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ERP et l'inflammation intestinale chez la souris Mécanismes

4. DISCUSSION ET CONCLUSION

4.1 PROJET 1 : ERp ET INFLAMMATION INTESTINALE

4.1.2 ERP et l'inflammation intestinale chez la souris Mécanismes

Bien que la démonstration que l'œstrogène diminue l'inflam m ation intestinale via ERp ne soit plus à faire, les mécanismes impliqués dans cette action sont moins bien documentés. Présentement, deux principaux mécanismes sont proposés : une signalisation croisée entre NF-kB et les ER ainsi qu’une régulation de la perméabilité de la barrière épithéliale. Il est connu que l’œstrogène peut inhiber la signalisation de NF-kB en empêchant la liaison de ce facteur de transcription avec l'ADN ou en facilitant son inhibition par son inhibiteur naturel, IkB (Kalaitzidis et Gilmore, 2005). NF-kB est grandement impliqué dans le système im m unitaire intestinal où il promeut la transcription de multiples cytokines importantes comme le TNFa, l’IL -ip et l'IL-6 ainsi que de chimiokines comme l’IL-8.

Dans notre modèle de souris DSS traitées avec le DPN, nous avons d’ailleurs observé une réduction d’expression du transcrit de TNFa dans le côlon distal comparativement aux souris contrôles. Cette observation pourrait résulter d’une activation moindre de la voie NF-kB qui résulterait en une production réduite de cytokines inflammatoires comme le TNFa. Ces résultats concordent avec ceux rapportés par Saleiro et al. c’est-à-dire une augmentation du marquage nucléaire de NF-kB dans le côlon des souris ERp /- en association avec une expression accrue des transcrits de TNFa, d’IL-6, d’IL-17, d'IFNy (Saleiro et al., 2012). En résumé, dans notre modèle, l’expression réduite du TNFa suggère une inhibition de la signalisation de NF- kB suite à l’activation d’ERp par le DPN mais des expériences supplémentaires seraient nécessaires pour confirmer cette hypothèse. L'activation de la voie NF-kB pourrait être documentée de plusieurs façons telles que par la localisation nucléaire de NF-kB (RelA et p50) en immunofluorescence et par la détection de la forme phosphorylée de l'inhibiteur naturel de NF-kB, IkB par immunobuvardage. En effet, lorsque la voie NF-kB est activée, les inhibiteurs IkB qui séquestrent normalement NF- kB au cytoplasme sont phosphorylés par la kinase IKK et sont ensuite ubiquitinés et dégradés par le protéasome alors que NF-kB pourra transloquer au noyau et transcrire ses gènes cibles comme TNFa. La phosphorylation d'iKB est donc

fréquemment utilisée comme marqueur d'activation de la voie de signalisation de NF- kB.

Deuxièmement, la perméabilité de la barrière épithéliale pourrait être affectée par ERp. La première ligne de défense du système im m unitaire intestinal est sans contredit la barrière physique formée par l'épithélium ce qui empêche le contact entre les bactéries de la flore intestinale et les cellules immunes résidentes de la muqueuse intestinale. En effet, la perméabilité de l'épithélium colique est augmentée par l’ovariectomie chez le ra t suggérant que les hormones sexuelles féminines comme l'œstrogène sont nécessaires au bon établissement de la barrière épithéliale. Également, l’activation spécifique d’ERp avec le DPN diminue la perméabilité épithéliale chez des rates ovariectomisées corrélant également avec une expression accrue des molécules de jonctions, occludine et JAM-A suite au traitem ent des cellules cancéreuses du côlon Caco-2 avec un agoniste d'ERp (Braniste et al., 2009). Aussi, la résistance transépithéliale est augmentée suite à un traitem ent avec le DPN d'une monocouche de cellules cancéreuses du côlon T84 (Looijer-van Langen et al., 2011). Tous ces résultats suggèrent grandement que l'activation d'ERp diminue la perméabilité de l'épithélium dim inuant ainsi les contacts possible entre les bactéries pathogènes et le système im m unitaire intestinale. Cette fonction d'ERp pourrait sans contredit participer à l’effet du DPN observé dans notre modèle de colite induite avec le DSS bien que la barrière soit grandement fragilisée dans ce type de modèle animal.

Dans les travaux présentés dans cette thèse, nous suggérons un nouveau mécanisme par lequel ERp pourrait avoir des fonctions anti-inflam m atoires dans le côlon soit la régulation de la voie de signalisation du TGFp. Les TGFPs (TGFpi, TGFp2, TGFp3) sont des cytokines anti-inflammatoires importantes dans la tolérance du système im m unitaire intestinal face aux bactéries commensales. Dans l'étude présentée ici, nous avons montré que le DPN augmente l’expression des transcrits de TGFpi, TGFp2 et TGFP3 dans le côlon inflammé du modèle animal de colite ind uit au DSS. Ceci suggère une augmentation du signal anti-inflam m atoire qui résulte en une colite moins sévère.

La régulation de la voie du TGFp par ERp avait été soulevée dans notre laboratoire par des expériences de micro-puces à ADN qui avaient révélé un enrichissement de nombreux gènes associés à la voie du TGFp dans le côlon de souris traitées à l'œstrogène de façon ERP-dépendante (Giroux et al., 2008). Par la suite, nous avions démontré que dans le modèle m urin de cancer colorectal APCMin/+, un traitem ent avec le DPN augmente l'expression des transcrits de TGFpi et de TGFP3. Le niveau de Smad2 phosphorylé témoignant de l'activation de la cascade de signalisation était également augmenté chez les souris traitées avec le DPN comparativement aux souris contrôles, tout comme sa localisation nucléaire. Finalement, l'expression de p27, un inhibiteur du cycle cellulaire et gène cible du TGFP dans les colonocytes était également augmentée en immunobuvardage (Giroux et al., 2011). Nos résultats confirment donc que le DPN augmente l'expression des ligands TGFp non seulement dans un modèle de cancer colorectal mais également dans un modèle de colite. Afin de confirm er que la voie du TGFp est activée suite au traitem ent DPN dans notre modèle animal, nous pourrions vérifie r l'expression et la localisation de phospho-Smad2 par immunobuvardage et immunofluorescence, respectivement. Bref, cette régulation du TGFp par ERp pourrait contribuer aux fonctions anti-inflammatoires de l'œstrogène dans l'intestin.