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Etude des variations saisonnières des teneurs en pesticides dans les eaux souterraines

2. Contamination des eaux souterraines et des sols

2.2. Etude des variations saisonnières des teneurs en pesticides dans les eaux souterraines

Les comportements des matières actives peuvent dépendre, dans une certaine mesure, des saisons. En effet, les paramètres climatiques que sont la température, la pluie, les vents et

l’ensoleillement jouent un rôle essentiel dans le devenir des pesticides, d’où la pertinence de l’étude des variations saisonnières des teneurs en résidus. Les paragraphes 2.2.1 et 2.2.2

présentent les teneurs moyennes saisonnières en résidus par famille chimique et par matière active retrouvées dans les eaux souterraines et le sol.

2.2.1. Teneurs moyennes en pesticides par famille chimique

L’exploitation des résultats analytiques des quatre campagnes de prélèvement en

fonction de la saison a permis de faire ressortir les informations de la figure 5-8. Celle-ci présente les concentrations moyennes en résidus des différentes familles chimiques dans les eaux souterraines et les sols.

Figure 5-8. Concentrations moyennes par famille chimique dans les eaux souterraines et les

sols selon la saison.

Les résultats montrent des profils de concentration saisonniers analogues. Les teneurs

moyennes étaient plus élevées en saison sèche qu’en saison des pluies sauf pour les

carbamates dans les eaux souterraines où les concentrations étaient plus élevées en saison des pluies (2,09 contre 2,53 µg/L). Les molécules de ce groupe chimique ont un fort potentiel de

lixiviation en raison de leur capacité d’adsorption faible, de leur DT50 intermédiaire et de leur

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transférées rapidement dans les eaux souterraines en cas de pluie. Comparativement, les organochlorés, les organophosphorés (en majorité) et les pyréthrinoïdes ont un fort potentiel de rétention (KOC élevés) et mettront, par conséquent, plus de temps à atteindre les eaux souterraines.

Ces constats et hypothèses sont, toutefois, à relativiser vis-à-vis de l’incertitude

consécutive à la variabilité spatiale sur un site donné.

2.2.2. Teneurs moyennes par matière active individuelle

La figure 5-9 représente les concentrations moyennes et les fréquences de détection des matières actives retrouvées dans les eaux souterraines sur les quatre sites durant les saisons sèche et pluvieuse.

Figure 5-9. Concentrations moyennes et fréquences de détection des matières actives dans les

eaux souterraines selon la saison.

Toutes les matières actives ont été détectées avec des fréquences plus élevées en saison

sèche qu’en saison des pluies sauf le diméthoate et le méthomyl. Des profils saisonniers

légèrement identiques ont été obtenus sur les deux saisons avec un nombre de molécules détectées légèrement différent. En effet, les résidus appartenant à 14 molécules différentes ont été retrouvés en saison sèche contre 13 en saison des pluies.

Les concentrations moyennes étaient relativement plus élevées en saison sèche qu’en saison des pluies pour la majorité des matières actives recherchées à l’exception du

diméthoate et du méthomyl. Un tel résultat n’est pas surprenant pour ces deux matières

124 molécules étudiées. L’application de quantités importantes de ces molécules immédiatement suivie d’une pluie abondante peut entraîner un transport rapide de grandes quantités vers la nappe d’eau souterraine surtout quand celle-ci est d’une faible profondeur comme c’est le cas

dans la zone des Niayes.

A l’inverse les autres matières actives, à l’exception du carbofuran, présentent une

faible mobilité et mettront donc plus de temps pour atteindre la nappe phréatique. Ainsi, en cas de pluie diluvienne, on peut assister à une baisse plus ou moins importante de leur

concentration du fait d’une dilution trop importante. Dans le cas de cette étude, deux groupes de molécules peuvent être distinguées en fonction de l’importance des baisses de

concentration constatées dans les eaux souterraines. Le premier groupe est majoritaire et composé de molécules ayant enregistré une forte diminution de leurs teneurs moyennes en saison des pluies. Parmi celles-ci on trouve le dicofol, le chlorpyrifos, le malathion, le

carbofuran, le chlorpyrifos méthyle et la λ-cyhalothrine dont les concentrations moyennes ont

baissé de plus de la moitié en saison des pluies. Le deuxième groupe comprend le DDT et ses métabolites (DDD, DDE), le fénitrothion et la deltaméthrine qui ont enregistré une baisse de concentration moins importante que celle du groupe précédent.

Des résultats similaires ont été rapportés par Gonçalves et al., qui ont constaté, au cours leur programme de monitoring, une chute des concentrations de pesticides consécutive à des périodes de fortes pluies entre octobre et mi-novembre [255]. D’autres auteurs ont, cependant,

rapporté une situation inverse avec des concentrations plus élevées en saison des pluies [158, 234, 235, 256].

Les résultats obtenus dans les sols (Figure 5-10) sont similaires à ceux retrouvés dans les eaux souterraines; toutes les matières actives ont enregistré des concentrations moyennes

plus élevées en saison sèche qu’en saison des pluies sauf le malathion et les endosulfans. Ces

dernières ont été retrouvées avec, sensiblement, les mêmes concentrations. Les faibles concentrations observées en saison pluvieuse dans les sols sont envisageables dans la mesure où durant cette période les phénomènes de ruissellement et de lixiviation qui ont lieu entrainent les pesticides vers les points les plus bas ou dans les profondeurs du sol. Il s’y ajoute que l’humidité peut constituer un facteur favorisant la dégradation de certaines matières actives. Des observations similaires ont été faites par d’autres auteurs [257, 48].

Logiquement, la baisse des teneurs en résidus de pesticides dans le sol devrait se

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pour le diméthoate et le méthomyl. En réalité, le transfert des pesticides vers les eaux souterraines est régi par plusieurs facteurs dont les plus importants sont les propriétés physicochimiques des molécules (KOC et DT50) et les propriétés du sol (teneur en matières organiques).

Figure 5-10. Concentrations moyennes des matières actives dans les sols en fonction de la

saison.