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I.3. Méthodes d’estimation de la fonction d’entrée

I.3.6. Estimation par des méthodes mathématiques

Des méthodes statistiques ont été proposées pour extraire la fonction d’entrée [156]. La plupart se basent sur l’image TEP (et on les rattache donc parfois aux méthodes IDIF), bien que certaines utilisent directement le sinogramme [157]. Il s’agit essentiel- lement de l’analyse factorielle ("FA") [238] et de l’analyse en composants indépendants ("ICA") [239]. Certaines études visent à trouver les voxels de l’image représentant une structure vasculaire : il s’agit donc de méthodes de segmentation automatique pour déterminer l’IDIF, elles ont été présentées dans le paragraphe correspondant (I.3.4). D’autres ne s’attachent pas à localiser spatialement les voxels représentant la fonc- tion d’entrée ( [240], FA : [241–244], ICA : [139,245,246]). Il est à noter que l’ICA et

la FA fournissent uniquement une estimation normalisée, qui doit ensuite être mise à l’échelle grâce à un prélèvement sanguin par exemple. De même pour la méthode extrayant la fonction d’entrée du sinogramme [157]. La réussite de la méthode ICA dépend beaucoup du découpage temporel de l’image TEP ; il doit être serré au ni- veau du pic [247]. Pour la FA et l’ICA, les composants extraits censés représenter le sang ne sont pas exempts de contamination due à l’effet de volume partiel [195], qui doit être corrigée [230]. Une méthode a été proposée pour estimer directement la fonction d’entrée intégrée, utilisée dans les méthodes graphiques d’estimation des paramètres [248].

Certaines méthodes combinent plusieurs approches décrites jusqu’ici, par exemple des méthodes statistiques utilisant PBIF et données de l’image [249].

I.3.6.1. Estimation simultanée de la fonction d’entrée et des paramètres pharmacocinétiques

Certaines méthodes proposent d’estimer à la fois la fonction d’entrée et les para- mètres d’organes [250, 251]. On peut les diviser en deux groupes [252] : celles qui ne font aucune hypothèse sur la fonction d’entrée [166,253–255] et celles qui utilisent une modélisation paramétrique de la fonction d’entrée [140,164,169], comme par exemple la méthode SIME (pour "simultaneous estimation") [115, 202]. Le deuxième groupe nécessite une connaissance fine de la forme de la fonction d’entrée mais obtient de meilleurs résultats que le premier groupe [137, 252, 254, 256].

I.3.6.1.a. La méthode SIME

La méthode SIME a été proposée par Feng, Wong et al. en 1997 [115]. Elle uti- lise une expression paramétrique de la PTAC (éq. I.31) et consiste en l’estimation simultanée des paramètres d’organes dans un modèle à trois compartiments et des paramètres de la fonction d’entrée, à partir de plusieurs TTACs de l’image TEP et éventuellement d’un ou plusieurs prélèvements sanguins.

La définition de la méthode SIME a évolué au fil des articles ; nous présentons ici la forme qui nous paraît la plus complète.

La méthode SIME repose sur la minimisation d’une fonction de coût Φ représentant les différences entre les TACs estimées et les TACs mesurées. Cette fonction de coût est composée de deux termes. Le premier est la somme pondérée des carrés des différences entre, pour chaque frame, les valeurs des TTACs réelles et les valeurs de celles produites par le modèle ; le deuxième représente la distance de la PTAC estimée à des prélèvements (artériels ou veineux pendant l’équilibre artère-veine), si on en

utilise [257] : Φ(θ) = R Ø r=1 T Ø t=1 vr,t[Cmes,r(t, θ) − T T ACr(t)]2 ü ûú ý organes + S Ø s=1 ws[Cp(ts) − ¯Cp(ts)]2 ü ûú ý

sang (fonction d’entrée)

, (I.32)

avec R le nombre de ROIs, donc de TTACs utilisées, T le nombre de frames, S le nombre de prélèvements sanguins. ¯Cp(ts) est la concentration d’activité du pré-

lèvement veineux (pour le 18F-FDG) au temps t

s, Cp(ts) est la fonction d’entrée

estimée au temps ts. T T ACr(t) est la concentration d’activité mesurée dans la région

r au temps t, Cmes,r(t, θ) est la concentration d’activité du tissu r calculée grâce à

l’éq. I.27 (celle qu’on devrait mesurer d’après le modèle) pour le jeu de paramètres

θ = {τ, {λi}, {Ai}, {ak,r}, {bl,r}{Vb,r}} avec i ∈ J0; 2K, k ∈ J0; 1K et r ∈ J0; RK.

Le poids vr,t est l’inverse de la variance de la mesure ; le poids ws est choisi égal

à 100 ou à une autre valeur raisonnablement grande pour forcer la PTAC à passer par le prélèvement sanguin (ou au plus proche des prélèvements lorsqu’on en utilise plusieurs) [257], les prélèvements sanguins étant considérés comme moins bruités et donc plus fiables que les TTACs [202]. La variance de la mesure, utilisée dans vr,t,

vaut σ2

r,t = α×Cmesdtt(r,t) avec α une constante de proportionnalité, Cmes(r, t) la valeur

de la TTAC dans la région r à la frame t et dtt la durée de la frame t [115].

Utiliser un grand nombre de TTACs fournit plus d’information mais accroît le nombre de paramètres à estimer, ce qui accroît la complexité de la fonction de coût. Feng et al. [115] ont trouvé que trois TTACs suffisaient pour estimer la fonction d’entrée (R = 3).

Au sujet du nombre de prélèvements, Ogden et al. [128] ont montré qu’un pré- lèvement artériel corrigé des métabolites suffit. Cela permet d’éviter la pose d’un cathéter artériel, mais rend la méthode très dépendante d’une seule mesure, qui peut être entachée d’erreurs [128]. Les résultats sont bien meilleurs avec un prélèvement que sans [128].

La méthode SIME a été testée d’abord pour le 18F-FDG, pour des données simu-

lées [115] puis réelles [202] ; elle a ensuite été testée sur d’autres traceurs (données simulées d’un traceur SPECT [257], données réelles de trois traceurs TEP avec des métabolites, avec différents modèles à compartiments [128]). Elle a été appliquée dans plusieurs articles [164, 195], ainsi que combinée à l’IDIF [165].

On rappelle que l’expression de la TTAC en fonction de la PTAC fournie par l’éq. I.27 et utilisée dans la fonction de coût n’est a priori valable que pour le 18F-

FDG. Pour un traceur quelconque sans radiométabolites rentrant dans les tissus, la cinétique estimée s’exprime en fonction de la PTAC et de la concentration d’activité dans le sang Cs (voir éq. I.25). Cependant, Ogden et al. [128] ont montré que pour

vasculaires (Vb = 0 dans l’éq. I.25), utiliser la même formule que pour le 18F-FDG

(éq. I.25) ou utiliser pour Cs une PBIF non corrigée des métabolites produisent des

résultats similaires. Pour le18F-FDG, la prise en compte des fractions vasculaires est

bien nécessaire [128].

Feng, Wong et al. obtiennent de bons résultats pour le 18F-FDG [115, 202, 257],

mais pas Ogden et al. [128], qui obtient pourtant de bons résultats pour les trois autres traceurs testés. Cette meilleure réussite sur des traceurs plus complexes (avec radiométabolites) peut être due [128] à une plus grande variabilité des TTACs, qui amènent plus d’informations, et à des modèles à compartiments plus simples, avec moins de paramètres, ce qui diminue la dimensionnalité de la fonction de coût ; celle-ci est alors plus facile à minimiser.

Minimiseur utilisé

Plusieurs algorithmes de minimisation de la fonction de coût ont été utilisés : d’une part les méthodes des moindres carrés non linéaires (nommées dans la suite NLLS) [115,202,258] – dont l’algorithme de Levenberg-Marquardt (dans [115]) et un dérivé (dans [258]), d’autre part le recuit simulé [128, 257]. Les algorithmes comme NLLS peuvent avoir des difficultés à trouver un minimum global dans un espace à de nombreuses dimensions, c’est pourquoi l’utilisation du recuit simulé, plus robuste, peut fournir de meilleurs résultats [128, 257].

Avantages

La méthode SIME est a priori séduisante car elle présente de nombreux avantages : – elle est utilisable pour tous les traceurs, avec ou sans métabolites ;

– elle est peu invasive ;

– elle fournit directement la fonction d’entrée et pas seulement la concentration d’activité dans le sang total ;

– elle fournit une vraie quantification de la fonction d’entrée et pas seulement une valeur relative.

Limites

Cependant, la méthode présente des inconvénients importants.

Un premier inconvénient est la dépendance forte de la méthode à un prélève- ment sanguin potentiellement entaché d’erreur. En raison de l’indétermination (voir §I.2.2.7.b), il est nécessaire d’utiliser au moins un prélèvement – à moins de fixer des paramètres ou d’indiquer des relations entre des paramètres.

L’inconvénient majeur de la méthode SIME est le grand nombre de paramètres à estimer [128] (7 pour la fonction d’entrée et 5 pour chaque TTAC, dans un modèle à trois compartiments avec k4 Ó= 0), ce qui rend l’estimation difficile, de même que

de notre implémentation de la méthode pour le18F-FDG que la minimisation échoue

fréquemment et que lorsqu’elle fournit un résultat, les paramètres sont mal estimés, conduisant à une estimation de la courbe de la fonction d’entrée de piètre qualité (comme déjà remarqué dans [128]).

Nous avons également observé que la sensibilité de SIME à l’initialisation était forte, causant une grande variabilité dans les valeurs des paramètres estimés.