CHAPITRE 1 REVUE BIBLIOGRAPHIQUE
4. EVALUATION DE LA VULNERABILITE :
Si le risque est la conjonction d’un aléa et des enjeux, la prise en compte de la vulnérabilité comme étant une composante principale à beaucoup tarder pour faire son apparition.
En géographie, les spécialistes de la géographie des risques se sont pour la plupart formés au départ sur les aléas (géo-climatologues, géomorphologues, hydrologues). Ils ont glissé vers une approche plus globale, parfois anthropocentrée de la notion de risque (31).
Malgré qu’elle reflète le niveau d’exposition des territoires au risque, la vulnérabilité reste tout de même mal appréhendée du fait qu’elle s’aperçoit sous différents angles.
En général, elle peut être perçue du point de vue social autant que propension à subir ou résister à l’endommagement, ou du point de vue technique, qui mesure l’endommagement (D’Ercole, 1994, 1996 ; Reghezza, 2006). Les approches de la vulnérabilité ont souvent été réductrices dans le sens qu’elle analyse un élément fragile (personnes, biens ou environnement avec des enjeux économiques) (32).
50 (33) : Granger K.-J., 1988: The rabaul volcanoes: An application of geographical information systems to crisis management, tech. rep., Australian National University, Canberra, 1988.
(34)
: Leone F., 1996 : Concept de vulnérabilité appliqué à l'évaluation des risques générés par les phénomènes de mouvements de terrain. Thèse de doctorat en Géographie. Université Joseph FOURIER Grenoble I.
https://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00721876. Consulté le 01/12/2012
La vulnérabilité, qui représente un système dont le fonctionnement est dans la ville et à l’extérieur de celle-ci est analysée selon trois démarches différentes (D’Ercole, 1994; Thouret et D’Ercole, 1996 ; Thouret et Léone, 2003) :
4.1 L’analyse quantitative : portant sur les éléments vulnérables conçue comme le
pourcentage de ce qui peut être perdu en cas de sinistre ;
4.2 L’analyse semi-quantitative : intégrant à la fois les facteurs de vulnérabilité et les
éléments vulnérables débouchant sur une hiérarchisation spatiale et sociale des éléments exposés ;
4.3 L’analyse qualitative : portant sur les facteurs de vulnérabilité (croissance
démographique, urbanisation accélérée, modes d’occupation du sol, les facteurs historiques et physico-sociologiques, l’habitat, les ouvrages de protection ou de défense et les rouages institutionnels, organisationnels et politico-administratifs) du système de gestion des risques. L’analyse de la vulnérabilité par les SIG a été le plus souvent basée sur des éléments structurels (constructions, bâtiments, routes) au vu de leurs exposition aux risques naturels. La vulnérabilité humaine quant à elle, reste difficilement évaluable à cause de la sectorisation de l’information d’une part et la rareté des études sociales dans les pays en développement. L’une des premières expériences intégrant la vulnérabilité dans la gestion des risques naturels avait pour objectif une cartographie multirisque dans la Colombie Britannique.
Selon Foster et al., (1988), en plus des tremblements de terres, des inondations, de l’érosion de surface, 14 autres risques ont été étudiés pour estimer les pertes potentielles annuelles en dollars par hectare dans la région de Greater Victoria. La vulnérabilité et la modélisation des volcans ont été intégrées aussi dans la gestion des risques dans la région de Papua en Nouvelle Guinée (33). L’évaluation de la vulnérabilité telle qu’elle est définie repose sur des variables difficilement généralisables. En effet, Leone (1996) à essayé d’appliquer ce concept à l’évaluation des risques générés par les mouvements de terrain.
Toutefois, la difficulté d’une évaluation de la vulnérabilité réside donc dans l'appréciation de ce que sera le niveau d’endommagement potentiel (D) recherché (34)
.
Leone (2007), et à travers sa longue expérience dans le domaine des risques naturels majeurs à proposé deux approches d’évaluation de la vulnérabilité.
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La première est analytique et repose sur l’identification des causes pour mieux expliquer la vulnérabilité. La seconde est purement systémique et repose l’analyse des interactions causes-effets pour modéliser la vulnérabilité.
Figure 1.20 Approches d’évaluation des vulnérabilités (Leone, 2007)
L’approche quantitative est largement utilisée dans la simulation des pertes économiques liées aux inondations ou a des séismes et réservée surtout au calcul des dommages directs (destruction de biens ou même dans le cas de pertes humaines).
Les calculs et les grosses bases de données que ces méthodes impliquent reposent généralement sur l’emploi des SIG.
Causes
Effets
Recherche des causes
(Pour expliquer) Approche analytique
Cause
Effet
Analyse des interactions
(Pour modéliser) Approche systémique
Enjeux vulnérables Principaux critères de vulnérabilité Type de facteur
vulnérabilité humaine Représentations du risque (menaces, effets, espaces) Comportements potentiels
Connaissance des mesures de protection et de prévention Vécu
Résistance physique et mentale Confiance dans les autorités
Implantation géographique et la distance au danger Accessibilité
Possibilité de fuite
Niveau de protection physique
Psycho-sociologique Psycho-sociologique Psycho-sociologique Psycho-sociologique Physiologique et psycho-sociologique Psycho-sociologique Géographique Géographique Géographique Physique vulnérabilité sociale Cohésion sociale et solidarité
Marginalisation
Niveau d’organisation et de préparation Entretien de la mémoire collective Conscience du risque
Niveau de corruption Pauvreté
Dépendance économique Ségrégation socio-spatiale Continuité des actions Spéculation foncière Accès aux services Niveau d’éducation Poids des traditions
Représentation institutionnelle Socio-culturel Socio-économique Institutionnel et organisationnel Socio-culturel et institutionnel Psycho-sociologique
Socio- économique et institutionnel Socio-économique Socio-économique Géographique et Socio-économique Politico-administratif Economique Socio-économique Socio-économique Socio-culturel institutionnel vulnérabilité structurelle ou physique Résistance physique
Distance du danger Entretien et contrôle
Physique Géographique Politico-administratif vulnérabilité fonctionnelle Résistance physique
Alternative de fonctionnement (connexité) Capacité de contrôle Dépendance Physique Géographique Organisationnel Géographique vulnérabilité territoriale Taille
Isolement géographique (enclavement)
Possibilité d’alternatives (ressources et équipements vitaux) Exposition du danger
Niveau de dépendance entre réseaux vitaux Croissance urbaine
Mobilité géographique Coopération régionale
Outils de régulation de l’occupation du sol
Géographique Géographique Géographique et socio-économique Géographique Géographique et organisationnel Socio-économique et géographique Socio-économique et géographique Institutionnel Institutionnel Source : FL, NMR, FV, 2010
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Conclusion :
Le risque est un thème vaste parfois erroné qui nécessite un rappel de quelques concepts généraux très utiles pour décortiquer la problématique de départ d’autant plus que ce dernier est un terme très répondu dans tous les domaines et représente l’éventualité d’un événement futur plus ou moins imprévisible susceptible de produire des dommages tant humains que matériels.
L’évaluation des risques relève de la modélisation via l’apport des techniques nouvelles et requiert un volume considérable de données qui doivent être traité, analysé, stocké et diffusé sous forme de solutions rapides.
C’est pourquoi, l’utilisation des SIG et de l’AMC est d’une aide capitale dans l’aide à la décision tant pour leur capacité de traitement et de stockage d’informations que pour leur rapidité et précision.
La modélisation qui peut être cartographique ou conceptuelle requiert à la fois la connaissance du risque et des facteurs causaux et un volume de données d’entrée dont la qualité permet de trouver des solutions simples, rapides et précises.
A travers cette revue bibliographique, il nous a été possible de distinguer les risques (majeurs) comme étant un événement dommageable issu du manquement de l’homme à la nature, dans la mesure où celui-ci à failli, face à elle, déranger le fonctionnement naturel, précipiter le désastre ou participer plus ou moins consciemment à la construction de vulnérabilités variables dans le temps et dans l’espace.
Cette vulnérabilité peut être diagnostiquée selon une approche analytique basée sur les facteurs de prédisposition au dommage (géographiques, techniques, socio-économiques ou institutionnelle) ou systémique qui mesure l’endommagement potentiel en tant qu’indicateurs de vulnérabilité et qui reste largement utilisée dans la simulation des pertes économiques.