2.2 Endommagement du matériau composite par essais de traction
2.2.1 Les essais de traction
Les éprouvettes sont sollicitées en traction monotone au moyen d’une machine d’essai ZWICK
d’une capacité maximale de 150 kN. Pour comprendre au mieux le comportement du matériau, les
essais sont multi-instrumentés au moyen de l’émission acoustique, de la corrélation d’images et de la
microscopie optique sur chant poli. La configuration expérimentale, avec le montage de l’éprouvette
sur la machine de traction, est illustrée par la figure 2.4.
Deux capteurs d’émission acoustique Nano 30 sont collés avec de la graisse de silicone et du
ruban de téflon sur l’échantillon. Un seul capteur est a priori suffisant, néanmoins une double
configuration est une bonne garantie en cas de décollement d’un des deux capteurs pendant l’essai
[Barre et al., 1994], [Giordano et al., 1998], [Scida et al., 2002]. Les deux sont sur la même face de
l’éprouvette, à proximité d’un des mors de la machine pour garder le plus grand espace possible entre
les mors pour la corrélation d’images.
La corrélation d’images consiste à déterminer du champ de déplacement de l’éprouvette et,
donc, à évaluer des déformations locales. A partir de ces données locales, une déformation moyenne
de l’éprouvette est estimée et le comportement contrainte-déformation du matériau reconstruit.
L’acquisition des images est effectuée au moyen de deux caméras, avec une bague-allonge de 50 mm.
Cette technique demande un traitement spécifique d’une face de l’éprouvette qui doit être peinte
avec un mouchetis (noir sur fond blanc) pour créer un champ aléatoire de référence [Ivanov et al.,
2009], [Hochard et al., 2009], [Perie et al., 2009].
La microscopie optique sur chant poli utilise un microscope optique de marque Olympus, lié à
une caméra numérique pour l’acquisition des images. Il est positionné sur le chant de l’éprouvette
précédemment polie pour optimiser la visualisation et la qualité des images. L’ensemble est porté par
un dispositif micrométrique pour déplacer avec précision le microscope ce qui emmène à une
acquisition globale du chant de l’éprouvette sur toute sa longueur.
Gabriele Bai - Evaluation par vibrothermographie de l’endommagement des composites tissés
Figure 2.4 – Éprouvette sous charge, installée sur la machine ZWICK et multi-instrumentation associée.
Pour obtenir des états d’endommagement variés, les éprouvettes seront soumises à des charges
différentes, en proportion de la contrainte à rupture du matériau. Pour la connaître, une éprouvette,
(la numéro 3) est testée en traction jusqu’à rupture. L’estimation de la déformation moyenne de la
zone utile sur l’échantillon est obtenue par la corrélation d’images et la courbe contrainte-déformation
est reconstruite (figure 2.5). La valeur mesurée de la contrainte à rupture est de 280 MPa.
Figure 2.5 - Courbe contrainte/déformation, éprouvette 3.
Cette valeur de la contrainte à rupture se retrouve sur l’évolution de l’énergie acoustique
cumulée, détectée par les deux capteurs, à un seuil de détection à 20 dB (figure 2.6), qui donnent des
niveaux d’énergie cumulée similaires.
Gabriele Bai – Evaluation par vibrothermographie de l’endommagement des composites tissés
Figure 2.6 - Énergie acoustique cumulée détectée par les deux capteurs d’émission acoustique, éprouvette 3.
Deux paramètres guident le choix des niveaux de charge auxquels seront soumises les autres
éprouvettes ; la contrainte à rupture et le seuil d’endommagement. L’estimation d’un seuil est
toujours une entreprise délicate et controversée. Il n’en existe pas de définition unanimement
acceptée. En comparant la courbe contrainte-déformation et la courbe d’énergie cumulée, il est
manifeste que la non-linéarité de cette dernière est beaucoup marquée. Cela donne une estimation
d’un seuil de début de non linéarité bien plus aisée. Le seuil d’endommagement sera don la contrainte
à partir de laquelle l’activité acoustique commence à devenir significative, soit 160 MPa, figure 2.6.
Pour tester des états d’endommagement très différents, deux valeurs de contrainte de traction
sont retenues. Pour l’éprouvette 1, 250 MPa, ce qui donne un état d’endommagement critique,
proche de la rupture, tout en conservant une marge de 10 % pour éviter une rupture non voulue de
l’éprouvette liée à la dispersion de la contrainte à rupture. Pour l’éprouvette 2, 190 MPa, ce qui
différencie nettement son état d’endommagement de celui de l’éprouvette 1 et qui est légèrement
supérieur au seuil d’endommagement du matériau.
Les paramètres des essais de traction monotone auxquels sont soumises les quatre éprouvettes
sont résumés dans le tableau 2.3. La colonne « déformation moyenne » fait référence à la déformation
moyenne estimée à la contrainte maximale appliquée, par corrélation d’images, sur la zone utile de
l’éprouvette. La vitesse de déplacement a été choisie suivant l’expérience que le département a de ce
composite. Pour réaliser des essais interrompus et effectuer l’acquisition avec le microscope optique,
la traverse de la machine d’essais est pilotée en déplacement imposé.
Tableau 2.3 - Essais de traction, 4 éprouvettes
Eprouvette Contrainte
[MPa]
Déformation
moyenne Rupture
Vitesse déplacement
[mm/min]
Eprouvette 0 Référence (état non endommagé)
Eprouvette 1 190 1,08 non 0,5
Eprouvette 2 250 1,47 non 0,5
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Les courbes contraintes/déformation des trois éprouvettes sollicitées en traction se superposent
parfaitement (figure 2.7), ce qui montre que le comportement de la plaque dont sont issues ces 3
éprouvettes, est très peu dispersé. La relaxation due à la viscosité de la matrice époxy est sensible
pendant les paliers de chargement, 160 MPa pour l’éprouvette 1 et 225 MPa pour la 2, qui
correspondent au temps au balayage par le microscope optique du chant poli de l’éprouvette.
Figure 2.7 - Courbes contrainte-déformation des trois éprouvettes sollicitées en traction.
2.2.2 Estimation de la densité de fissuration par analyse d’images de microscopie optique
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Evaluation par vibrothermographie de l'endommagement de composites tissés
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