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III. 3.3.3.2 Inférence de structuration génétique des populations à l‟aide du logiciel

IV.3 Evénement d’introduction dans les aires envahies

IV.3.1

Multiples introductions dans le bassin Méditerranéen

Les résultats obtenus sur la base des données mitochondriales et nucléaires sont cohérents. Ils séparent clairement les échantillons étudiés de T. evansi en deux principales lignées (I et II), qui coexistent en Amérique du Sud et dans le sud de l‟Europe uniquement. Les populations introduites de la lignée II montrent une forte homogénéité génétique. Ceci supporte l‟hypothèse d‟un seul événement d‟introduction en Europe pour cette lignée et ensuite une dissémination dans les autres régions depuis le point d‟introduction. Si on se base sur les données mitochondriales et microsatellites, nos échantillons du nord-est du Brésil sont les plus proches de la source la plus probable de cette introduction. En revanche, la lignée I a montré une forte différenciation génétique dans les aires d‟introduction et deux sous groupes (AF+EU) et (MED) ont été identifiés. Les résultats des analyses ABC suggèrent clairement que les acariens de la lignée I ont été d‟abord introduits dans le sud de l‟Espagne, en Andalousie, d‟une population dont nos échantillons les plus proches sont ceux du sud-ouest du Brésil. Le temps de divergence estimé entre ces échantillons d‟Andalousie est du Brésil est d‟environ 140 ans. Par la suite, l‟Andalousie semble avoir servi de source de colonisation pour des nouvelles zones. La forte homogénéité génétique révélée par nos données moléculaires au sein des populations du sous groupe MED suggère que le reste des pays méditerranéens (la Tunisie, la Grèce, l‟Algérie et Israël) a été récemment colonisé depuis l‟Andalousie. Selon les scénarios que nous avons testés, la colonisation du reste de l‟Europe par la lignée I a eu lieu récemment depuis l‟Afrique de l‟est. Cependant, le scénario alternatif expliquant la colonisation de l‟Afrique par des individus en provenance d‟Europe eux-mêmes originaires d‟Andalousie ne peut pas être définitivement exclu. A priori, il pourrait même être plus probable du fait de la proximité géographique entre l'Andalousie et les autres régions européennes. Nous avons donc réalisé une série d‟analyses ABC pour tenter de résoudre l‟ordre des événements d‟introduction en Europe et en Afrique. Ces analyses soutiennent légèrement (probabilité a posteriori = 0,74) l‟hypothèse de la colonisation de l‟Europe depuis l‟Afrique de l‟est.

Ainsi, l‟invasion de l‟Europe par T. evansi semble s‟être déroulée en deux étapes principales. La première étape correspond à l‟introduction de l‟acarien depuis son aire

85 d‟origine, au Brésil, vers le sud de l‟Europe. La deuxième étape s‟est déroulée au sein des aires d‟introduction, où l‟expansion dans de nouvelles zones a eu lieu probablement à partir de ces points d‟introduction.

En conclusion, deux événements d‟introductions indépendants, originaires de deux régions distinctes du Brésil, semblent avoir eu lieu en Europe. Une fois introduits, ces acariens ont pu se disséminer dans de nouvelles régions à l‟aide des activités humaines particulièrement par les échanges commerciaux des produits végétaux à une échelle géographique large. La dispersion à des échelles locales sera assurée naturellement (voir II.2.1.5).

IV.3.2

Evénements d’introductions en Afrique et en Asie

Nos résultats ont révélé que l'Afrique et l‟est de l‟Asie sont colonisés par la lignée I et partagent les deux haplotypes majoritaires H1 et H4 observés dans le sud de l‟Europe. Tous les échantillons du sud-est de l‟Afrique correspondent à l‟haplotype (H1) tout comme l‟Amérique du Sud et la majorité des échantillons européens. Une forte homogénéité génétique associée à une faible variabilité génétique caractérise les populations de ces pays. Ceci suggère que la colonisation serait le résultat d‟un seul événement d‟introduction à partir d‟une petite propagule. Les analyses ABC suggèrent que l‟introduction de T. evansi en Afrique de l‟est s'est probablement produite à partir de l'Andalousie il y a environ 26 ans donc au début des années 80. Le scénario alternatif est que la colonisation de cette région a eu lieu récemment à partir de l‟Europe.

Quant à l‟est de l‟Asie, son invasion est caractérisée par une absence totale de variabilité génétique où un seul haplotype (H4) a été détecté au sein des échantillons analysés. Les individus de l‟est de l‟Asie génotypés à l‟aide des marqueurs microsatellites sont regroupés avec le sous groupe MED. La région méditerranéenne (MED) incluant l‟Andalousie, la Grèce, Israël et les pays du Maghreb (Tunisie et Algérie), ou l'Afrique de l'ouest (Niger), pourraient avoir joué un rôle en tant que source secondaire dans la colonisation de l‟est de l‟Asie par T. evansi.

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IV.4

Evénement d’hybridation

Nous avons mis en évidence que les échantillons de T. evansi peuvent être clairement séparés en deux lignées fortement divergentes. Les deux lignées ayant été détectées en Amérique du Sud et dans le sud de l‟Europe ceci offre l‟opportunité de trouver des zones de contact entre ces deux lignées. Nous les avons trouvées au Portugal uniquement. Les haplotypes H1 et H7 coexistent dans les mêmes localités et ils s‟hybrident. Les résultats de nos analyses ABC suggèrent que l‟événement d‟hybridation s‟est produit récemment depuis seulement 13 générations. Malgré la forte divergence génétique entre ces deux lignées et leur temps de divergence ancien, des croisements entre elles existent donc dans la nature. Cet événement d‟hybridation confirme les résultats de croisements obtenus en laboratoire entre ces deux lignées et exclut la présence de taxons distincts au sein de cette espèce (Article I). Un autre événement d‟introgression a été détecté dans une localité de l‟est de l‟Espagne où des individus de l‟haplotype H4 ont des génotypes multilocus microsatellites caractéristiques du sous groupe AF+EU. D‟autres allèles propres au sous groupe méditerranéen ont été détectés chez des individus qui appartiennent au sous groupe AF+EU à l‟est de l‟Espagne et aux Canaries. Ceci suggère qu‟un flux de gènes existe, ce qui est vraisemblable en raison de la proximité géographique.