3.2 Dimensionnement
3.2.2 D´ etection du NEMS
Quand le r´esonateur est actionn´e par l’´electrode, son mouvement exerce une force
sur les jauges de contraintes situ´ees perpendiculairement par rapport `a celui-ci. Cette
force donne aux jauges une contrainte de traction/compression qui g´en`ere, par effets
pi´ezor´esistifs, une variation de r´esistance sur chacune des jauges. Pour traduire les
va-riations de r´esistance en signal ´electrique, les jauges sont polaris´ees en tension. L’ancrage
du r´esonateur est ensuite connect´e `a un amplificateur (ASIC)
7afin de r´ecup´erer le signal
utile (Figure 3.7). L’information recherch´ee ´etant contenue dans la fr´equence de ce signal
utile, le NEMS est plac´e dans un syst`eme boucl´e pour contrˆoler et lire la fr´equence en
continu. Le syst`eme boucl´e se fait g´en´eralement via une boucle `a verrouillage de phase
(PLL) ou une auto-oscillation. Une revue des diff´erentes techniques utilisant les PLL
a ´et´e effectu´ee en [5]. Dans cet ouvrage, nous ´etudierons uniquement le cas du
rebou-clement par auto-oscillation. En effet, ce cas permet de pousser la compr´ehension du
capteur en restant dans le cadre d’un mod`ele lin´eaire analytique alors que l’utilisation
d’une PLL n´ecessite une mod´elisation num´erique. En plus, dans une volont´e de
minia-turisation et de facilit´e de fabrication des dispositifs, l’int´egration d’une PLL est plus
complexe `a mettre en œuvre qu’une auto-oscillation. L’´etude de l’auto-oscillation sera
vue en section 4.3.2.
Le sch´ema ´electrique ´equivalent de l’ensemble NEMS-ASIC est donn´e en Figure 3.8,
o`u les capacit´es parasites dues aux connections ont ´et´e prises en compte (C
in,C
out).C
f b,
capacit´e de feed-back, est un param`etre de mod´elisation de l’amplificateur.V
erepr´esente
la tension continue de polarisation. La m´ethodologie des calculs qui vont suivre a ´et´e
r´esum´ee en [6].
7. L’utilisation d’un ASIC est adapt´ee `a l’int´egration du dispositif final, en ´etat de commercialisation. Pour la phase de mise au point, on peut aussi utiliser une ´electronique d´eport´ee.
Figure 3.7 – Cablage du NEMS.
Figure 3.9 – Mod`ele petit signal de l’ensemble NEMS-ASIC.
Nous consid´erons comme ´etage d’amplification un transistor MOS, une architecture
bas bruit plus complexe pouvant ˆetre mod´elis´ee comme un transistor MOS ´equivalent. Le
calcul du couranti
indans la Figure 3.8 donnei
in=
−Ve−V1R+∆R
+
Ve−V1R−∆R
+
d(C0+δC)(Vd+Vac−V1)dt
.
En consid´erant le mouvement m´ecanique sinusoidal impuls´e par l’actionnement, nous
avons ∆R = ∆R
0cos(ωt+ Φ
1) avec ∆R
0RetδC =δC
0cos(ωt+ Φ
2) avec ∆C
0C.
Le couranti
indevient ainsii
in=
−2V1R
+
2Ve∆RR2
+C
0d(Vac−V1)dt
+V
ddδCdt
. Le dernier terme de
cette expression, d’amplitude V
dωδC
0, est n´egligeable devant le terme d’int´erˆet
2Ve∆RR2
.
En effet, pour le cas le plus d´efavorable qui est du silicium dop´e `a 10
20cm
−3, nous
avons
∆RR≈ 10
−5, R ≈ 500 Ω, V
e≈ 1 V et
2Ve∆RR2
≈ 10
−8A. D’autre part, V
d≈ 1
V, ω
0≈ 10
7rad.s
−1, C
0≈ 10
−17F et δC
0≈
C010
, ce qui donne V
dωδC
0≈ 10
−11A.
A partir de cette expression approch´ee de i
inon peut d´eriver un mod`ele petit signal,
donn´e en Figure 3.9. Sur cette figure, le mod`ele petit signal du transistor MOS a ´et´e
inclu, avec notamment sa transconductance g
m, la conductance drain source g
dset le
bruit en courant i
2qui sera ´etudi´e en section 4.2.3. Nous voyons qu’il y a un couplage
parasite entre la d´etection et l’actionnement. Ce couplage peut ˆetre minimis´e en ajoutant
une capacit´e C
0`a l’entr´ee de l’amplificateur et reli´ee `a une tension ac d´ephas´ee de
π avec la tension d’actionnement. Dans ce cas, nous pouvons calculer la tension de
sortie en appliquant le th´eor`eme de Millman aux noeuds 2 et 3, ce qui donne V
2≈
2Ve∆R0/R2+V3jCf bω
2/R+jω(Cf b+Cin+2C0)
etV
3=
V2jCf bω−gmV2jω(Cf b+Cout)+gds+1/Rout
. Dans le calcul deV
2, le terme ∆R/R
2a ´et´e n´eglig´e devant 2/R.
A partir de ces deux ´equations, nous pouvons calculer la tension de sortie en
fonc-tion de ∆R/R. Nous allons auparavant ´emettre certaines conditions sur le choix des
param`etresC
out,R
outetg
m. Ces conditions sont ´enum´er´ees dans la Table 3.2. La
condi-tion 1, en pratique toujours v´erifi´ee, permet seulement de simplifier les expressions. Par
contre, nous verrons plus loin (section 4.3.2) que les autres conditions sont n´ecessaires
`
Condition 1 : C
f b/C
out1
Condition 2 :
gds+1/RoutCoutω0
1
Condition 3 : C
f bω
0/g
m1
Condition 4 : g
mRC
f b/C
out1
Table 3.2 – Conditions sur le choix des param`etres C
out, R
outetg
m.
De plus, la r´esistance de jauge R n’exc`ede pas 3 kΩ, cas du dopage `a 10
19cm
−3.
Le terme 2/R est alors pr´epond´erant devant (C
f b+C
in+ 2C
0)ω
0pour des fr´equences
inf´erieures `a 30 M Hz. En effet, le terme C
f b+C
in+ 2C
0est domin´e par les capacit´es
parasites inclues dans C
in, et celles-ci sont de l’ordre du pF pour une ´electronique
d´eport´ee du NEMS.
On peut cependant remarquer que les capacit´es parasites ont une influence sur les
jauges les moins dop´ees, o`u la valeur de 2/R diminue. Pour monter en fr´equence, il est
n´ecessaire soit d’augmenter le dopage, soit de diminuer les capacit´es parasites. Cette
diminution peut se faire par une r´ealisation co-int´egr´ee du dispositif, o`u le NEMS et
l’´electronique sont fabriqu´es sur la mˆeme puce.
Au vu des conditions de la Table 3.2, les calculs se simplifient en V
3=
−gmV2jωCout
et
V
2≈
Ve∆R0R
+
V3jCf bRω2
≈
Ve∆R0R
. En combinant ces deux ´equations, nous obtenons la
tension de sortie en fonction de ∆R/R.
L(ω) = V
3∆R/R ≈ −V
eg
mjωC
out. (3.3)
Par la suite, nous utiliserons (3.3) pour le calcul de mise en auto-oscillation du dispositif,
ce qui fixera les valeurs de C
out, R
outet g
m. Il est important de garder en m´emoire les
hypoth`eses de la Table 3.2 afin de v´erifier a posteriori qu’elles sont bien respect´ees. Il
est aussi utile de calculer la fonction de transfert propre `a l’amplificateur,
G(ω) = V
3V
2≈ −g
mjωC
out. (3.4)
Nous avons ainsi propos´e dans ce chapitre un dispositif de d´etection de masse utilisant
les propri´et´es pi´ezor´esistives du silicium. Nous avons commenc´e `a rentrer dans les d´etails
de compr´ehension en explicitant les principes d’actionnement et de d´etection. Sur la
base de ces r´esultats, nous allons au prochain chapitre poursuivre l’approfondissement
de la compr´ehension du dispositif en rajoutant la m´ecanique de l’´el´ement sensible et les
ph´enom`enes de bruits. Cela nous permettra d’obtenir une mod´elisation du dispositif.
Bibliographie
[1] Mo Li, H. X. Tang and M. L. Roukes, Nature Nanotechnology 2, 114-120 (2006).
[2] B. Ilic et al, Journal of Applied Physics 95, 3694 (2004).
[3] J. Arcamoneet al, Nanotechnology, 19, 305302 (2008).
[4] K. Jensen, K. Kim and A. Zettl, Nature Nanotechnology, 3, 533 (2008).
[5] Guan-Chyun Hsieh and James C. Hung, IEEE Transactions on industrial
electro-nics, 43, 6 (1996).
Chapitre 4
Mod´elisation
Nous avons vu dans la partie (3.2.2) que le signal de d´etection est issu des contraintes
m´ecaniques dans les jauges. Nous allons donc commencer par ´etudier dans un premier
temps ces contraintes m´ecaniques. Nous verrons ensuite les ph´enom`enes de bruit
inter-venant dans le dispositif. La connaissance des bruits et du signal utile nous permettra
enfin de calculer la r´esolution du capteur. Cependant, les bruits n’intervenant pas dans
les mˆemes ´etages du dispositif, l’analyse automatique du dispositif complet devra ˆetre
pr´ealablement men´ee avant de calculer la r´esolution.
4.1 Propri´et´es m´ecaniques du NEMS
L’´el´ement sensible du capteur est le r´esonateur du NEMS. Par le biais des jauges
pi´ezor´esistives (voir Figure 4.1), une transduction en signal ´electrique des propri´et´es
m´ecaniques du r´esonateur est rendue possible. La d´etection de notre capteur repose sur
la variation des propri´et´es m´ecaniques du r´esonateur lors de l’accr´etion de masse. Nous
allons ici ´etudier ses propri´et´es.
Dans le document
CONCEPTION ET MODELISATION D'UN NANOCAPTEUR DE MASSE PAR DETECTION PIEZORESISTIVE
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