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Remarque 2.6.22. Ne travaillant que sur des groupes de Weyl de type A, D ou E, ici qik,ij ne vaudra que 1, entre deux sommets de couleur i, j avec mi,j= 3 ou 0, lorsque mi,j= 2.

Exemple 2.6.23. On va se placer dans un groupe de Weyl de type A3, on pose w = [3, 2, 1, 3]. On a donc u = w−1w0= s2s3. Cw= Fac(E2E3(QI)) = Fac   1 ⊕ 1 321 2 3   où QI = 2 3 1 ⊕ 1 23 2 ⊕ 1 2 3 .

Le module Vw se décompose donc de la façon suivante :

Vw= 1 ⊕ 3 ⊕ 1 321 2 3 et possède le carquois de la figure2.12.

3 1 1 3 2 1 2 3 Figure2.12 – Carquois de Vw

2.7 Existence d’une structure amassée sur Cv,w

Dans [Lec16], Leclerc prouve l’existence d’une structure amassée sur la catégorie Cv,w= Cv∩ Cw. On rappelle ici les théorèmes principaux montrés dans [Lec16] et les informations qu’ils nous donnent sur les graines de la structure amassée sur Cv,w.

Proposition 2.7.1 ([Lec16, Section 3.3]). La catégorie Cv,west close par extensions, par sommes directes et par facteurs directs.

Remarque 2.7.2. En revanche,Cw est close par modules quotients, Cv par sous-modules par définition, mais Cv,w n’est ni l’un ni l’autre en général.

De plus, on a :

Proposition 2.7.3 ([Lec16, Proposition 3.7]). La catégorie Cv,w est fonctoriellement finie.

Ces deux propositions, en tenant compte du théorème 2.6.14 permettent de conclure à l’existence d’une structure amassée sur Cv,w.

On connaît aussi un moyen de construire des graines de la structure amassée de Cv,w, via la théorie des paires de torsion qu’on introduit brièvement ici.

2.7.1 Paires de torsion

Définition 2.7.4 (Paire de torsion,[ASS06, Définition IV.1.1]). Une paire (T , F) de sous-catégories pleines de mod(Λ) est appelée paire de torsion si on a les conditions suivantes :

1. Hom(M, N) = 0 pour chaque M ∈ T , N ∈ F,

2. si X ∈ mod(Λ) est tel que Hom(X, N) = 0 pour chaque N ∈ F alors X ∈ T , 3. si Y ∈ mod(Λ) est tel que Hom(M, Y ) = 0 pour chaque M ∈ T alors Y ∈ F.

La sous-catégorie T est dite classe de torsion et ses objets objets de torsion. La catégorie F est dite classe libre de torsion et ses objets objets libres de torsion.

Proposition 2.7.5 ([Lec16, Section 3.2.5]). Soit w ∈ W , la paire (Cw,Cw) est une paire de torsion.

Définition 2.7.6. Soit X ∈ mod(Λ), w ∈ W . On note tw(X), le sous-module maximal de X dans Cw. On appelle ce module le radical de torsion de X contenu dans Cw.

Proposition 2.7.7 ([ASS06, Proposition VI 1.4]). On a X/tw(X) ∈ Cw.

2.7.2 Graine de C

v,w

On peut construire un module rigide maximal pour Cv,w en utilisant l’application tv de la façon suivante :

Proposition 2.7.8 ([Lec16, Proposition 3.12]). Soit T un module rigide maximal de Cw alors T/tv(T )

est un module rigide maximal de Cv,w.

Remarque 2.7.9. On peut alors penser qu’on a un moyen d’avoir une graine pour la structure amassée sur Cv,w.

Cependant il manque la condition selon laquelle le module doit être basique, ce que ce quotient ne nous assure pas (c’est faux en général).

D’autre part, on ne sait pas non plus comment se comporte le carquois de la graine de Cw avec ce passage au quotient.

Exemple 2.7.10. On part du module Vw= 1 ⊕ 3 ⊕ 1 321 2 3

(on numérote les facteurs directs de gauche à droite dans l’ordre croissant) de l’exemple2.6.23dans W de type A3. On prend v = s2. On va donc regarder la catégorie Cv pour calculer tv(Vw). On a u = s2w0= s1s2s3s2s1.

On a Cv= Fac  E1E2E3E2E1   2 3 1 ⊕ 1 2 3 2 ⊕ 1 2 3     = Fac(S2) = add(S2).

La catégorie Cvétant très simple (on aurait d’ailleurs pu se dire que V[2]est un module rigide maximal de cette catégorie et en déduire facilement cette expression), il est aisé de déterminer les ts2(Vi) :

ts2(1) = 0, ts2(3) = 0, ts2 1 3 2 ! = 2, ts2   1 2 3   = 0

et donc les quotients successifs sont :

V1/ts2(V1) = V1= 1, V2/ts2(V2) = V2= 3, V3/ts2(V3) = 1 ⊕ 3 V4/ts2(V4) = V4

et finalement on a

Vw/ts2(Vw) = 1 ⊕ 3 ⊕ 1 ⊕ 3 ⊕ 1 2 3 . Ce module n’est pas basique, on a deux modules isomorphes à S1et S3.

Cependant en retirant les modules surnuméraires, on obtient bien un module rigide basique de la catégorie Cs2,s3s2s3s1. C’est d’ailleurs le même module que celui obtenu par application de l’algorithme

3.2.4. On étudiera la connexion entre ces deux façons de calculer une graine de la structure amassée de Cv,wà la section5.3.

2.7.3 Lien avec C[N]

Définition 2.7.11. Soit T un module rigide maximal basique de C une sous-catégorie de mod(Λ) ayant une structure amassée. On pose T la collection de tous les modules rigides maximaux basiques C-accessibles à partir de T . On pose T = T1⊕ · · · ⊕ Tk la décomposition de T ∈ T en facteurs directs indécomposables.

On note R(C) la C-sous algèbre de C[N] engendrée par les fonctions ϕTi (définies à la définition2.4.15

pour Ti facteur direct de T ∈ T et 1 ≤ i ≤ k). On définit aussi S(C) := VectCM | M ∈ Ci.

2.7. Existence d’une structure amassée sur Cv,w 43 On peut alors donner une description explicite de cet espace lorsque C = Cv,w.

Proposition 2.7.12 ([Lec16, Proposition 4.2]). On a

S(Cv,w) =N(v)C[N]N(w)

:= {f ∈ C[N] | f(nxn

) = f(x) ∀x ∈ N, n ∈ N(v), n

∈ N(w)}

où N(v) := N ∩ (v−1Nv) et N(w) = N ∩ (w−1N w).

Afin de définir R(Cv,w) il faut fixer un module rigide maximal basique de Cv,w. Pour cela, on choisit un représentant w de w ∈ W et on définit le module Vwcomme dans la définition2.6.21. On définit alors le module Uw= Vw/tv(Vw) comme à la proposition2.7.8.

On peut donner une description plus combinatoire de ce module de la façon suivante :

Définition 2.7.13. Etant donné w = [iℓ(w), . . . , i1] et v ∈ W , on va définir une suite d’éléments de W (v(0), . . . , v(ℓ(w))) selon le schéma inductif suivant :

v(0)= e, v(k)=  sikv(k−1) si vv−1 (k−1)sik < vv(k−1)−1 v(k−1) sinon on a alors v(0)≤ · · · ≤ v(r)= v.

Remarque 2.7.14. C’est cette méthode qui est utilisée par les algorithmes Sage développés pour modéliser l’algorithme de mutation pour déterminer le représentant de v minimal à droite dans w.

Définition 2.7.15. On pose l’ensemble

Jv,w:= {k ∈ {1, . . . , ℓ(w)} | v(k)= v(k−1)}, autrement dit l’ensemble des indices de stagnation de la suite (v(k))k.

Proposition 2.7.16. On a alors|Jv,w| = ℓ(w) − ℓ(v) = dim Rv,w.

On peut alors définir les facteurs directs de Uw de la façon suivante :

Définition 2.7.17. Pour tout 1≤ j ≤ ℓ(w), on pose Uj:= E

v−1(j)Vj.

On a alors la proposition suivante, établissant la relation entre les deux définitions de Uw:

Proposition 2.7.18 ([Lec16, Proposition 4.3]). On a Uj = Vj/tv(Vj) et donc Uw= L

1≤j≤ℓ(w)

Uj, de plus

Σ(Uw) = ℓ(w) − ℓ(v).

Ainsi on a le nombre de facteurs indécomposables distincts d’une graine pour la structure amassée sur Cv,w.

Finalement on peut énoncer le théorème suivant, précisant la structure amassée sur Cv,w et son lien avec l’anneau de coordonnées de la variété de Richardson ouverte Rv,w.

Théorème 2.7.19 ([Lec16, Théorème 4.5]). On a les propositions suivantes :

1. Pour v ≤ w ∈ W ,le sous-espace S(Cv,w) de C[N] est égal à l’anneau des polynômes doublement

invariantsN(v)C[N]N(w).

2. La localisation Sv,w de S(Cv,w) par rapport au sous-ensemble multiplicatif

Mv,w= {ϕP | P projectif de Cv,w}

est isomorphe à C[Rv,w].

3. La catégorie Cv,w a une structure amassée. La sous-algèbre R(Cv,w) de S(Cv,w) a la structure d’une

algèbre amassée. L’ensemble Mv,w correspond à l’ensemble des monômes en les variables gelées de R(Cv,w). Ainsi, l’algèbre amassée Rv,wobtenue à partir de R(Cv,w) en inversant les variables d’amas

gelées est isomorphe à une sous-algèbre amassée eRv,w de C[Rv,w].

5. Si Cv,w a un nombre fini d’objets indécomposables à isomorphisme près, on a R(Cv,w) = S(Cv,w) et

l’algèbre amassée eRv,w est égale à C[Rv,w].

Remarque 2.7.20. L’isomorphisme du point 2. du théorème 2.7.19 provient de l’isomorphisme de va-riétés (N ∩ v−1N v)∩ (v−1BwB) ∼= Rv,w défini par l’application x 7→ π(evw) où ici ev désigne un représentant distingué de v (voir [BGY06] et [Lec16, Lemme 2.2]).

Conjecture 2.7.21. On a l’égalité eRv,w= C[Rv,w] en général.

En plus de [Lec16] qui prouve la conjecture dans le cas où Cv,w a un nombre fini d’indécomposables et dans celui w = vv avec ℓ(w) = ℓ(v) + ℓ(v), [SSW20] la prouvent dans le cas des variétés ouvertes de Schubert sur la Grasmannienne. De plus [GL19] montrent que l’anneau de coordonnées d’une variété positroïde ouverte coïncide avec l’algèbre amassée associée à un diagramme de Postnikov. Dans ce cas, en regardant l’action de B sur G à droite et non plus à gauche, la graine combinatoire qu’ils définissent correspond à la graine Uw, définie à la proposition2.7.8par Leclerc.