CHAPITRE III. F LUAGE EN TORSION DE LA GLACE MONOCRISTALLINE
III.4. Modèle 1D simplifié pour le fluage en torsion
III.4.2. Equations
En admettant les hypothèses formulées ci-dessus, les équations du modèle 1D sont très
simples. La vitesse de déformation de cisaillement ε&
xzreçoit une contribution des densités de
dislocations statistiques mobiles ρ
met des dislocations vis en excès α
xx. Ces dernières se
déplacent radialement à la vitesse v
y.
(1,88) 2ε&
xz=α
xxv
y+ρ
mbv.
La contrainte de cisaillement σ
xzvérifie les équations d’équilibre
(1,89) σ
xz,x=0 ; σ
xz,z=0,
L’équation de transport détermine ensuite l’évolution de la densité de dislocations vis en
excès.
Ces équations ne permettent pas de déterminer la contrainte de cisaillement, et l’on doit avoir
recours à des approximations. Dans le cas d’une déformation purement élastique linéaire, le
moment de torsion appliqué s’exprime par : M
T=1/2πR
3σ
xz(R). Si l’on utilise en revanche
une approximation purement viscoplastique avec une vitesse des dislocations de la
forme :v≈σ
2, ce moment devient M
T=4/7πR
3σ
xz(R). La différence entre ces deux valeurs
n’est que de 12.5%. En réalité, la glace ayant un comportement élasto – viscoplastique, le
moment de torsion est compris entre ces deux valeurs. Cependant, l’approximation
viscoplastique n’est valable que dans le cas du fluage stationnaire. Or ce dernier est rarement
atteint ou alors pour des grandes déformations (30% environ) alors que la plupart des
déformations atteintes ne dépassent pas 5%. D’autre part, la région centrale de l’éprouvette
devrait rester proche d’un état de déformation élastique. Nous pensons donc que l’approche
purement élastique est plus proche de la solution réelle que l’approche viscoplastique. En
conséquence, on supposera que la contrainte de cisaillement σ
xzdécroît linéairement de
l’extérieur vers le centre du cylindre où elle est nulle : τ
R
y
σ
xz= , expression dans laquelle
R est le rayon du cylindre, r le rayon au point considéré et τ la valeur maximale de la
contrainte de cisaillement appliquée en r = R.
Mise sous la forme :α&
xx+(v
yα
xx)
,y=−(ρ
mbv)
,y, l’équation (1,90) apparaît comme une
équation de transport généralisée, avec un terme de source au second membre. Cette remarque
permet de rattacher la dynamique des dislocations à la classe des phénomènes représentés par
ce type d’équations : écoulements de fluides compressibles, ondes de chocs, turbulence…Les
analogies ainsi suggérées justifient à elles seules le caractère générique de la formulation 1D
adoptée.
Le double glissement dévié des dislocations vis, exclu par l’hypothèse d’invariance par
translation suivant l’axe de torsion, est réintroduit phénoménologiquement dans ce modèle.
Une fraction seulement (1-β) des dislocations vis créées glissent dans le plan basal. L’autre
fraction β forme des segments de dislocations coin dans les plans prismatiques par glissement
dévié. Ces segments constituent un obstacle au mouvement des dislocations et peuvent donc
être considérés comme des dislocations statistiques sessiles ρ
s. L’équation d’évolution de ces
dernières s’écrit donc comme
Par ailleurs, le double glissement dévié favorise la multiplication des dislocations dans les
plans basaux adjacents par le mécanisme de Frank Read (voir figure III.8). Les boucles de
dislocations ainsi générées sont considérées comme des dislocations statistiques mobiles ρ
m.
L’équation d’évolution de ces dernières prend la forme
(1,92)
21 2 m xz mC ρ ε
b
C
ρ& &
−
= .
Le terme C
1tient compte de la multiplication des dislocations par double glissement dévié,
alors que le terme C
2traduit leur annihilation mutuelle et donne une valeur de saturation égale
à C
1/C
2b
2. Des résultats du modèle 3D, qui seront présentés plus tard, ont révélé l’existence
d’une contrainte interne clairement liée aux dislocations vis en excès. Cette contrainte interne
ne figure pas dans l’équation d’équilibre (1-4) à cause de l’hypothèse d’invariance par
translation suivant l’axe de torsion et de l’existence d’un seul type de dislocations. Il est donc
nécessaire de la réintroduire de manière phénoménologique dans le modèle. La loi
d’évolution de la contrainte interne, notée σ
µ, est prise sous la forme
(1,93)
µ xx y yσ
µb
αˆ
v
v
µα
α
~
σ& = − ,
où α~ et αˆ sont des constantes et µ représente le module élastique de cisaillement. C’est une
loi d’écrouissage cinématique du type Armstrong-Frederick [48], où la création de la
contrainte interne n’est due qu’à la mobilité des dislocations en excès, car les dislocations
statistiques ne produisent pas de contraintes internes. De plus, un terme de relaxation est
ajouté, qui implique un temps caractéristiqueτ
r=αˆb v
y, de sorte que la valeur d’équilibre
de la contrainte interne (correspondant à σ&
µ=0) ne dépende pas de la vitesse des dislocations
mais uniquement de la densité de dislocations. La vitesse des dislocations est maintenant
exprimée comme
(1,94) ( )
n h 0 µ xz µ xz 0 yσ
σ
σ
σ
σ
σ
sgn
v
v
v
+
−
−
=
= .
où σ
xz−σ
µreprésente la contrainte effective. Comme nous l’avons déjà vu, l’exposant n est
égal à 2 dans le cas des monocristaux de glace, et les paramètres de référence σ
0et v
0sont
identifiés d’après les données expérimentales [22]. La contrainte σ
h=αµb ρ
straduit
l’écrouissage isotrope lié aux dislocations statistiques sessiles, α étant une constante. Les
paramètres utilisés et les conditions initiales sont donnés dans les tableaux III.1 et III.2. Les
valeurs initiales des densités de dislocations doivent être cohérentes avec la valeur de la
vitesse de déformation initiale observée expérimentalement, à l’extérieur du cylindre. En
effet, la vitesse des dislocations étant connue en fonction de la contrainte imposée, les
densités de dislocations doivent être ajustées de façon à obtenir cette vitesse de déformation.
De plus, la densité initiale de dislocations vis en excès décroît de l’extérieur au centre du
cylindre où elle est nulle, de façon à ce que leur vitesse de nucléation présente une
distribution parabolique. Ce choix permet de reproduire une création plus importante des
dislocations en périphérie, à cause de la contrainte plus élevée et aussi des défauts de surface.
Table III.1. paramètres utilisés pour le modèle 1D.
Table III.2. conditions initiales utilisées.
Dans le document
Incompatibilité du réseau cristallin et organisation collective des dislocations
(Page 87-90)