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B. Le cancer de la prostate

3. Etiologie et facteurs de risques

Le cancer de la prostate est le cancer le plus diagnostiqué chez les personnes âgées en 2018 (Bray et al., 2018) et pose la question d’une prise en charge multidisciplinaire avec des experts en gériatrie notamment (Piette et al., 2010). Le vieillissement de la population, de meilleurs moyens diagnostics ainsi que le dépistage par le dosage du PSA expliquent l’augmentation de l’incidence du cancer de la prostate, notamment avec l’âge (Ferlay et al., 2019). Dans le monde, l’âge moyen au diagnostic est de 66 ans, et le taux d’incidence est d’environ 60% pour les hommes de plus de 65 ans (Rawla, 2019; National Cancer Institute, 2018). En France, l’âge moyen au diagnostic est de 70 ans (Rozet et al., 2018). Le risque de développer un cancer de la prostate augmente de façon exponentielle après 50 ans (Heyns, Fisher, Lecuona, & Van der Merwe, 2011). Ce risque peut augmenter à partir de 40 ans chez les hommes noirs ou chez les hommes ayant des antécédents familiaux de cancer de la prostate (National Cancer Institute, 2018). Selon Perdana et al. (2016), seulement 1 homme sur 350 de moins de 50 ans sera diagnostiqué pour un cancer de la prostate. Enfin, il est à noter que l’âge peut jouer un rôle déterminant dans le choix du traitement du cancer puisque les hommes âgés sont plus susceptibles de recevoir un diagnostic de cancer de la prostate à haut risque et ont une survie globale plus faible (Perdana, Mochtar, Umbas, & Hamid, 2016).

b)

Origine ethnique

De nombreuses études mettent en évidence un risque accru de cancer de la prostate chez les hommes noirs par rapport aux hommes blancs Caucasiens, suggérant un rôle déterminant de l’origine ethnique dans le développement du cancer de la prostate (Heyns et al., 2011; Kgatle, Kalla, Islam, Sathekge, & Moorad, 2016; Perez-Cornago et al., 2017; Rawla, Enfin, la prévalence du cancer de la prostate en France est de 60 412 cas pour un an et de 228 420 cas pour cinq ans.

36 2019; Wu & Modlin, 2012; Mofolo et al., 2015; Perdana et al., 2016; Al Olama et al., 2014). Panigrahi et al. (2019) décrivent un taux d’incidence du cancer de la prostate bien supérieur chez les hommes noirs Américains comparé aux hommes blancs et une mortalité près de deux fois supérieure (Panigrahi et al., 2019). De même, les hommes noirs, Africain, Américains, Caribéens ou Européens, tendent à développer un cancer de la prostate plus tôt que les autres groupes ethniques (Kheirandish & Chinegwundoh, 2011). Si un patrimoine génétique commun à l’origine du développement du cancer de la prostate chez les hommes noirs semble très probable, des facteurs environnementaux, socio-économiques, des différences de dépistage et d’accès aux soins, jouent certainement aussi un rôle, expliquant les variations d’incidences possibles entre ces groupes (Chu et al., 2011) et les disparités d’agressivité du cancer (Heyns et al., 2011; Mofolo et al., 2015). A noter que les hommes Asiatiques présentent le plus bas taux d’incidence du cancer de la prostate, associé non seulement à des susceptibilités génétiques mais certainement également à un style de vie, des habitudes alimentaires et des facteurs environnementaux autres (Akaza et al., 2011). Des disparités ethniques dans les altérations épigénétiques et génétiques peuvent également être corrélées aux différences raciales dans l’incidence, le pronostic et la survie au cancer de la prostate (Devaney et al., 2015; Xia et al., 2014; Powell & Bollig-Fischer, 2013; Kgatle et al., 2016).

c)

Antécédents familiaux et facteurs génétiques

L’histoire familiale constitue également un facteur de risque avéré du cancer de la prostate (Perdana et al., 2016; Rawla, 2019). On estime que 20% des patients atteints d’un cancer de la prostate ont des antécédents familiaux, dûs à un facteur génétique ou à des habitudes de vie et des expositions environnementales similaires (Gallagher & Fleshner, 1998). Les facteurs héréditaires sont associés à un risque augmenté de 5% de développer un cancer de la prostate (Rawla, 2019). En France, les critères des formes héréditaires de cancer de la prostate sont 1) trois cas de cancer de la prostate chez des apparentés de premier ou second degré ou 2) deux cas de cancer de la prostate, de survenue précoce (avant 55 ans), chez des parentés du premier ou du second degré (Rozet et al., 2018). Selon Rozet et al. (2018), il existe deux types de prédispositions génétiques au cancer de la prostate: 1) l’hérédité

37 monogénique (5% des cas), bien identifiée, répondant à des critères établis dont l’âge de survenue précoce, et mettant en cause le plus souvent les gènes BRCA (et BRCA1) et HOXB13 (variant G84E), et 2) l’hérédité polygénique, prédominante (95% des cas), plus difficile à analyser, une centaine de variants génétiques ayant été associés à une augmentation du risque de cancer de la prostate dans des populations aux origines ethniques diverses (Al Olama et al., 2014; Rozet et al., 2018).

d)

Facteurs de risque supposés

D’autres facteurs de risque du cancer de la prostate sont étudiés et semblent jouer un rôle dans le développement de celui-ci, mais, à ce jour, ces facteurs restent supposés, sujets à débat. Parmi ceux-ci on retrouve :

- L’alimentation : Rawla et al. (2019) mettent effectivement en avant les facteurs alimentaires comme explications des divergences mondiales et ethniques observées sur les taux d’incidence du cancer de la prostate. Plusieurs études (Chan, Gann, & Giovannucci, 2005; Willis & Wians, 2003) appuient le fait que certains aliments contribuent à l’augmentation du risque de développement d’un cancer de la prostate (graisses animales saturés, viande rouge, produits laitiers) tandis que certa ins aliments seraient protecteurs (choux, thé vert, tomates) (Kgatle et al., 2016; Perdana et al., 2016; Rawla, 2019). Pour Markozannes et al. (2016), il n’existe pas de preuves suffisamment solides pour établir une association forte entre alimentation et cancer de la prostate (Markozannes et al., 2016).

- Activité physique et obésité : L’activité physique contribuerait à la diminution du risque de développement tumoral, de progression et favoriserait la réponse aux traitements (Brookman-May et al., 2018; Platz, Leitzmann, Michaud, Willett, & Giovannucci, 2003). Un mode de vie actif est certainement à préconiser. L’obésité, quant à elle, est associée à un risque accru de cancer de la prostate agressif (Cao & Giovannucci, 2016; Mc Bride, 2012).

- Tabagisme et consommation d’alcool : Dans le cadre du cancer de la prostate, le tabagisme peut avoir une influence néfaste par le biais 1) du système hormonal, les

38 fumeurs ayant un niveau d’hormones sexuelles circulantes plus important contribuant à l’augmentation du risque ou à la progression du cancer, et 2) de la génétique, l’un des composants de la fumée de cigarette, les hydrocarbures aromatiques polycycliques (HAP) ayant un impact sur l’ADN, cancérogène (Huncharek, Haddock, Reid, & Kupelnick, 2010). La consommation d’alcool excessive peut également être un facteur de risque possible du cancer, y compris du cancer de la prostate (Perdana et al., 2016; Rawla, 2019).

- Maladies Sexuellement Transmissibles (MST) et activité sexuelle : Dans une méta- analyse, Taylor et al. (2005) mettent en évidence un taux plus important de cancer de la prostate chez les hommes ayant des antécédents de gonorrhée, HPV (Human

papillomavirus) et autres MST (Taylor, Mainous, III, & Wells, 2005). Une autre étude

indique, par ailleurs, que les hommes infectés par Trichomonas Vaginalis sont plus susceptibles de développer un cancer de la prostate plus agressif (Stark et al., 2009). Selon Perez-Cornago et al. (2017), l’absence de rapports sexuels constitue un risque moindre de développer un cancer de la prostate (Perez-Cornago et al., 2017). En revanche, l’éjaculation semble bénéfique puisqu’elle est associée à une diminution du risque de développement du cancer de la prostate selon de nombreuses études. L’étude

Health Professionals Follow-up Study (HPFS) trouve une relation positive significative

entre la fréquence mensuelle d’éjaculation et le risque de cancer de la prostate sur un suivi de huit ans (Leitzmann, Platz, Stampfer, Willett, & Giovannucci, 2004), tandis que l’étude de Rider et al. (2016) sur 32 000 hommes révèle que les hommes éjaculant plus de 21 fois par mois (suivi de 18 ans) diminuent de 20% leur risque d’avoir un cancer de la prostate de bas grade comparé à des hommes ayant une fréquence d’éjaculation inférieure ou égale à 4 à 7 fois par mois (Rider et al., 2016). Ces résultats sont, cependant, en contradiction avec ceux de la méta-analyse de Jian et al. (2018) pour qui c’est une fréquence modérée d’éjaculation (2 à 4 fois par semaine) qui est associée à une diminution significative du risque de cancer de la prostate (Jian, Ye, Chen, Li, & Wang, 2018). D’autre part, une étude ne retrouve pas d’association significative entre la fréquence d’éjaculation au cours de la quatrième décennie de vie et le cancer avancé de

39 la prostate (Papa et al., 2017). En termes de mécanisme de fonctionnement, il est envisagé qu’une éjaculation fréquente altère la fonction des cellules épithéliales de la zone périphérique de la glande prostatique pouvant être à l’origine de la tumorigenèse de la prostate (Costello & Franklin, 2006). De même, l’éjaculation fréquente est probablement responsable du moindre développement de cristalloïdes intraluminaux prostatiques associés à un risque accru de cancer (Svatek et al., 2007). Enfin l’éjaculation aurait des propriétés bénéfiques d’un point de vue de la tension psychologique et atténuerait, via différents processus, la stimulation de la division des cellules épithéliales de la prostate (Newman, Reiss, & Northup, 1982).