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Chapitre 1: Préconception

1.2 Savoirs connexes à notre problématique : cadres de référence

1.2.3 Cadre technologique

1.2.3.2 Ergonomie et concept d’utilisabilité

Le concept d’utilisabilité a fait surface dans les années 1960, de concert avec le développement de l’informatique. Il prend de l’essor dans les années 1970 et est

intimement lié à l’entrée sur le marché des ordinateurs personnels. Les utilisateurs de cette nouvelle technologie exigent qu’on leur fournisse des logiciels faciles à opérer. À partir de cet instant, les recherches portant sur l’Interaction Homme- Machine vont se suivre à un rythme effréné. L’étude de cette dynamique donnera naissance aux domaines de l’ingénierie cognitive33 et de l'ergonomie cognitive34.

Brangier et Barcenilla (2003 : 41) indiquent que divers auteurs ont contribué à l’identification des éléments inclus associés au concept de l’utilisabilité (Shackel 1981, 1986; Eason 1984; Whiteside, Bennett et Holtzblatt 1988; Norman, 1986 et Karat & Bennett, 1991). Toutefois, il faudra attendre jusqu’en 1998 avant que les spécialistes de l’Organisation Internationale de Normalisation (ISO 9241-11) la définissent comme le « Degré selon lequel un produit peut être utilisé, par des

utilisateurs identifiés, pour atteindre des buts définis avec efficacité, efficience et satisfaction, dans un contexte d’utilisation spécifié». Cette définition identifie

d’une part les composantes impliquées dans un contexte spécifique et d’autre part les relations issues de leurs interactions. Les composantes utilisateur, produit, buts et contexte d’utilisation, identifiées dans cette définition générique, seront précisées par les termes Sujet, Ressource Pédagogique, Objet (lecture de l’heure) et Situation Pédagogique dans la cadre de la présente étude. Brangier et Barcenilla

33 On parle alors « d’ingénierie cognitive » (Norman, 1987) pour qualifier l’application des

connaissances issues principalement de la psychologie cognitive à la conception d’interfaces. Éric Brangier et Javier Barcenilla, 2003 :40.

34 On parle également d’« ergonomie cognitive » dont l’objectif est de rendre compatible le

fonctionnement des systèmes techniques et les conditions de travail avec le fonctionnement mental de l’homme, par l’étude des représentations et des activités de traitement de l’information. Éric Brangier et Javier Barcenilla, 2003 :40.

(2003 :51) proposent l’ajout des relations d’«apprenabilité» et de «mémorisation» dans l’équation de l’utilisabilité.

L’efficacité d’un produit est « la précision ou degré d’achèvement selon lesquels

l’utilisateur atteint les objectifs spécifiés » (ISO 9241 : 1998). Il est important de

souligner que l’efficacité s’attarde au résultat (la performance finale du Sujet) et non au processus qui a permis de l’obtenir. L’efficacité est mesurée par : 1) le niveau et 2) la qualité de la réussite de la performance de la tâche. En ce qui concerne la lecture de l’heure, l’efficacité pourrait être mesurée en termes de niveau (la lecture des heures, des demi-heures, des repères aux 5 minutes et finalement aux minutes précises) et en termes de qualité de la réussite de la performance (scores obtenus pour chacun des niveaux associés à la réalisation de la tâche ou au score globale obtenu pour l’ensemble des niveaux associés à la réalisation de la tâche de la lecture de l’heure). Mais l’efficacité devrait surtout être évaluée par l’utilisation de la lecture de l’heure pour se situer dans un horaire d’activités.

L’ISO (9241 : 1998) définit l’efficience comme le « rapport entre les ressources

dépensées et la précision et le degré d’achèvement selon lequel l’utilisateur atteint des objectifs spécifiés ». Brangier et Barcenilla (2003) soulignent une relation

inverse entre l’effort du travail (physique ou mental) et le niveau d’efficience d’un produit. Ils avancent « plus l’effort est faible, plus l’efficience est élevée » (p.45). L’efficience est mesurée selon quatre dimensions : « 1) le taux et la nature des

erreurs d’utilisation; 2) le temps pour exécuter une tâche; 3) le nombre d’opérations requises pour exécuter la tâche principale et les déviations par rapport à la procédure optimale et, 4) la charge de travail » Brangier et

Barcenilla (2003 :47).

La mesure de l’efficience de la lecture de l’heure pour se situer dans un horaire d’activités va inclure :

1) le taux et la nature des erreurs d’utilisation, c’est-à-dire la fréquence des diverses erreurs types qu’on a souligné dans la revue de littérature telles que : inversion au niveau de l’identification de l’aiguille des heures et l’aiguille des minutes; mauvaises lecture de l’aiguille des heures lorsque celle-ci dépasse la mi-distance entre l’heure en cours et l’heure à venir; mauvaises identification de la minute précise; etc… afin de se situer dans un horaire d’activités. « Du point de vue de l’efficience, l’importance

d’une erreur est liée à son irréversibilité. Plus une erreur est irréversible, plus elle occasionnera une baisse de l’efficience » Brangier et Barcenilla

(2003 :48).

2) le temps pour exécuter une tâche, c’est-à-dire le temps requis de la part de l’élève entre le moment où il observe l’information (heure et minute) sur un cadran (analogique, à affichage numérique ou pictogramme) et qu’il émet sa réponse afin de se situer dans un horaire d’activités.

3) le nombre d’opérations requises pour exécuter la tâche principale et les déviations par rapport à la procédure optimale, c’est-à-dire le nombre d’étapes que l’individu devra réaliser entre l’extraction initiale de l’information provenant du dispositif et la série de transformations qu’il devra opérer sur cette information (heure et minute) afin d’arriver à la réponse appropriée afin de se situer dans un horaire d’activités.

4) la charge de travail, c’est-à-dire, « le coût cognitif ou physique de la

réalisation d’une tâche pour l’utilisateur » Brangier et Barcenilla (2003 :

49). Pour la lecture de l’heure et la gestion d’un horaire d’activtés, on parlera plutôt de coût cognitif (schémas élémentaires contre schémas complexes) exigé par le dispositif et la procédure pour réaliser ces tâches.

La satisfaction « réfère au niveau de confort ressenti par l’utilisateur lorsqu’il

utilise un objet technique. C’est une évaluation subjective provenant d’une comparaison entre ce que l’acte d’usage apporte à l’individu et ce qu’il s’attend à recevoir » Brangier et Barcenilla (2003 : 50). Ces auteurs indiquent que le niveau

de satisfaction ressenti par l’utilisateur aura un impact sur le niveau d’acceptation d’un dispositif par une personne. La satisfaction est mesurée par des questionnaires. L’interprétation de ces derniers doit être faite avec prudence car « elles font référence à des relations complexes entre l’efficacité, l’efficience, la

sociales relatives au groupe d’appartenance de l’utilisateur, l’utilité, les motivations, les attitudes et les prix » (Brangier et Barcenilla, 2003 : 51).

L’apprenabilité est liée à l’apprentissage35. L’apprenabilité est « relative à une

amélioration stable du comportement ou des activités intellectuelles acquises grâce au vécu expérientiel de l’individu » et est « relative à l’ensemble de processus internes qui sous-tendent la transformation du comportement et qui permettent les améliorations » (Brangier et Barcenilla, 2003 : 51). L’apprenabilité

de la lecture de l’heure dépendra donc du développement cognitif de l’enfant, de son vécu personnel et du niveau de la complexité de la tâche prescrite.

La mémorisation se rapporte « au résultat des apprentissages, c’est-à-dire à la

consolidation plus ou moins stable des connaissances en mémoire pour leur usage ultérieur » (Brangier et Barcenilla, 2003 :52). La mémorisation de la lecture de l’heure sera reflétée par la capacité qu’a un individu d’intégrer et d’emmagasiner les connaissances apprises par l’entremise d’une ressource pédagogique précise afin qu’il puisse les retirer de sa mémoire à volonté et émettre la bonne réponse à la question suivante, « Quelle heure est –il? », et ce peut importe la période de temps qui s’est écoulée entre la période initiale d’apprentissage et le moment où on évalue son habileté.

35 Legendre (1993 : 67) défini l’apprentissage comme étant un "Acte de perception, d'interaction et

d'intégration d'un objet par un sujet. Acquisition des connaissances et développement d'habiletés, d'attitudes et de valeurs qui s'ajoutent à la structure cognitive d'une personne. Processus qui permet l'évolution de la synthèse des savoirs, des habiletés, des attitudes et des valeurs d'une personne".

Brangier et Barcenilla (2003 : 52) rapportent qu’il y a quatre indicateurs qui permettent de mesurer l’apprenabilité et la mémorisation, soit: «1) le niveau de

performance de l’utilisateur lors de la première utilisation ; 2) l’amélioration et la stabilité de la performance dans le temps ; 3) le niveau de performance après une période d’inactivité, et 4) la nature des processus intellectuels. » Les 3 premiers

indicateurs pour l’apprentissage de la lecture de l’heure et la gestion d’un horaire d’activités se mesurent tout au long du processus de l’apprentissage et impliquent des critères pré-établis tels que l’évaluation de la performance de l’élève lors d’un pré-test; l’évaluation de la performance suite à l’enseignement spécifique d’une des étapes de la procédure conçue spécifiquement pour la ressource pédagogique; l’évaluation de la performance de l’enfant après qu’il ait appris toutes les étapes de la procédure et finalement, l’évaluation du maintien des apprentissage après un certain lapse de temps. La nature des processus intellectuels fait référence aux caractéristiques de l’individu présentant des incapacités intellectuelles et au type de schémas cognitifs (élémentaires ou complexes) auxquels l’individu devra faire appel afin de faire l’apprentissage de ladite ressource pédagogique.

La présentation des définitions liées à l’utilisabilité, des mesures liées à chacune des relations qui en découlent ainsi que l’interprétation de ces dernières en fonction de la situation particulière de l’apprentissage de la lecture de l’heure nous permettront d’établir des critères d’évaluation pour la conception d’une ressource pédagogique pour l’apprentissage de la lecture de l’heure et de la gestion du temps.

Il ne faut toutefois pas perdre de vue qu’une ressource pédagogique pourrait répondre à tous les paramètres de l’utilisabilité sans pour autant être d’une quelconque utilité pour le Sujet. En effet, dans le cas spécifique de l’apprentissage de la lecture de l’heure, certaines ressources pédagogiques (ex : montre à affichage numérique) permettent au Sujet de lire l’heure sans pour autant que cette nouvelle compétence lui donne accès à une gestion fonctionnelle du temps. En d’autres mots, il ne faut jamais oublier qu’une ressource pédagogique ne doit pas tout simplement être utilisable, elle doit être utile.

1.3 Cadre de référence et le développement d’une nouvelle ressource