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TRAITEMENT DE LA XEROSTOMIE : TRAITEMENT ETIOLOGIQUE DIFFICILE

B/PREPARATIONS MAGISTRALES

3.2/ EVOLUTIONS PHARMACOLOGIQUES

3.2.1/PHYTOTHERAPIE (44)

L’usage de plantes pour des applications buccodentaires est connu depuis la plus haute Antiquité. Il a perduré à travers les siècles, tant par des praticiens qu’en médecine populaire. Diverses enquêtes, ici ou là, ont montré que les connaissances à propos des plantes médicinales buccodentaires sont toujours d’actualité dans un large public.

La lavande vraie (Lavandula vera ou angustifolia ou officinalis) fait partie des Labiées. Elle croît en Europe méditerranéenne, sur des terrains calcaires, de 700 m jusqu’à 1 800 m d’altitude. Ses feuilles sont longues, étroites et blanchâtres, toute la plante a une odeur aromatique très agréable. L’étymologie de lavande viendrait de « lavare » qui signifie « laver» d’où le nom de lavandières de nos campagnes et la tradition de la lavande dans le linge. En Europe, la lavande a été cultivée pour son huile essentielle dès le XVIe siècle. La lavande vraie est inscrite dans la liste des tisanes à la Pharmacopée française (Xe édition).

La grande lavande dite spic ou aspic (Lavandula spica ou latifolia), qui croît également sur terrains calcaires, ne se développe pas au-dessus de 800 m d’altitude. Elle est plus grande, à odeur camphrée.

Les hybrides de la lavande aspic et de la lavande vraie donnent les lavandins, cultivés pour leur forte teneur en huile essentielle.

Il existe une autre espèce qui croît sur terrains siliceux à basse altitude : la lavande stoechade (Lavandula stoechas), stoechas d’Arabie ou lavande des îles d’Hyères (appelées par les Anciens « Isles Stécades »), aux fleurs pourpres, à l’odeur entêtante.

La lavande stoechade et la lavande aspic sont surtout provençales, mais se trouvent également en Algérie. Elles fleurissent un mois après la lavande vraie. La lavande stoechade se caractérise par une forte teneur en oxyde (1,8 cinéoles).

« Les fleurs et les feuilles de lavande excitent puissamment la salivation, quand on les tient dans la bouche et qu’on les mâche » indiquait Jean-Christophe Valmont de Bomare. Cet effet sialagogue est toujours reconnu. Il permet, notamment et par principe, l’élévation du pouvoir tampon salivaire, lequel favorise la défense des dents contre les attaques acides.

175 Fig.65 : lavande (d’après www.wikipedia.fr)

Un traitement par homéopathie et/ou oligoéléments peut être prescrit. Cependant l'effet supposé des médicaments homéopathiques est le plus souvent considéré comme le résultat de l'effet placébo.

3.2.2/ANTIOXYDANT

Les investigations quant au possible rôle radioprotecteur de la Vitamine E datent de plus de 30 ans.

Selon certains, l'administration avant la radiothérapie d'un antioxydant, comme la Vitamine E (alpha-tocophérol), pourrait avoir un effet protecteur, mais les résultats d'autres études ne montrent pas d'effet significatif. Il en va de même pour le bêta-carotène.

Chez le rat, Nagler et coll. ont cependant montré que la fonction de la glande parotide pouvait être partiellement protégée contre les effets de l'irradiation, à deux mois, par l'administration d'un puissant antioxydant ou d'un chélateur intracellulaire du fer (intracellular chelator of iron).

3.2.3/MEDICAMENTS CYTOPROTECTEURS (16)

En prévention, le seul médicament commercialisé en France est l’amifostine (Ethyol) par voie intraveineuse, à administrer juste avant la séance de radiothérapie.

L’efficacité de ce «cytoprotecteur » est partielle et ses conditions d’administration sont contraignantes.

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L'amifostine (Ethyol) a été développée dans les années 70 dans le cadre du programme nucléaire militaire américain.

Son effet bénéfique a été démontré par une étude randomisée et en double aveugle portant sur plus de 300 patients irradiés pour une néoplasie de la région cervico-faciale.

Les effets secondaires les plus fréquents étaient des nausées, des vomissements et une hypotension.

Plusieurs études qui ont suivi n'ont pas toutes été aussi enthousiastes. Le débat reste donc ouvert.

En Suisse, un traitement prophylactique d'amifostine coûte environ CHF 9000, pour une radiothérapie standard de six semaines. Seuls les cas pour lesquels plus de 75% du volume parotidien se trouvent dans le champ d'irradiation sont pris en charge par l'assurance maladie.

L’American society of clinical oncologie 2008, préconise l’utilisation de l’amifostine pour réduire l’incidence de l’apparition de la xérostomie lors de radiothérapie fractionnée dans les cancers de la tête et du cou.

3.2.4/RADIOSENSIBILISATEURS

Un domaine dont les radiothérapeutes attendent beaucoup dans les années à venir concerne les radiosensibilisateurs, des molécules non toxiques capables d’accentuer l’effet du rayonnement. Leur mise au point permettrait de diminuer les doses utilisées tout en conservant les mêmes effets.

Des progrès technologiques, entre autres dans la nature des faisceaux, pourraient apporter des améliorations balistiques. L’utilisation de particules telles que les protons et les ions carbones (hadronthérapie), caractérisés par un dépôt de dose élevée en fin de parcours, une faible diffusion latérale et un effet biologique très supérieurs aux faisceaux de photons et d’électrons, faciliterait le traitement des tumeurs profondes ou très radiorésistantes.

L'hadronthérapie est une technique innovante de radiothérapie pour le traitement du cancer. Elle est destinée à détruire les cellules cancéreuses radiorésistantes et inopérables en les irradiant avec un faisceau de particules. La radiothérapie conventionnelle utilise

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essentiellement des rayons X, l'hadronthérapie d'autres types de particules : des hadrons, notamment des protons (protonthérapie) et des ions carbone.

En France, la protonthérapie se pratique déjà dans les centres d’Orsay (Institut Curie) et de Nice (Centre Antoine Lacassagne). Le centre ETOILE sera le premier centre clinique national d’hadronthérapie par ions carbone. Archade, centre de ressource pour la recherche et le développement des appareils d’hadronthérapie est également en projet à Caen.

L’hadronthérapie par ions carbone est une technique de radiothérapie conformationnelle qui se distingue entre autres par sa précision balistique et son efficacité anti-tumorale.

Les équipes française des centres de protonthérapie et d’hadronthérapie par ions carbone collaborent pour préciser ensemble les indications relevant d’une technique ou de l’autre et pour préparer le recrutement commun des patients.

C’est une thérapie qui s’adresse à des cancers peu courants, référencés dans une liste d’indications prioritaires établies et présentée par ETOILE à la Haute Autorité de Santé.

3.2.5/CONCEPT DES AGONISTES DE RECEPTEUR (22)

La stimulation des récepteurs membranaires adrénergiques ou muscariniques pendant la période d'irradiation pourrait conférer une protection aux glandes salivaires.

Le mécanisme d'action n'est pas connu, mais il pourrait s'agir d'un changement de structure tridimensionnelle de la membrane cellulaire empêchant les radicaux libres d'atteindre les molécules membranaires clés.

Coppes et coll. ont démontré sur des rats que la métacholine (parasympathomimétique) associée au phényléphrine (sympathomimétique) est la combinaison qui confère la meilleure protection. Huit mois après l'irradiation, 50% du flux parotidien étaient conservés.

Dans une étude semblable, Zeilstra et coll. suggèrent que la protection de la morphologie ainsi que de la fonction des glandes salivaires, stimulées par des sialagogues pendant l'irradiation, pourraient être dus à une résistance augmentée des cellules progénitrices aux effets létaux des rayons.

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