans le cas d’une double localisation.

[Intrinsèque] [Extrinsèque] Toponyme Objet topographique Elément topologique Lieu

Figure 24 : Sémantique de la localisation.

Physique populaire Corps humain Accès physique Rencontre potentielle Orientation générale Relation de voisinage Référentiel Lieu

Figure 25 : Relation de voisinage pour accéder au lieu dans le cas où celui-ci est un élément topologique.

2.1.2 Pourquoi et la Raison

Le ‘pourquoi normal’ a pour objet de produire un questionnement de type partiel, c'est-à-dire sur un membre précis de l’énoncé au même titre que les autres mots interrogatifs (Korzen, 1985). La réponse fournie est soit une cause, soit une chaîne causale (Figure 26a). D’après le TLFi (2009), les éléments constitutifs de la chaîne causale sont la cause première, les causes secondes et la finalité (Figure 26b). L’objet du pourquoi incolore est d’obtenir une explication des raisons de l’action en vue de les comprendre. La réponse peut également avoir des répercutions sur l’acte illocutoire (Figure 27).

a) b)

Pourquoi normal

Cause Chaîne causale

Cause

première, Cause seconde, …, Finalité

Figure 26 : Typologie des réponses obtenues par l’usage du ‘pourquoi normal’ (a) et constitution d’une chaîne causale (b).

Pourquoi incolore

Effet possible sur acte illocutoire Explication des

raisons

Figure 27 : Typologie des réponses obtenues par l’usage du ‘pourquoi incolore’.

2.1.3 Comment et la Manière

Pour son analyse de la ‘Manière’, El Hasnaoui (2008) utilise le principe d’incidence pour distinguer les deux modalités d’usage du ‘Comment’. Lorsque le circonstant est incident au verbe, les termes utilisés sont soit de l’ordre du faire, i.e. la « façon » (de faire) adoptée pour conduire l’action indiquée par le verbe, soit de l’ordre du moyen (ou instrument) utilisé pour faire (Figure 28).

Par ailleurs, en sociolinguistique, Charlot (1997) différencie plusieurs formes du savoir à partir de la valeur de sa vérité (objectif vs. subjectif) et de son entendement (tacite vs. explicite). La combinaison de ces critères permet de dresser une typologie des formes du savoir (Figure 29) distinguant information, savoir et Γonnaissance.

Façon (de faire) Instrument Manière

Figure 28 : Typologie de la manière lorsque le circonstant est incident au verbe. D’après (El Hasnaoui, 2008).

Information Savoir Γonnaissance [Explicite] [Tacite]

[Objectif] [Objectif] [Subjectif] Forme du savoir

2.1.4 Qui et l’Actant

D’après Lazard (1994), les linguistes distinguent plusieurs types d’actants au sein d’une construction syntaxique : l’agent, le patient, le destinataire, l’instrument, etc. Pour sa part, il distingue les deux rôles sémantiques majeurs d’agent et d’objet (Figure 30a). L’agent est préférentiellement un humain ou un animé. L’objet peut être défini, humain, etc. Dans le cas d’une construction tri-actancielle, la considération du second agent sous la forme d’un complément de direction transforme la construction tri-actancielle en bi-actancielle (Figure 30b).

Les travaux de Jacquesson (2008) portent sur le concept de personne, qu’il appréhende selon plusieurs angles. Sous l’angle fonctionnel, c'est-à-dire la façon dont une personne est désignée par une autre, il différencie la politesse, la familiarité, l’honorifique, du tabou (Figure 31). Pour le nombre, Jacquesson (2008) propose une organisation logique en regard du nombre d’individus représentés et des relations que ceux-ci entretiennent (Figure 32). Si la personne représente un seul individu, elle est qualifiée de Singulier. Si elle représente une unité constituée de moins de 4 individus, elle est qualifiée de duel ou de triel selon qu’elle réunisse 2 ou 3 individus. Dans le cas où il n’y a pas unité des personnes, ou si leur nombre est supérieur à 3, elle est qualifiée de plurielle. Le pluriel est inclusif dans le cas où l’allocutaire fait partie de l’ensemble, et exclusif dans le cas contraire. Enfin, la désignation des personnes par un pronom amène à considérer deux constructions syntaxiques différenciant le sujet du non-sujet selon le nombre de séries d’indices utilisé. Dans le cas où une seule série est utilisée, un morphème réunit les deux personnes (i.e. la forme sagittale) qui met en évidence l’existence d’une relation entre les personnes (Figure 33).

a) b)

Actant

Objet

Agent

Actant 1 , Actant 2 Actant 3,

Agent ,Complément

de direction ,Objet

Figure 30 : Deux types d’actants (a) et transformation d’une construction tri-actancielle en bi- actancielle (b), d’après (Lazard, 1994).

Désignation de la Personne

Familiarité

Politesse Honorifique Tabou

Nombre

= 1 < 4 & Unité Sinon

Singulier Pluriel inclusif Duel, triel Inclusif Exclusif Pluriel exclusif

Figure 32 : Typologie du nombre.

Relation interpersonnelle Sujet Non-sujet

Figure 33 : Forme sagittale.

2.1.5 Quand et la Temporalité

La notion de temporalité est appréhendée selon plusieurs points de vue linguistiques. Pour caractériser la réponse à un questionnement sur la temporalité, Maingueneau (1994) utilise les notions de point, de durée et d’itération (Figure 34). Declerck (1997) par ailleurs, distingue deux formes de temporalité, l’une intemporelle, et l’autre qui s’inscrit dans la durée délimitée par un début et une fin (Figure 35a et 37b). Mascherin (2008) a identifié trois types de temps : le temps universel qui s’écoule en dehors de l’homme, le temps conventionnel partagé par une même communauté d’individus et le temps individuel correspondant à une perception personnelle de l’écoulement du temps (Figure 36). Enfin, Grenier (2001) différencie le temps physique du temps historique « où le contenu de chaque instant dépend du contenu de chacun des instants qui l’ont précédé » (Figure 37). Cette notion renvoie à la différence entre date calendaire et évènement. En ce sens, la distinction proposée par Grenier (2001) relève de la sémantique.

Point Durée Itération Questionnement

du temps

Figure 34 : Le questionnement du temps.

a) b)

Temporalité

Intemporelle Durée Début Fin,

Universel Conventionnel Individuel Temps

Figure 36 : Typologie des temps, d’après (Mascherin, 2008).

Temps

Historique Physique

Figure 37 : Logique relative des temps (Grenier, 2001).

2.1.6 Quoi/que et acte

L’acte réunit le verbe et le complément essentiel. Plusieurs classifications des verbes sont proposées dans la littérature. Tesnière (1988) définit le verbe comme un descripteur d’état ou d’une action, et différencie l’état de l’action au moyen des verbes être et faire (Figure 38). Mélis (1983) propose une classification tripartite des verbes d’action au moyen des trois critères que sont le remplacement par le verbe ‘faire’, l’adjonction de la périphrase ‘être en train de’, et la combinaison avec les verbes ‘pouvoir’ et ‘devoir’ (Figure 39). Le verbe ‘être’ est un verbe d’action dès lors que son utilisation correspond au dernier critère (‘Pierre est à la maison’ par exemple). Dubois et Dubois-Charlier (1997) propose une classification des verbes d’après les usages syntaxiques recensés. La classification rassemble les verbes « synonymes » d’un point de vue syntaxiques selon cinq niveaux emboités. Le premier niveau différencie quatorze classes génériques (Figure 40) dans laquelle la distinction état vs action avancée par Tesnière (1988) ne se retrouve pas. La variation d’emploi d’un verbe peut entraîner son insertion simultanée dans diverses classes indépendamment des classes génériques.

Action Etat Verbe

Faire Etre

Figure 38 : Typologie du verbe d’après Tesnière (1988).

Faire Pouvoir

Devoir Etre

en train de Verbe d’action

L : locatif C : communication S : saisir, serrer et posséder F : Frapper et toucher D : don et privation H : états physiques et comportements E : entrée et sortie N : munir et démunir P : verbes psychologiques M : mouvement sur place R : réalisation et mise en état U : union et réunion T : transformation et changement X : verbes auxiliaires Verbe

Figure 40 : Classification des verbes d’après Dubois et Dubois-Charlier (1997).