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Les employeurs des demandeurs d’asile

Tableau 15: Entreprises par nombre de demandeurs d’asile occupés

Entreprise par nombre de demandeurs d'asile employés

6020 67.5 1466 16.4 1310 14.7 102 1.1 17 .2 98 8915

> 25 maximum Total

Nous avons vu que les demandeurs d’asile remplissaient principalement des fonc-tions subalternes dans des branches bien spécifiques de l’économie. On peut se de-mander si les entreprises qui emploient cette main-d’œuvre ont recours à elle de ma-nière marginale ou à une large échelle24. On peut par ailleurs se demander combien d’entreprises ou d’indépendants ont recours à cette main-d’œuvre en Suisse. Le Tableau 15 permet d’observer l’effectif de demandeurs d’asile employés dans chaque entreprise. En décembre 2000, 8234 entreprises ont recours aux demandeurs d’asile.

Sur l’ensemble de la période, les entreprises employant 1 demandeur d’asile sont majoritaires avec une moyenne de 69.1% du total des occupés. Suivent ensuite celles qui emploient 2 demandeurs d’asile (16%), puis 3-10 employés (13.6%) et enfin 1%

pour 11 à 25 employés et 0.2% pour plus de 25. Il est encore à noter qu’une entreprise a occupé jusqu’à 111 demandeurs d’asile en décembre 1998. En conclusion, les de-mandeurs d’asile sont le plus souvent les seuls de leur statut au sein des entreprises où ils travaillent. Ceci incite à penser qu’ils occupent des fonctions d’appoint au bas de l’échelle de qualification (casserolier de restaurant par exemple) et que l’éventail des fonctions qui leur est proposé est restreint. Dans le même temps, on constate que cer-taines entreprises ont trouvé chez les demandeurs d’asile une source importante de main-d’œuvre. Au cours de la période de 1996 à 2000 (17 trimestres), 15 entreprises ont figuré successivement parmi les 5 plus grands employeurs de demandeur d’asile.

L’une d’entre elles a tenu ce rang continuellement durant les 17 trimestres, une autre pendant 16 trimestres.

Les données qui nous ont été fournies ne permettent pas de caractériser plus avant ces

« grands employeurs ». Il nous est cependant possible d’étudier le degré d’homogénéité nationale des demandeurs d’asile employés. Les trois tableaux qui sui-vent montrent que les grands employeurs semblent privilégier une certaine uniformité dans les origines (Tableau 16, Tableau 17 et Tableau 18)25. Le premier employeur, actif dans le domaine du nettoyage, a ainsi principalement recours à des Somaliens tandis que les deux autres privilégient les Sri Lankais. Dans l’étude menée en 1997, nous avions présenté les différents arguments avancés par les employeurs en faveur et en défaveur de l’homogénéité des origines (Piguet et Misteli 1996).

24 Rappelons que nous ne disposons pas dans AUPER d’information sur la taille des entreprises.

25 Chiffres au 31.12.2000

Tableau 16: Origines des demandeurs d’asile occupés par l’employeur 1 Ethiopie + Erythrée Turquie

Tableau 17: Origines des demandeurs d’asile occupés par l’employeur 2

53 80.3

Ethiopie + Erythrée Somalie

Ex-Yougoslavie Afghanistan Total

n %

Tableau 18: Origines des demandeurs d’asile occupés par l’employeur 3

49 84.5 Ethiopie + Erythrée Total

n %

Synthèse

Ce chapitre avait pour principal objectif de répondre à la question du rôle joué par les demandeurs d’asile dans l’économie suisse depuis 1996. Les conclusions diffèrent peu de celles de notre étude de 1996-97 : Les demandeurs d’asile ont continué à jouer un rôle modeste mais bien réel comme main-d’œuvre d’appoint, au plus bas niveau de l’échelle des qualifications et principalement dans l’hôtellerie et la restauration.

De manière générale, l’effectif des demandeurs d’asile occupés et le nombre d’entreprises ayant recours à cette main-d’œuvre sont restés remarquablement stables.

On peut en conclure qu’un socle de demande de main-d’œuvre de l’ordre de 15 à 17’000 postes de travail existe sur ce segment du marché du travail suisse26. Récem-ment, il semble qu’un certain accroissement de la demande se soit manifesté. Il s’est cependant produit simultanément avec une diminution importante de l’effectif des de-mandeurs d’asile et a, par conséquent, conduit surtout à un accroissement des taux d’occupation tandis que l’effectif absolu des demandeurs d’asile occupés ne s’accroissait que de manière limitée.

Qu’adviendrait-il dans le cas, fort hypothétique, où la population de demandeurs d’asile se réduirait massivement ou si une interdiction de travail était prononcée à l’encontre de cette population ? A l’évidence les conséquences pour le marché du tra-vail helvétique resteraient marginales. Certaines entreprises seraient cependant plus fortement touchées et quelques-unes auraient sans doute de grandes difficultés à re-trouver une main-d’œuvre comparable dans d’autres groupes de la population.

26 Une extension intéressante de la recherche pourrait se baser sur ce constat pour formuler l’hypothèse d’un phénomène de « queue » sur le marché du travail. Selon cette hypothèse, les per-sonnes présentant, en termes relatifs, les caractéristiques les plus favorables trouvent un emploi quel-les que soient, dans l’absolu, ces caractéristiques. Selon la théorie du « Queuing model of unemploy-ment » : “Limits on overall demand or problems inherent in capitalist labor markets are what pre-vent employers from offering enough jobs for all workers who are willing to hold them. This job shortage produces a queue of job seekers for each job vacancy. Unemployed workers in the queue are identified by a variety of characteristics, such as their job skills, educational attainment, race, ethnicity, and gender, characteristics that employers use to distinguish among more and less desir-able job candidates. Workers with the most desirdesir-able traits are the first to be hired and are the most likely to hold on to their jobs in a downturn; workers with the least desirable traits are the last to be hired and the first to be let go when employers are forced to scale back their operations.” (Burtless 1999). Une analyse satisfaisante de ces phénomènes devrait prendre en considération les autres caté-gories de personnes susceptibles d’occuper les mêmes emplois que les demandeurs d’asile. Dans la perspective de l’hypothèse de « queuing » en effet, les demandeurs d’asile se trouvent concurrencés par les réfugiés statutaires ou les personnes bénéficiant d’un permis humanitaire. L’absence de lien entre les données AUPER et les données du RCE empêche pour l’instant une telle analyse.

Les facteurs déterminant l’insertion sur le