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Evolution des données obtenues au rhéomètre en fonction du temps de repos 158

CHAPITRE 3 : COMPORTEMENT A L’ETAT FRAIS

3.2. Résultats et discussions

3.2.2. Propriétés rhéologiques en fonction du temps de repos après le malaxage

3.2.2.2. Evolution des données obtenues au rhéomètre en fonction du temps de repos 158

Les mesures au rhéomètre permettent de déterminer le seuil statique de cisaillement et la viscosité plastique. Pour étudier l’évolution des propriétés d’écoulement dans le temps, nous avons tracé les courbes d’écoulement de chaque BFUP sur la Figure 3 – 7.

880_2%_FS 880_2%_MK

880_1,5%_MK 680_2%_MK

Figure 3 – 7 : Courbes d’écoulement des BFUP étudiés après différents temps de repos

L’analyse globale de la Figure 3-8 montre que, quel que soit le temps de repos, le comportement des BFUP demeure de type Binghamien. Nous pouvons observer que les courbes d’écoulement du BFUP incorporant de la fumée de silice 880-2%-FS ne sont

quasiment pas affectées par le temps de repos dans la plage étudiée de 10 à 20 minutes après la fin de malaxage. En revanche, les BFUP avec métakaolin ont un comportement qui évolue significativement avec le temps de repos. Celui avec 1,5% de fibres conserve des courbes d’écoulement assez proches, résultat que l’on peut relier à la quantité inférieure de fibres de cette formulation. Par contre, la formulation 880-2%-MK présente la variation la plus forte, à relier au plus fort dosage en liant, en métakaolin et en fibres. Ces résultats sont concordants avec ceux obtenus au mini-cône et à la mini-boite en L, ce qui traduit une corrélation entre ces grandeurs.

Nous sommes appuyés sur l’hypothèse que tous les BFUP présentent un comportement Binghamien dans la plage des valeurs de vitesse de cisaillement étudiée. Les valeurs de seuil de cisaillement et de viscosité plastique peuvent donc être calculées pour chaque temps de repos.

La Figure 3 - 8 présente l’évolution du seuil statique et de la viscosité plastique en fonction du temps de repos.

Evolutions du seuil statique en fonction du temps de repos

Evolutions de la viscosité plastique en fonction du temps de repos

Figure 3 - 8 : Evolutions du seuil statique et de viscosité pastique en fonction du temps de repos

Globalement, pour toutes les formules testées, les seuils statiques de cisaillement augmentent avec le temps de repos. Ceci traduit la capacité de structuration lorsque les bétons sont au repos, et par conséquent, la perte de maniabilité dans le temps. Ces données sont concordantes avec les mesures d’étalement présentées précédemment. La confrontation entre les BFUP montre que la formule 880-2%-MK présente les seuils statiques les plus élevés quel que soit le temps de repos. Nous pouvons relever une cinétique plus forte du seuil de cette formule à partir de 15 minutes de repos, avec une valeur de seuil statique de 727 Pa après 20 minutes de repos. La cinétique d’évolution du seuil statique des autres formules est semblable,

mais avec des amplitudes légèrement différentes (variant de 405 à 523 Pa après 20 minutes de repos). La plus faible évolution à cette échéance a été obtenue pour la formule 880-1,5%-MK, qui contient moins de fibres.

En ce qui concerne les valeurs de viscosité plastique, nous pouvons observer que celle du BFUP avec la fumée de silice évolue peu avec le temps de repos, contrairement à celles des BFUP qui incorporent du métakaolin. De plus, elle est significativement inférieure à celles des BFUP à base de métakaolin quel que soit le temps de repos. Ces résultats confirment ceux des mesures du temps d’écoulement à la mini-boite en L analysées précédemment, ce qui semble révéler une corrélation entre ces données dynamiques d’ouvrabilité. Ces effets peuvent être attribués à la différence de forme entre les particules de métakaolin et celles de fumée de silice. (Rahman et al., 2014) ont montré que les propriétés rhéologiques des bétons sont améliorées lors de l’utilisation de fumée de silice en raison de sa forme régulière et ronde qui atténue les frottements entre ses grains. La forme irrégulière de type plaquette du métakaolin peut, quant à elle, expliquer les fortes amplitudes de la viscosité plastique du fait de frottements plus importants entre ses particules (Cyr et Mouret, 2003). Cette explication est confirmée par l’analyse de 30000 grains de métakaolin par le moyen d’un microscope optique équipé d’un système de caractérisation de particules automatisé. En effet, le rapport d’aspect qui correspond au rapport largeur sur longueur de particules de métakaolin est égal à 0,72 ± 0,02, ce qui indique que les grains de métakaolin sont de forme allongée par rapport aux particules de fumée de silice considérées comme parfaitement sphériques (rapport d’aspect de moins de 1 dans le second cas) (Cyr et Mouret, 2003).

La comparaison des viscosités plastiques des compositions à base de métakaolin montre que les fractions volumiques de métakaolin et de fibres peuvent influencer l’évolution de la viscosité plastique. En effet, la composition 880-2%-MK contenant des quantités plus importantes en métakaolin et en fibres présente la viscosité plastique la plus élevée. En terme de cinétique, les viscosités plastiques de toutes les formulations à base de métakaolin évoluent peu entre 0 et 10 minutes de temps de repos. En revanche, au-delà, le 880-2%-MK développe la cinétique la plus intense par rapport aux autres compositions avec métakaolin avec moins de fibres 880-1,5%-MK ou avec moins de liant 680-2%-MK.

a) Etalement en fonction du seuil statique avec ensemble des données après chaque

temps de repos

b) Temps d’écoulement (TL_box_2) en fonction de la viscosité plastique avec

ensemble des données après chaque temps de repos

Figure 3 – 9 : Evolution des mesures d’étalement et de temps découlement en fonction respectivement du seuil statique de cisaillement et de la viscosité plastique

Sur la base des données expérimentales et pour l’ensemble des BFUP étudiés, nous pouvons constater sur la Figure 3 – 9a une diminution des valeurs d’étalement en fonction du seuil statique de cisaillement. (Roussel, 2006b) avait mis en évidence que la perte de maniabilité dans le temps, révélée par les diminutions d’étalement, est corrélée à l’augmentation avec le temps de repos de la contrainte de cisaillement nécessaire pour faire s’écouler le matériau. La Figure 3 – 9b montre une relation croissante quasi linéaire entre la viscosité plastique et le temps d’écoulement T_Lbox_2. Elle confirme aussi que le comportement dynamique des BFUP avec métakaolin est différent de celui avec fumée de silice.

3.2.2.3. Investigation de la thixotropie des BFUP étudiés

Lorsqu’un béton est au repos, il est sujet à deux phénomènes. Le premier phénomène est consécutif à l’évolution du matériau due aux réactions d’hydratation qui sont évidemment irréversibles. Dans notre cas, nous avons effectué les mesures pendant une période de 30 minutes à partir du moment où l’eau et le ciment sont en contact. Par conséquent, les phénomènes d’hydratation peuvent être négligés (Roussel, 2008). Le deuxième est la structuration induite par la thixotropie. La thixotropie caractérise le comportement d’un matériau qui, lorsqu’une contrainte de cisaillement est appliquée puis maintenue fixe après un long temps de repos, voit sa viscosité apparente décroître avec la durée de l’écoulement. Puis le matériau retrouve son état initial. Selon (Roussel et al., 2012), les matériaux cimentaires sont plus ou moins thixotropes selon leur composition. L’origine de la thixotropie est liée à la nature colloïdale des matériaux cimentaires, et plus particulièrement des particules les plus

fines (ciment, additions, fines du sable), et ce caractère varie en fonction de leur nature et dosage. Le phénomène de thixotropie peut entrainer la formation d’interfaces de moindre résistance entre deux couches coulées à des intervalles de temps excessifs. Son étude dans le cas de nos matériaux est donc indispensable vis-à-vis de potentielles reprises de bétonnage.

Il y a deux façons d’évaluer la thixotropie : la première consiste à mesurer la capacité de déstructuration sous une vitesse de cisaillement constante ; la deuxième, utilisée dans notre cas, consiste à mesurer le seuil statique de cisaillement de béton à différents temps de repos.

La thixotropie qui caractérise la structuration du matériau au repos, est évaluée par l’intermédiaire du paramètre Athix qui correspond à la pente de la relation du seuil statique en fonction du temps de repos dont les points expérimentaux de l’ensemble des BFUP sont présentés sur la Figure 3 – 10. Précisons que le mélange granulaire n’a subi aucune sollicitation autre que son malaxage, il peut donc être considéré comme une suspension initialement structurée.

Figure 3 – 10 : Evolution du seuil statique de cisaillement en fonction du temps de repos

Nous pouvons constater, d’après la Figure 3 – 10, que le seuil statique de cisaillement augmente quasiment linéairement jusqu’à 15 minutes de temps de repos, puis augmente significativement au-delà. Il est donc possible de déduire le coefficient directeur de la régression linéaire qui correspond au coefficient de structuration noté Athix, qui caractérise la thixotropie selon (Roussel, 2006a). Ce calcul s’appuie sur l’hypothèse que le comportement rhéologique des matériaux étudiés est de type Binghamien dans la plage de gradient de vitesse de cisaillement étudié.

La capacité de structuration Athix de chaque béton est présentée dans le Tableau 3 – 3, auquel nous avons ajouté la classification proposée par (Roussel, 2006a).

Tableau 3 – 3 : Valeurs du paramètre de thixotropie Athix et classification du caractère thixotropique des BFUP étudiés

Béton Thixotropie

Athix (Pa/s) Classification (Roussel, 2006a)

880-2%-FS 0,23 constater que le BFUP formulé avec la fumée de silice est le moins thixotrope en comparaison aux BFUP qui incorporent du métakaolin. Ces comportements sensiblement différents sont vraisemblablement liés à la composition de mélange, à la nature et au dosage des constituants et aux interactions inter-particulaires. En effet, les travaux de (Ahari et al., 2015) ont montré que la nature de l’addition minérale et son interaction avec les autres fines présentes dans le mélange jouent un rôle sur la restructuration du béton. Ils ont montré que l’utilisation du métakaolin dans la formulation de bétons autoplaçants accentue la thixotropie et que cet effet dépend du taux de substitution du ciment par cette ultrafine. Dans cette étude, une forte thixotropie a notamment été observée pour un béton autoplaçant qui incorpore 36% de métakaolin par rapport à la masse totale de liant. Dans notre cas, le BFUP le plus thixotrope est celui qui contient les quantités de métakaolin et de fibres métalliques les plus importantes, noté 880-2%-MK. La plus forte thixotropie de ce matériau peut être expliquée par les interactions particulaires qui sont fonctions de la forme des grains et de leur quantité. En effet, les particules de métakaolin sont de type plaquettes, et de forme allongée et angulaire, et sont susceptibles de développer des liaisons inter-particulaires au repos qui piègent une quantité importante d’eau et de superplastifiant. Par conséquent, plus le temps de repos augmente, et plus les liaisons inter-particulaires deviennent nombreuses et solides accroissant ainsi le seuil statique de cisaillement. Les fibres métalliques, quant à elles, agissent comme un facteur d’amélioration de la liaison inter-particulaire et donc d’accumulation structurelle par effet de congestion. Le couplage de ces deux effets peut être à l’origine de la thixotropie plus importante du mélange 880-2%-MK.

3.3. Impact de la thixotropie sur le process de production