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B. Les bandes enherbées : un nouvel habitat du paysage ?

B.3. Que nous apprennent certains éléments du paysage ?

B.3.5. Les espaces hors champs de bordures

Les bordures de champs représentent un élément clé du paysage agricole car elles remplissent des rôles

multiples (Marshall et Moonen, 2002 ; Borin et al., 2010) tant environnementaux (par ex. limiter les pollutions ou

l’érosion), agronomique (brise vent), pour la conservation ou la dispersion d’espèces (refuge, corridor …) ou

sociaux (par ex. promenade, chasse, tourisme, esthétisme du paysage).

Il existe une très grande variété de bordures de champs qui permet d’y observer une importance variabilité

d’espèces, comme des espèces messicoles ou rudérales, des espèces typiques des milieux perturbés, des

espèces des prairies, des bois ou des milieux aquatiques. Mais toutes ces espèces ne se retrouvent pas dans les

mêmes types de bordures, et de nombreuses études ont montré l’importante du type de bordures dans la

structuration de la flore qui y est observée (Hegarty et al., 1994 ; Marshall et Arnold, 1995 ; Walker et al., 2006).

De plus, la diversité floristique d’une bordure de champs est en relation avec le contexte paysager qui l’entoure

(Sosnoskie et al., 2007). Selon les agriculteurs, quelles fonctions remplissent les bandes enherbées ?

Quelle sera l’influence du type de bordures adjacentes sur la structuration de la flore adventice des

bandes enherbées ?

Les bordures de champs englobent l’ensemble des espaces en dehors des limites de la parcelle cultivée. Dans

ce sens strict, illustré par Greaves et Marshall (1987) (Figure 1), la bande enherbée n’est pas une bordure de

champ car elle est semée dans la parcelle cultivée. La végétation des bandes enherbées va-t-elle évoluer

vers une flore similaire à leur bordure adjacente ?

Introduction

B.3.5.1.Les bordures boisées

Les haies sont des rangées d’arbres ou arbustes qui séparent les champs et construites de la main de l’homme

(Burel, 1996). Les haies représentent un élément linéaire où on y rencontre entre 300 et 500 espèces végétales

(Rozé, 1978 ; Hooper et al., 1987) dont certaines ne se retrouvent jamais dans le champ (Bunce et Hallam,

1993). La plupart des espèces sont pérennes (Marshall et Arnold, 1995), inadaptées à tolérer les perturbations et

plutôt sciaphiles. Les bandes enherbées adjacentes à des haies vont-elles héberger une flore différente

de celle implantées dans un paysage ouvert ?

Burel (1996) mentionne que l’étude des haies ne doit pas être dissociée de l’étude du système agricole de la

parcelle. En effet, la végétation de la strate herbacée des haies est influencée par l’application d’herbicide dans la

parcelle (Boutin et al., 1994). Même si Boatman (1994) n’observe aucun changement de la composition

floristique, il semble que Bromus sterilis et Galium aparine soient des espèces particulièrement avantagées par

l’azote. Le type de parcelle adjacente (prairie ou culture intensive) modifie la richesse (Hegarty et al., 1994 ; Hald,

2002). Certains auteurs mentionnent que l’entretien de la strate herbacée est le facteur le plus structurant (Bunce

et al., 1994) alors que Le Coeur (1996) démontre que l’entretien semble minime au regard de la structure de la

haie. Les pratiques dans la parcelle ont-elles une influence sur la flore des bandes enherbées ? Ainsi,

la bande enherbée présente-t-elle une flore différente entre son côté adjacent à la parcelle et son coté

adjacent à la bordure ?

B.3.5.2.Les bordures herbacées

Les bordures herbacées très présentes dans les paysages ouverts sont souvent considérées comme des zones

refuges (Smart et al., 2002 ; Fried et al., 2007 ; Gardarin et al., 2007). Les bordures herbacées hébergent une

flore plus héliophile comparée aux bordures boisées (Di Pietro, 2005). La flore est plus riche et composée de

types biologiques différents du centre de la parcelle (Annexe 2). Le changement de flore de la bande

enherbée à la parcelle sera-t-il aussi marqué que de la bordure à la parcelle ?

Les pratiques dans la parcelle cultivée, notamment les apports d’engrais azotés diminuent la diversité floristique

de la bordure de champ (Kleijn et Verbek, 2000), modifiant également la biomasse végétale des bordures. On

rencontre dans les bordures des espèces du champ tant pérennes (par ex. Elytrigia repens) que des annuelles

dicotylédones. Ainsi, des flux d’espèces sont observables entre le champ et sa bordure. Même s’il est

généralement admis que les bordures de champs alimentent le champ en espèces adventices, très peu d’études

ont tenté de démontrer la dispersion des espèces et de la quantifier l’effet bordure (Marshall, 1985b ; Petit et al.,

2010). Les travaux de Marshall, (1985b) et Marshall (1989) montrent que les patrons de distribution des espèces

de la bordure vers le centre du champ varient selon les espèces considérées (Figure 2). En effet certaines

espèces sont limitées à la bordure de champ quand d’autres le sont au centre du champ. En revanche, certaines

espèces dispersent effectivement depuis la bordure, diminuent en occurrence en allant vers l’intérieur du champ

ou montrent un pic de présence dans le bord du champ. Wilson et al., (1995) montrent des patrons similaires sur

les espèces dicotylédones, où la majorité des espèces décroissent du bord vers le centre du champ.

Introduction

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Figure 2 : Différents types de patrons de

distribution d’espèces de la bordure au centre du

champ. (Marshall, 2004) adapté de Marshall

(1985a) et Marshall (1989).

La mise en place des bandes enherbées

modifiera-t-elle les patrons de dispersion des

espèces ?

B.3.5.3.Les bords de routes

Avec le développement des voies de circulation, les bords de routes représentent une part grandissante des

espaces hors champs. De plus, les routes fragmentent le paysage agricole et les bords de routes ont souvent été

considérés comme des corridors (Tikka et al., 2001; Smart et al., 2006) ou des refuges (Way, 1977; Tikka et al.,

2000) pour de nombreuses espèces végétales. La bande enherbée est-elle un corridor ?

S’Ils ne sont pas entretenus par l’agriculteur lui-même, les bords de route entretenus par un broyage présentent

un nombre d’espèce plus important que les bords non broyés (Hovd et Skogen, 2005). Les broyages empêchent

cependant les espèces de fleurir ou de disperser leurs semences (Jantunen et al., 2007) et une gestion annuelle

augmente la production de semences, comparé à deux broyages. Le maximum de diversité peut être atteint par

un broyage (Vainio et al., 2001) ou deux quand la période de croissance est plus longue (Parr et Way, 1988).

La fréquence des interventions peut-elle modifier la composition de la flore des bandes enherbées ?

B.3.5.4.Les fossés et leurs berges

Les berges des fossés ont été étudiées, à l’image des bordures champs, pour observer si les pratiques culturales

et notamment l’épandage d’engrais et de d’herbicides dans la parcelle modifiait la flore présente. Il semble qu’aux

Pays-Bas, 95% des agriculteurs interviewés désherbent spécifiquement les bords de champs (de Snoo et van

der Poll, 1999). Quand le bord du champ de blé n’est pas désherbé la fréquence d’occurrence et l’abondance de

quelques espèces dicotylédones comme Ranunculus repens, Thlaspi arvense, Rumex crispus et Papaver rhoeas

Introduction

monocotylédones. De plus, il semble que l’application d’azote modifie la composition floristique (Melman et

Verkaar, 1991).

Quel sera l’effet des pratiques culturales de la parcelle sur la flore des bandes enherbées ?

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