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I.2. FONDEMENT DU MILIEU D’ETUDE

I.2.5. Etat des ressources hydriques du bassin versant du lac Togo

Bien que le pays ne dispose pas de statistiques sur la qualité des eaux de surface, on constate leur dégradation de façon alarmante. Cette dégradation est liée selon les données du ministère en charge de l’eau et de l’assainissement (PANGIRE, 2010):

 à l’insuffisance dans l’observation des règles d’hygiène dans les établissements humains où les eaux sont principalement polluées par la défécation anarchique même aux abords des points d’eau et à la mauvaise gestion des ordures ménagères et des eaux de pluie ;

 aux activités industrielles qui génèrent des effluents bruts déversés dans les cours d’eau;

 aux activités de la pêche par l’utilisation de pesticides naturels et de synthèse ainsi que d’explosifs ;

 aux activités d’élevage, à l’abreuvage et à la pâture des animaux qui divaguent dans les lits des cours d’eau en période d’étiage ;

 aux activités agricoles par l’utilisation des engrais et des pesticides qui, lessivés par les eaux courantes se retrouvent dans les cours d’eau ;

La situation est des plus alarmantes pour les cours d’eau qui drainent le grand bassin cotonnier qui reçoit la plus grande partie des engrais et pesticides importés au Togo. Le même document spécifie que le système lagunaire comprenant les deux lagunes de Lomé, le lac Togo et le lac Zowla est eutrophe et nécessite aujourd’hui d’importants investissements d’assainissement (PANGIRE, 2010). La hiérarchisation des problèmes liés aux ressources en eau par bassin au Togo, informe que les problèmes classés de très importants dans le bassin de Lac Togo sont très nombreux et plus diversifiés que dans les deux autres grands bassins du pays. D’où l’intérêt d’une étude plus détaillé sur ce bassin versant. En l’absence de système de protection pour la sauvegarde des ressources naturelles, les ressources hydriques sont exposées aux infiltrations d’eaux issues de l’agriculture intensive, des effluents industriels et urbains non traités, mais aussi par les apports par ruissellement. Par ailleurs, l’absence de schéma d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) sur le territoire, de même que l’inexistence d’une station de traitement des eaux usées entrainerait une mauvaise connaissance et gestion des ressources. Ce qui peut être la cause de certains conflits (cas de Togblékopé entre les usagers et les riziculteurs en amont en période d’étiage de 2015 et 2016).

Par ailleurs, un plan d’aménagement et de gestion de l’eau du BVLT vient être élaboré au cours de l’année 2019 par la GIZ.

1.2.5.1.Gestion des eaux usées

Le problème des eaux usées est d’une importance capitale au Togo comme dans les autres pays de l’Afrique de l’Ouest où les systèmes d’assainissement sont quasi inexistants. Dans le BVLT, seule la ville de Lomé possède un réseau embryonnaire d'assainissement, mais très ancien. Dans le meilleur des cas, l'assainissement s'effectue au moyen de latrines ou de fosses septiques (fosses à fond perdu) reliées à des puits perdus. Mais, les eaux usées sont le plus souvent évacuées à même la rue. En dehors de Lomé qui possède un réseau d’adduction d’eau potable, un réseau embryonnaire de caniveaux à ciel ouvert pour l’évacuation des eaux usées et pluviales, les autres villes du BVLT ne possèdent d’aucun système de traitement des eaux usées. Plus de six ménages sur dix (67,5%) déversent directement les eaux usées dans la nature (QUIBB, 2015). Dans les villes, villages ou quartiers, sans réseaux, les eaux usées restent stagnantes, s'infiltrent dans le sol, ou rejoignent directement les rivières par lessivage lors de la saison des pluies. L’évacuation des boues de vidange se fait dans la nature sans traitement préalable dans le lit du fleuve Zio. En outre, la brasserie de Lomé rejète dans le Zio chaque année, près de 300 000 m3d’eaux usées mal traités (discussion orale avec M. Gnandi).

1.2.5.2.Gestion des ordures

Les ordures ménagères constituent également un véritable problème. Compte tenu du mode de collecte et de stockage des déchets ménagers au Togo à savoir le ramassage en vrac sans tri préalable, les ordures ménagères constituent une source non négligeable en éléments métalliques parmi lesquels se trouvent les plus toxiques (mercure, plomb, cadmium). Ces toxiques proviennent des piles, les batteries, les vielles carrosseries, des produits chimiques divers et autres matériaux abandonnés sur les décharges. Ainsi, à la suite d’un événement pluvieux, le lessivage de ces ordures composées seront entrainés vers les cours d’eau et puits pouvant contenir de fortes teneurs en ammoniaque résultant de la fermentation, des pesticides et éléments traces.

En matière de gestion des ordures ménagères, 39,8 % des ménages togolais jettent les ordures dans la nature et 24,9% sur les dépotoirs sauvages (QUIBB, 2015) d’autres encore dans les caniveaux, contribuant ainsi à leur obstruction et aux inondations en cas de fortes pluies. Ils ne sont que 5,8 % et 22,1 % à recourir respectivement aux dépotoirs autorisés et à l’enlèvement de porte en porte des ordures ménagères. Selon les mêmes enquêtes, et le taux de couverture d’enlèvement des ordures ménagères dans la ville de Lomé est estimé à 71,6% en 2015 et reste bien en deçà des ambitions fixées (76%).

En ce qui concerne la gestion des déchets biomédicaux et spéciaux, les risques de contamination de maladies sont élevés pour la plupart des établissements sanitaires qu’ils soient privés ou publics. En effet, depuis la collecte jusqu’au traitement, le personnel sanitaire n’est pas suffisamment sensibilisé, le matériel de collecte et de traitement est soit insuffisant, soit vétuste, soit parfois inadapté. Le danger est donc permanent, déjà pour l’environnement, les sols sur lesquels ces déchets sont déposés, mais aussi pour ceux qui les manipulent sans protections tels que les collecteurs d’ordures qui ne sont pas sensibilisés sur les dangers encourus.

Vu que dans les pays en voie de développement, les robinets d’eau potable sont rares, notamment dans les villages et les bidonvilles, ces cours d’eau mal protégés comme le cas de Zio et Haho, représenteraient les endroits d’alimentation en eau de consommation et de baignade pour les populations riveraines. Toute contamination de ces milieux peut donc avoir une action immédiate ou différée sur les populations qui y vivent, avec pour conséquences des infections parfois sévères telles que les fièvres typhoïde et paratyphoïde (dues essentiellement aux Salmonella), la dysenterie bacillaire (due aux Shigella), la diarrhée (due aux Escherichia coli pathogènes), pour ne citer que celles-là.

1.2.5.3.Les rejets directs dans les rivières

On peut également citer parmi les sources ponctuelles de pollution les rejets directs de nature accidentelle ou volontaire dans les fleuves. C’est, par exemple, le cas des produits toxiques solubles, servant à faciliter la capture des poissons par certains pêcheurs. On peut également citer la pollution due à l’utilisation des engrais et pesticides dans les périmètres agricoles aux abords et/ou dans les lits mineurs des fleuves. Des pollutions accidentelles subviennent également en raison d’un mauvais stockage de produits phytosanitaires dans les zones cotonnières. Il existe également des ruissellements directs issus de l’utilisation des savons, des produits vaisselle et lessives (détergents) par la population locale.