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Evolution de l’effet des différents facteurs dans le temps

Une régression logistique identique à celle qui a été effectuée ci-dessus pour dé-cembre 2000 a été menée pour mars 199731. La comparaison de l’effet des différents facteurs sur les taux d’occupation aux deux périodes constituant les deux extrêmes de notre série statistique32, permet de répondre à de nombreuses questions restées ouver-tes à l’issue de l’étude menée en 1996-97 (Tableau 26).

Le principal résultat général est celui d’une très grande stabilité de l’effet des dif-férentes caractéristiques individuelles sur l’occupation. L’effet du permis de séjour, du sexe, de l’état civil et de l’âge se révèlent identiques aux deux périodes.

L’effet du temps de séjour s’est par contre modifié. On observe en 2000 une pro-gression nettement moins marquée des taux d’occupation entre la deuxième et la qua-trième année de présence en Suisse. De manière générale, l’effet du temps de séjour s’est amoindri entre 97 et 2000. Cette situation s’explique par un effet de cohorte dont l’existence avait été soupçonnée lors de la première étude: les personnes entrées sur le marché du travail au début des années 90 dans une conjoncture relativement favorable connaissaient en 1997 entre 3 et 10 années de séjour. Celles qui sont toujours occupées en 2000 connaissent toutes plus de 5 années de séjour alors que ce sont les personnes entrées sur le marché du travail moins favorable du milieu des années nonante qui to-talisaient en 2000 entre 3 et 5 années de séjour. Pour ce groupe, l’allongement du temps de séjour n’est dès lors pas corrélé avec un accroissement du taux d’occupation.

Cette évolution indique la présence d’un effet conjoncturel.

Les évolutions observées à l’échelle des cantons sont, elles aussi, de faible am-pleur. Seuls les cantons d’Obwald et du Jura connaissent une amélioration marquée de l’insertion sur le marché du travail. Cette dernière doit être considérée avec prudence au vu du nombre réduit de demandeurs d’asile domiciliés dans ces deux cantons. Les cantons de Zoug et de Saint Gall connaissent par contre une diminution des taux d’occupation relatifs aux résultats du canton de Zurich. On peut conclure de cette sta-bilité dans les résultats cantonaux que ni les pratiques administratives, ni la situation d’ensemble du marché du travail ne se sont modifiés de manière marquée au cours de la période. Il s’agit bien évidemment ici d’un constat relatif impliquant la situation d’un canton vis-à-vis des autres. On sait, en effet, que la conjoncture économique d’ensemble s’est modifiée.

Tableau 26 : Comparaison de l’effet des différents facteurs sur l’emploi 97-00

RR mars 1997 RR déc. 2000 Différence Permis (F) 1.79 1.80 0.0 Sexe (Hommes) 3.20 3.98 0.8 Etat civil (Marié) 0.75 0.81 0.1

Séjour 0.0

31 Le pourcentage de cas expliqué par cette régression est de 81%.

32 Rappelons que si les données de décembre 1996 existent, ces dernières présentent certaines lacunes de fiabilité. la faiblesse des effets saisonniers relevés plus haut nous semble autoriser la comparaison de deux périodes distinctes de l’année.

RR mars 1997 RR déc. 2000 Différence

Nationalité 0.0

Apatrides 0.28 0.65 0.4

Albanie 0.37 0.33 0.0

Roumanie 0.38 0.72 0.3

Turquie 1.29 1.40 0.1

Algérie 0.40 0.54 0.1

Angola 1.49 1.87 0.4

Guinée-Bissau 0.04 0.07 0.0

Guinée 0.18 0.42 0.2

Somalie 0.83 0.81 0.0

Colombie 0.04 2.83 2.8

Afghanistan 1.47 1.72 0.3

Sri Lanka 4.00 4.09 0.1

Inde 1.66 1.53 -0.1

Irak 0.84 2.22 1.4

Iran 0.83 1.19 0.4

Liban 0.20 0.33 0.1

Mongolie 0.07 1.57 1.5

Pakistan 1.47 2.00 0.5

Syrie 1.33 1.27 -0.1

Bangladesh 2.97 1.61 -1.4

RR mars 1997 RR déc. 2000 Différence

Ex-URSS 1.16 1.00 -0.2

Reste Af. du N. et M.O. 0.42 0.68 0.3 Reste Asie + Océanie 2.89 2.50 -0.4 Pays Occident. 0.01 0.01 0.0 Reste Amérique du Sud 0.99 1.31 0.3 Reste Afrique 1.08 1.34 0.3 Ethiopie + Erythrée 2.53 4.11 1.6 Autres Ex-pays de l'Est 0.22 1.97 1.7

Age 0.0

15-19 ans 0.40 0.37 0.0 20-24 ans 1.17 1.09 -0.1 50 ans et plus 0.34 0.29 -0.1

Constante 0.01 0.02 0.0

Synthèse

Ce chapitre avait pour objectif d’analyser les facteurs influençant l’occupation des demandeurs d’asile. Les effets du sexe, plus faible insertion des femmes, et de l’âge, plus faible insertion des personnes âgées, ont en particulier été soulignés de même que ceux de la nationalité et du canton de domicile. Certains groupes nationaux, en particu-lier les Sri Lankais et les Ethiopiens et Erythréens connaissent des taux d’occupation largement supérieurs à la plupart des autres groupes. Les cantons connaissent eux aussi des taux d’occupation très variables. L’étude de 1996–97 avait montré qu’ils reflètent à la fois des pratiques différenciées dans l’octroi des autorisations de travail et des si-tuations diverses sur le marché du travail. Cette situation s’est maintenue de manière remarquablement stable durant l’ensemble de la période étudiée.

Le temps de séjour reste un facteur important en regard de l’insertion profession-nelle, mais son impact s’est quelque peu amoindri au fil des années. Si au cours de leur première année de séjour, les taux d’occupation des demandeurs d’asile restent parti-culièrement faibles, l’accroissement de l’occupation au cours des années ultérieures est moins marqué en 2000 qu’il ne l’était au début de la période étudiée. Les groupes arri-vés durant le début des années nonante semblent s’être insérés avec plus de facilité sur le marché du travail que les cohortes arrivées par la suite.

Ce chapitre a par ailleurs permis d’estimer le coût de différentes options politiques en matière d’accès au marché du travail. Le coût d’une interdiction générale d’une année visant l’ensemble des demandeurs d’asile a ainsi pu être estimé à 5 millions de francs environ. Cette somme correspond aux forfaits d’assistance supplémentaires qui de-vraient être versés au canton en raison de l’inactivité d’une partie de la population de demandeurs d’asile. Le coût d’une interdiction totale de travail sans limitation de du-rée se monterait à 200 millions de francs environ. La mesure ponctuelle d’interdiction de travail d’une durée d’une année en vigueur entre septembre1999 et septembre 2000 n’a, par contre, éloigné du marché du travail qu’un petit groupe de requérants d’asile occupés. Elle a eu peu d’effet sur les coûts d’assistance.