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Evaluation de l’école

Chapitre 2. Motifs et facteurs de mobilité

1. Motifs de mobilité scolaire

1.3. Evaluation de l’école

Certains parents changent leurs enfants d’école parce qu’ils sont insatisfaits par leur choix initial. Mauvaise ambiance, enseignement de piètre qualité, enseignant critiqué, trop peu d’exigence sur la discipline et sur la surveillance, bâtiments en mauvais état, pas de repas chaud le midi… sont autant d’appréciations subjectives qui poussent les fa- milles à tenter l’expérience ailleurs, dans une école mieux « évaluée », mieux organisée, plus exigeante…

Cette catégorie de motifs est citée 89 fois par les directions des écoles rencontrées. Elle représente 12,8 % des motifs invoqués.

Cette catégorie de motifs concerne 57 « entrées » et 32 « sorties », dont deux seulement pendant l’année scolaire.

Parmi les entrées, on compte :

• 8 arrivées parce que « l’ambiance dans l’école précédente n’était pas bonne » ou « moins bonne que celle présumée dans l’école choisie » ;

« Il était en maternel chez nous. Il est parti parce que ses parents ont déménagé. Puis il est revenu parce qu’il se plaisait mieux ici. »

« L’enfant ne se plaisait pas à l’école. Il s’enfuyait et essayait de rentrer chez lui. Il s’implique peu dans la vie de la classe. On l’a fait redoubler cette année, avec l’accord des parents. »

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« L’ambiance n’est pas bonne dans cette école-là. Pour ces trois enfants, ça se passait tellement mal que la maman est tombée en dépression. »

• 35 arrivées parce que « l’enseignement dans l’école précédente n’était pas de bonne qualité » ;

« Ils n’étaient pas contents du suivi donné par les enseignants. Ça n’accrochait pas. » « Ils n’apprenaient pas. Quand il y avait des difficultés, il n’y avait pas de contact avec les parents. Les parents avaient l’impression de ne pas être écoutés. »

• 3 arrivées parce qu’ « un enseignant de l’école précédente – souvent celui es- compté de l’enfant – n’était pas à la hauteur » ou parce qu’ « un enseignant de la nouvelle école a bonne réputation » ;

« La maman a entendu beaucoup de bien à propos de l’enseignant de 1re primaire ici. Elle

a décidé de mettre son enfant. »

• 11 arrivées pour d’autres raisons, telles que l’état des bâtiments, les services of- ferts à l’école, les garderies, la surveillance des enfants…

« Elle avait quitté l’école parce qu’on avait entrepris une action avec une assistante so- ciale. Après, la maman s’est rendue compte que le service était utile. Elle est revenue. »

Parmi les sorties, on relève :

• 1 départ parce que « l’ambiance dans l’école n’est pas bonne » ;

« Il n’aimait pas l’école ici. Il est retourné dans son ancienne école. »

• 2 départs parce que « l’enseignement n’est pas d’un bon niveau » ou « ne corres- pond pas aux attentes » ;

« Les parents n’étaient pas contents du suivi, du fait qu’on ne les ait pas prévenu à temps des difficultés de leur enfant. »

• 16 départs parce qu’ « un enseignant n’est pas à la hauteur » ou parce qu’ « il est trop exigeant » ;

« Un des départs avant d’arriver à la 2e primaire. C’est la classe pour laquelle

l’enseignant pose problème. »

« Il est parti un an parce que le père n’aimait pas l’enseignante (institutrice qui est main- tenant à la pension). Ses sœurs sont restées chez nous. »

« Le titulaire les faisait trop travailler. Les enfants ont demandé à leurs parents pour changer d’école. »

• 13 départs pour d’autres raisons, telles que l’état des bâtiments, les services of- ferts à l’école (internat…), les garderies, l’offre de cours philosophiques…

« La maman a pu récupérer la garde des enfants. Elle a préféré les mettre en internat. » « Les bâtiments, avec les travaux, c’est pas toujours bien vu des parents. »

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Si les directions d’école expliquent des départs en évoquant la qualité d’un enseignant (enseignant qui bien souvent leur pose problème aussi), elles citent moins souvent la qualité de l’enseignement ou l’ambiance dans leur école. Sans doute, parce que les pa- rents ne vont pas jusqu’à critiquer l’école dans ses fondements les plus chers (alors qu’ils osent mettre en cause l’école précédente lorsqu’ils arrivent). Sans doute aussi, parce qu’il est plus aisé pour une direction d’école d’accepter qu’un élément pose problème plutôt que l’ensemble de son établissement.

Lorsque l’on interroge certaines directions sur la mobilité scolaire en général, elles disent volontiers que certains parents s’en vont afin que leurs enfants « aillent dans une bonne école », « bénéficient d’un bon enseignement ».

« Certains parents mettent leurs enfants chez nous, dans l’école du quartier, jusqu’en 3e

maternelle ; ils retirent leurs enfants en 1re primaire parce qu’ils ne font pas confiance en

terme de niveau, à cause de la population. »

« Les bons élèves quittent en fin de maternelle ou surtout en fin de 2e primaire parce que

les parents craignent qu’ils n’atteignent pas les compétences demandées, à cause de la population ‘majoritaire’. Les parents sont très contents de l’école, ils se rendent compte que leurs enfants sont prêts… à aller dans une école plus élitiste. Ces changements pro-

voquent une grande frustration des enseignants du 1er cycle qui font le maximum pour

former les enfants, et les voient partir alors qu’ils auraient pu être moteur pour les cycles suivants. »

« Certains parents choisissent de mettre leurs enfants en maternelle chez nous, parce que c’est tout près de chez eux, puis choisissent ce qu’ils appellent être une bonne école

pour les primaires. Ils le disent carrément comme ça. Puis, parfois, ils reviennent en 2e

primaire ou en 3e primaire, parce qu’ils ne sont pas contents de l’école choisie. »

Mais pourquoi ne rencontre-t-on pas vraiment ces propos lorsque l’on aborde la mobilité scolaire individu par individu ? On aurait peut-être pu croire, comme nous le font penser les extraits d’interviews, que « l’évaluation de l’école » se confondait à peu de choses près avec l’ « évaluation du public de l’école » (cfr 2.4.4.), que les motifs « ambiance à l’école » et « qualité de l’enseignement » étaient finalement très voisins de cette der- nière. Mais les sorties explicitement dues au public qui fréquent l’école ne semblent pas beaucoup plus nombreuses (cfr point 2.4.4.)…

C’est finalement un peu comme si les motifs qui expliquent la mobilité scolaire en général n’étaient à certains moments pas la somme des motifs qui expliquent la mobilité scolaire individuelle. Pour tenter en partie l’explication, nous faisons l’hypothèse que ces motifs « ambiance à l’école », « qualité de l’enseignement », « évaluation du public » ne sont pas souvent directement explicités et/ou qu’ils se combinent, par ailleurs, la plupart du temps, à d’autres motifs pour expliquer un départ. Nous y reviendrons.

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