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Afin d’apprécier l’utilisation pratique de cette boîte mail, j’ai rencontré le 17 août 2016 Mme Romain et Mme De Bonfils, titulaires de la pharmacie Romain et De Bonfils de Prigon- rieux en Dordogne. L’engouement manifesté lors de la réponse à l’enquête par mail m’a pous- sée à les rencontrer.

Cette boîte mail, créée le 21 novembre 2015, semble montrer un réel intérêt dans cet établissement rural. Elle a été aussitôt créée suite à l’hospitalisation d’une de leurs patientes à l’institut Bergonié.

Cette boîte mail semblait très facile d’utilisation, mais depuis la mise en place du sys- tème de sécurisation OTP, son utilisation s’est complexifiée. En effet, l’accès à celle-ci néces- site un identifiant et un mot de passe. Les pharmaciennes reçoivent alors un mot de passe à usage unique sur leur boîte mail non sécurisée pour lequel seulement cinq minutes sont don- nées pour le valider. La difficulté réside dans le fait qu’aucun message d’erreur ne nous indique quel code est faux, si l’un des deux codes est mal tapé. De plus, le manque de fluidité lors de la connexion internet peut également être un frein à l’accès aux messages. Le temps imparti pour valider le code à usage unique reste restreint. Il ne permet pas de gérer une multitude de choses en même temps comme cela est bien souvent le cas dans une officine.

Cette boîte mail sécurise l’accès grâce à la carte professionnelle de santé. Or, au sein d’une équipe, tout le monde peut avoir accès à la boîte mail sécurisée dans la mesure où les boîtes mails non sécurisées sont aussi accessibles à l’ensemble de l’équipe et que les cartes professionnelles de santé sont intégrées aux ordinateurs. Elles permettent donc de garantir l’identité de l’établissement ou la réception par une équipe de santé, mais pas l’identité exacte de la personne qui ouvre le mail. Cette manipulation informatique peut cependant être tracée puisqu’à chaque tarification, l’identifiant du professionnel de santé est demandé.

Par la suite, l’utilisation reste simple, similaire à une boîte mail classique, un annuaire des boîtes mails sécurisées créées est cependant accessible.

Les pharmaciennes déplorent le fait que malgré la mise en place de leur boîte mail, des courriers de Bergonié arrivent encore par fax. Elles apprécient la simplicité de ce moyen de communication, bien qu’il n’y ait aucun compte rendu qui accompagne l’ordonnance.

Page | 120 Les fiches OMEDIT qui accompagnent l’ordonnance ont un réel intérêt. Elles permet- tent vraiment d’améliorer la prise en charge du patient. D’autant que l’explication d’un traite- ment anticancéreux est longue. Il serait, selon elles intéressant qu’une formation soit mise en place pour accompagner ces fiches.

Selon elles, la prise en charge de ces patients ne doit pas se faire au comptoir dans la mesure où beaucoup d’émotion est perceptible. Une pièce adaptée n’est pas stigmatisant, d’autant que pour les personnes qui patientent derrière, une prise en charge longue au comp- toir est parfois mal perçue. Il faut aussi prendre en considération que bien souvent, c’est la famille du patient qui vient, et que l’on ne voit pas la famille et le patient au même moment.

Une question est cependant relevée sur l’élargissement de la boîte mail notamment en matière d’accessibilité aux autres professionnels de santé dans des secteurs différents et les compatibilités de ces boîtes mails.

Cet outil de communication leur permet de mieux comprendre le traitement prescrit, notamment dans la standardisation des informations. Celles-ci seraient plus fiables que celles expliquées par le patient. Un simple courrier du médecin, expliquant que tel traitement est maintenu et que tel traitement est arrêté suffirait. L’intérêt est trouvé également dans le suivi du patient, notamment dans les informations qui pourraient être remontées. Cependant, le manque de disponibilité du personnel hospitalier laisse penser qu’ils ne sont pas encore prêts à gérer les retours d’informations de patients rentrés chez eux. Cela permet vraiment d’amé- liorer la sortie hospitalière dans la mesure où bien souvent, le traitement change et le pharma- cien est livré à lui-même à ce moment-là. Avoir l’ordonnance avant l’arrivée du patient permet vraiment d’anticiper l’approvisionnement. Ceci est particulièrement utile lorsque le patient sort de l’hôpital en début de week-end et qu’il arrive un samedi après-midi. La commande du trai- tement retarde la prise de ceux-ci au lundi suivant.

Selon elles, le Dossier Médical Partagé a tout autant d’intérêt que cette boîte mail. Il présente l’avantage d’être complété par l’ensemble des professionnels de santé. Il est égale- ment plus facile d’accès. Le fait que tous les documents soient consultables permettrait d’éviter de refaire certaines analyses.

L’évolution serait que cette boîte mail se généralise et que chaque médecin transmette, après accord du patient, l’ordonnance au pharmacien par boîte mail sécurisée au lieu de la remettre au patient. C’est en donnant de la valeur aux fonctions existantes du pharmacien qu’on peut montrer son importance. Il ne sert selon elles à rien de lui donner d’autres respon- sabilités tel que la vaccination. Cela ne fait que perdre le patient dans le circuit de sa prise en charge puisqu’il ne nous situe pas bien dans la chaine.

Concernant les prestataires, les patients ne remettent pas en question les conseils hospitaliers. Si celui-ci est conseillé par l’hôpital, il est normal que le patient fasse confiance. Le réel problème est que lors d’une hospitalisation à domicile, le pharmacien est totalement mis à l’écart pour la mise en place des produits. Cependant, lorsqu’il s’agit de détruire les produits facturés en sus ou les injectables, le pharmacien est tenu de les récupérer et de les recycler. Le pharmacien facture les produits à la semaine, il voit presque au jour le jour les produits nécessaires à la personne hospitalisée. Cela permet de limiter les frais d’hospitalisa- tion par rapport à certains prestataires qui pourraient facturer au mois. La loi impose une phar- macie pour un secteur afin que l’ensemble de la population française puisse avoir accès aux soins de proximité. Or, bien souvent, le secteur de livraison des prestataires est vaste. Le patient semble presque étonné de savoir que le pharmacien d’officine puisse effectuer ces prestations. Le pharmacien n’est pas valorisé pour ses tâches. Il est décevant de voir que certaines professions qui ne font pas partie des professions médicales ont accès aux mêmes formations que le pharmacien. Les diététiciens ont par exemple accès aux analyses biolo- giques alors qu’il est parfois difficile pour le pharmacien d’officine d’y avoir accès. Cela devrait être obligatoire dans le suivi du patient. Chacun a sa fonction, et la prise en charge globale du patient passe par une bonne communication entre le médecin et le pharmacien.

Page | 121 Il est dommage que la mise en place de cette boîte mail soit difficile. Les pharmaciens, sont selon elles, demandeurs de ce genre de technologies qui améliore la prise en charge et qui valorise le pharmacien. Une mise en place simplifiée faciliterait son étendue. D’autant que le patient se sent rassuré par le fait que les professionnels de santé communiquent entre eux. Cette boîte mail est un moyen de sécurité très intéressant, mais tellement complexe qu’il perd de son intérêt.

III.4 Enquête menée auprès des pharmacies n’ayant pas