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L’Association ESPACES est l’un des acteurs utilisant ces “clés” pour mener à bien des projets de renaturation (1). La Petite Ceinture, quant à elle, est un parfait exemple de leur mise en pratique concrète (2).

1- L’Association ESPACES : l’insertion professionnelle via l’écologie urbaine

Le mouvement de l’économie sociale et solidaire accompagne le développement de filières innovantes dans l’aménagement de la ville durable. Grâce à la filière de l’écologie urbaine, certaines associations d’insertion luttent contre l’exclusion sociale des chômeurs de longue durée et de l’ensemble des personnes exclues du marché du travail. L’Association ESPACES est l’une d’entre elles. Fondée en 1994 après la fermeture d’une usine de Renault, elle compte aujourd’hui 140 salariés en insertion et une cinquantaine de permanents. Localisée dans l’ouest parisien, l’activité de l’association s’élargit au

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travers de chantiers thématiques autour de la gestion de la Petite Ceinture et de l’aménagement des berges de Seine, ainsi que d’activités de maraîchage, jardins partagés et travaux forestiers hippomobiles. Très peu mécanisée, elle forme ses salariés aux anciennes techniques d’aménagement, ce qui limite les zones d’intervention mais permet des aménagements de grande qualité. Son histoire a débuté par une collaboration avec VNF sur la thématique Seine. Depuis une dizaine d’années, elle intervient sur des aménagements de la Petite Ceinture et des talus ferroviaires des Hauts-de-Seine et des Yvelines, en partenariat avec SNCF Réseau. L’objectif social et environnemental d’ESPACES, son expertise technique et professionnelle ainsi que ses résultats probants lui ont permis de construire des partenariats durables avec les gestionnaires de réseaux. Un chantier d’insertion se compose d’une équipe de 7 à 8 personnes travaillant 26 heures par semaine et accompagnées d’un encadrement technique.

L’association a développé en parallèle :

- une centralisation des techniques et savoirs-faire dans le domaine de l’aménagement urbain

écologique et durable (renaturation, végétalisation, agriculture biologique, semis etc.) - une connaissance fine et globale du territoire et de ses enjeux.

Depuis maintenant plus de 20 ans, elle capitalise son expérience de terrain et valorise son expertise et ses accomplissements auprès de l’ensemble des parties prenantes, qu’elles soient Etat, établissements et collectivités publics, partenaires et grand public.

Ainsi, l’Association ESPACES a pu, grâce à l’écologie urbaine, réaliser de nombreux projets de renaturation via l’insertion professionnelle. Elle est notamment intervenue sur la Petite Ceinture, lieu d’action privilégié des associations d’insertion dans Paris intra-muros.

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Figure 4 : Les associations présentes sur la Petite Ceinture

La Petite Ceinture, à Paris, s'étend sur 32 kilomètres, dont 20 kilomètres délaissés par la SNCF. Des opérations se sont multipliées au cours des années afin de redonner une place à la nature sur ces 20 kilomètres. Ces actions de renaturation répondent à la Stratégie Régionale pour la Biodiversité (SRB) votée par le Conseil Régional d'Ile-de-France. La SRB a notamment pour objectif le maintien et la restauration des continuités écologiques. Les talus ferroviaires végétalisés forment des espaces privilégiés pour le déplacement de la faune et de la flore. Les talus deviennent ainsi des corridors écologiques permettant de relier les espaces naturels entre eux.

La Petite Ceinture est devenue l’espace de développement d’un projet collaboratif où de nombreuses associations interviennent sur le territoire. Elles sont au nombre de cinq : ESPACES, Halage, Études et Chantiers, Interface et Crysalis. Ce sont des associations locales. En effet, la SNCF a choisi de faire appel à des associations connaissant déjà le territoire. Ce choix permet également une intervention au quotidien. Les travailleurs, souvent en situation de réinsertion professionnelle, font le ramassage des déchets, l’aménagement et la sécurisation des sites. L'association ESPACES, engagée depuis 2008 sur le projet de la Petite Ceinture, apparaît comme l'un des chefs de file en la matière. Elle est aussi présente dans les 14ème, 15ème, 16ème et 17ème arrondissements de Paris. Le chantier de la Porte de la Muette dans le 16ème arrondissement est une réussite totale. En effet, le sentier est aujourd'hui réouvert au public et prend la forme d'une promenade. Les autres associations locales effectuent un travail similaire sur le reste du linéaire.

SNCF Réseau a confié la gestion du réseau à Chantier École, une autre association d’insertion. Cette dernière a alors déterminé un zonage de l’activité. Les opérations de renaturation s'effectuent en concertation entre l'ensemble des associations. Ainsi, une rencontre a été récemment organisée afin de partager et d'harmoniser les bonnes pratiques de gestion des corridors, plus particulièrement en ce qui concerne les plantes invasives, exotiques et envahissantes. En effet, il faut les empêcher de circuler le long de la Petite Ceinture. Même si la renaturation a pour objectif de favoriser le déplacement des espèces, il faut éviter les dérives et être vigilant sur les espèces présentes sur le territoire. Pendant longtemps, la gestion de la Petite Ceinture s'est effectuée en cycle fermé. Aujourd'hui, tout est mis en œuvre afin de tendre vers le partage des connaissances notamment en faveur des associations ne disposant pas de services techniques. L'objectif final est d'aboutir à une coopération.

Au cours des entretiens, les parties prenantes, gestionnaires de réseaux et professionnels de la biodiversité, ont donc exposé leur vision de la renaturation et de sa mise en oeuvre le long des ILTe du Grand Paris. De là, une analyse retranscrite sous forme de synthèse a pu être effectuée et des préconisations ont pu être émises.

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2-4. Renaturation, ILTe et questions foncières