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Chapitre 3 Evaluation des paramètres de la vision

2. Les tests classiques

2.4. Evaluation de la vision des couleurs

Les tests de vision des couleurs visent à répondre à différents objectifs: le diagnostic initial de daltonisme, le suivi de l'évolution de certaines maladies, ou la capacité à effectuer des tâches, dans des domaines professionnels particuliers.

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(http://acces.ens-lyon.fr/acces/thematiques/neurosciences/actualisation-des-

Chapitre 3 Evaluation des paramètres de la vision

117 2.4.1. Les méthodes à lampes

Pour vérifier l’aptitude à certaines professions, certains tests utilisent des lampes (ou « lanternes »), qui génèrent des signaux lumineux semblables à ceux rencontrés dans le cadre professionnel considéré : c’est le cas par exemple pour le recrutement dans les forces armées (par exemple au Canada et en Inde) ou pour les chemins de fer [ACFC 2018].

2.4.2. Les planches pseudo isochromatiques (PIC)

L’exemple le plus connu est le test d'Ishihara [Ishihara 1960], qui permet d’identifier les sujets avec des modifications sur les cônes M et L uniquement (pas sur les cônes S), mais sans donner d’indication précise sur la gravité de l’atteinte.

On distingue plusieurs types de planches pseudo-isochromatiques à l'intérieur des albums (figure 68):

- les planches de démonstration : lisibles en principe par tout sujet, normal ou pathologique. - les planches d'épreuve : lues par le sujet normal et non par le sujet pathologique.

- les planches de confusion : lues différemment par le sujet normal et le sujet pathologique. - les planches de contre-épreuve : lues par le sujet pathologique et non par le sujet normal. - les planches de diagnostic qualitatif : précisent l'axe du déficit coloré, le motif et le fond étant sur l'axe neutre d'un type donné de dyschromatopsie.

- les planches sans motif sur le fond.

La lecture correcte des planches de diagnostic peut éliminer toute suspicion de dysfonctionnement de la vision des couleurs, par contre une lecture incorrecte signifie une dyschromatopsie d’axe protan ou deutan qu'on ne peut pas quantifier.

118 D'autres tests dans la même famille ont été conçus spécifiquement pour les enfants (avec des objets à la place des chiffres), ou pour les déficiences de type Tritan , par exemple les planches de Lanthony [Lanthony 1987].

2.4.3. Les tests d’arrangement

Par test d’arrangement, on entend toutes les méthodes reposant sur la capacité du sujet à classer des pastilles colorées en fonction de leur proximité chromatique.

Le plus couramment utilisé en clinique est le test développé par Farnsworth [Farnsworth 1943], où le sujet doit classer 15 pastilles colorées. Les pastilles présentent une même luminosité et leurs points représentatifs sont à peu près équidistants dans le diagramme de chromaticité.

Figure 69 Test de Farnsworth pour l'évaluation de la vision des couleurs

L'ordre des pions donné par le sujet est reporté sur une feuille de protocole en reliant les chiffres inscrits au dos de chaque pion. Le tracé est circulaire, suivant l'ordre naturel des nombres, chez un patient normal ; le tracé est confus, formé par une série de lignes joignant des couleurs différentes, voire opposées, chez un sujet pathologique. Le nombre et la nature des erreurs dans l'organisation de l'ordre des couleurs permettent de discriminer les problèmes liés aux cônes L, M ou S à partir du tracé des réponses, qui fait apparaître les lignes de confusion caractéristiques des différentes dyschromatopsies.

Chapitre 3 Evaluation des paramètres de la vision

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Figure 70 Exemples de tracé obtenu par un test de Farnsworth [Roudinsky 2008]

Une version plus complète utilisant 80 pastilles est également disponible, mais vu la durée de son administration, cette version est limitée aux évaluations dans le cadre de la recherche.

Les tests pseudo-isochromatiques et d'arrangement sont susceptibles de rencontrer les mêmes limites: leur principal problème est leur dépendance aux conditions d'éclairage, des résultats fiables ne peuvent être obtenus qu'avec des sources lumineuses standardisées. De plus, le vieillissement et la manipulation avec les doigts peuvent dégrader la couleur des plaques ou des pastilles. Enfin, l'interprétation des résultats repose en grande partie sur l'expérience de l'investigateur.

2.4.4. Les anomaloscopes

Le quatrième type de tests est basé sur une étude spectrale, à partir d’ « anomaloscopes »: on demande au sujet de réaliser des appariements métamériques d'un point lumineux coloré en mélangeant deux lumières [Walsh 2016]. Pour pouvoir détecter

tous les types d'anomalie de la

vision des couleurs,

on peut utiliser 2 équations colorées métamères, une rouge-vert (Rayleigh) et une bleu-jaune.

Pour explorer le versant ‘rouge-vert’, on utilise l'équation ‘rouge + vert = jaune’. Un mélange de rouge et de vert est comparé à un jaune de référence [R 670 nm + V 546 nm = J 589 nm].

120 Pour explorer le versant ‘bleu-jaune’, on utilise l'équation ‘violet-bleu + bleu-vert = cyan + jaune’. Un mélange de violet-bleu et de bleu-vert est comparé à un cyan de référence.

Citons par exemple :

- l’anomaloscope de Nagel, qui permet de réaliser l'équation de Rayleigh, à partir de 3 primaires : vert, rouge et jaune ;

- l'anomaloscope HMC (Multi Color Anomaloscope de Heidelberg) a été réalisé pour les équations de Rayleigh et Moreland ;

- le colorimètre automatique Color-Vision-Mater CVM-712 est prévu pour la méthode des 2 équations colorées.

Les mesures utilisant des anomaloscopes sont très précises, mais en pratique, ne sont utilisées que dans le cadre de la recherche scientifique, en raison du coût élevé et de la nécessité d'une formation poussée de l'examinateur.

2.4.5. Les tests informatisés

Les tests informatisés sont souvent présentés comme une alternative prometteuse aux tests classiques: ils semblent moins coûteux, permettant un traitement et un stockage automatisés et donc moins de temps [Campbell 2016]. Ils peuvent également être administrés à distance, en ligne: une variété de sites Web propose des versions numériques de tests classiques comme des plaques d'Ishihara, ou des pastilles de Farnsworth. Dans une approche plus rigoureuse, les tests informatisés ont été validés par des essais cliniques et comparés à des tests classiques. Par exemple, Shin et al [Shin 2007] ont développé un nouveau type de test d'arrangement, Nakamura et al [Nakamura 2016] ont conçu des plaques pseudo-isochromatiques.

Ces tests ont été largement étudiés depuis longtemps et leur fiabilité, leur reproductibilité et leur précision ont été prouvées.

Cependant, pour la majorité d'entre eux, aucune donnée quantitative sur la perception des contrastes de couleurs n'est disponible. Ces tests présentent clairement certaines limites, principalement dues à l'équipement: pour être fiables et donner des résultats précis et reproductibles, ils doivent nécessairement être administrés avec des moniteurs dont les caractéristiques colorimétriques sont parfaitement connues.

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