Symptômes de manie :
Trouble de l’humeur : exaltation et euphorie
Trouble du cours de la pensée : tachypsychie, trouble de l’attention (difficultés d’organisation et de concentration) et grande
distractibilité.
Trouble du contenu de la pensée : surestimation de soi, voire idées délirantes mégalomaniaques
Trouble psychomoteur : agitation et excitation psychique
Troubles des conduites instinctuelles : insomnie, désinhibition sociale et sexuelle
Tableau clinique :
Touche l’adulte jeune (25 à 40 ans)
Installation rapide des symptômes (parfois après une phase dépressive)
Premiers signes : insomnie sans fatigue et exaltation de l’humeur avec euphorie
Humeur versatile passant rapidement de la gaieté à la tristesse, puis à la colère pour finalement retrouver un caractère ludique.
Tableau clinique :
Agitation motrice
Excitation psychique avec tachypsychie (accélération des processus cognitifs et de cours de la pensée), fuite des idées et impression
(erronée) d’augmentation des capacités intellectuelles (surestimation de soi)
Logorrhée (flux ininterrompu de discours, de cris ou de chants) à laquelle est parfois associée une graphorée
Hypermimie (accentuation et multiplication des expressions du visage qui sont exagérées voire outrancières)
Optimisme excessif (pouvant s’accompagner de projets grandioses)
Tableau clinique :
Méconnaissance ou déni des troubles
Désinhibition sociale (familier voire séducteur)
Hyperesthésie affective (réactivité excessive de l’humeur du sujet aux stimuli émotionnels avec irritabilité)
Hypersynthonie (participation spontanée et adhésion très rapide à l’ambiance affective de l’instant)
Attitudes d’opposition avec intolérance aux contraintes et agressivité
En pratique :
Patient débraillé, agité, provocant dans ses propos et son comportement.
Hypersyntonie avec familiarité du contact, l’entretien s’effectue avec un discours moqueur et ironique, parfois agressif ou bien avec des propositions érotiques
Idées de grandeur, fabulations mégalomaniaques pseudodélirantes ou délirantes
Humeur franchement expansive et versatile avec un trouble du cours de la pensée donnant un discours digressif avec de nombreux coq à l’âne
Tableau clinique :
Excitation psychomotrice : le patient ne peut supporter le cadre de l’entretien, ne tenant pas en place, il peut se mettre à chanter ou à jouer)
Vie quotidienne : le patient effectue des achats inconsidérés, met en place des projets grandioses, se déconsidère professionnellement, fait des fugues ou des voyages pathologiques, a des conduites à risque y compris sur le plan sexuel (rapports non protégés)
Facteurs pouvant aggraver le pronostic : amaigrissement, signes d’épuisement non perçus par le patient, prise de toxiques (voire dipsomanie alcoolique), déshydratation et signes neurovégétatifs secondaires à cet état (fébricule, hypoTA, tachycardie)
Critères DSM IV d’épisode maniaque :
A. Période nettement délimitée où l’humeur est élevée de façon anormale et persistante, pendant au moins 1 semaine (ou toute autre durée si une hospitalisation est nécessaire)
B. Au cours de cette période, au moins 3 des symptômes suivants (ou 4 si humeur seulement irritable) avec intensité suffisante :
Augmentation de l’estime de soi ou idées de grandeur Réduction du besoin de sommeil
Désir de parler constamment Fuite des idées
Distractibilité
Augmentation de l’activité orientée vers un but (social, professionnel ou sexuel), ou agitation psychomotrice
Activités agréables mais à conséquences dommagables (achats inconsidérés, sexuels)
C. Pas un épisode mixte
D. Altération marquée du fonctionnement professionnel, des activités sociales ou des relation interpersonnelles, ou nécessite l’hospitalisation afin de prévenir des conséquences dommageables pour le sujet ou pour autrui.
E. Pas d’effet d’une substance ou médicament ou affection médicale générale
Manie délirante :
Délire circonscrit à l’épisode
Thèmes le plus souvent congruent à l’humeur
Augmentation de l’estime de soi avec délire mégalomaniaque ou mystique idées délirantes de persécution
Hallucinations dans 20 – 25 % des cas
Fuite des idées (discours incompréhensible)
Possibilité de comportements agressifs ou violents Risque de déshydratation et d’épuisement
Possibilité de fureur maniaque
Hypomanie :
Forme atténuée de manie
Anomalies plus marquées et plus persistantes que dans la cyclothymie
Absences d’idées délirantes ou d’hallucinations Réduction du besoin de sommeil
Augmentation de la sociabilité et de la familiarité
Sentiment de bien être et d’efficacité physique intense Distractibilité et difficulté de concentration
Persistance de plusieurs de ces symptômes plusieurs jours consécutifs
Cet état provoque des perturbations socioprofessionnelles : si celles-ci sont plus importantes, on doit faire le diagnostic de manie.
Etat mixte :
Co-existence de symptômes maniaques et dépressifs sur une période d’au moins une semaine
Insomnie quasi-totale sans asthénie
Agitation psychomotrice concomitantes aux idées dépressives alternant avec des idées de grandeur et une euphorie
Formes délirantes : aspect polymorphe et changeant de l’ensemble des symptômes thymiques et délirants
Résistance au traitement habituel du syndrome maniaque (intérêt des anticonvulsivants et des nouveaux antipsychotiques)
Episode schizo-maniaque :
Etat maniaque alors que la maladie schizophrénique a déjà débuté Symptomatologie de la série schizophrénique persistant entre les épisodes thymiques
Association avec un syndrome déficitaire et/ou dissociatif et/ou productif
Euphorie discordante
Idées délirantes peu congruentes à l’humeur
Hallucinations, moindre syntonie à l’ambiance et une humeur plus dysphorique qu’euphorique
Evolution :
Guérison spontanée en 6 à 8 mois en l’absence de traitement Sous chimiothérapie, disparition de l’accès en 3 à 6 semaines.
La disparition des symptômes est progressive.
La normalisation du sommeil est un bon critère de guérison.
En cas de résistance à la chimiothérapie classique (thymorégulateur et neuroleptique), on préconise une sismothérapie.
Un virage de l’humeur sur un mode dépressif succède parfois à l’état maniaque.
Les risques évolutifs sont les récidives maniaques et dépressives.
Traitement : généralités :
Urgence thérapeutique qui nécessite une prise en charge rapide (évaluation de l’état du patient, mais aussi des répercussions
éventuelles sur le plan social, relationnel et surtout médico-légal.) Hospitalisation en SPDT si nécessaire.
Sauvegarde de justice si dépenses ou achats inconsidérés.
Bilan clinique et paraclinique à effectuer rapidement.
Placer le patient dans un endroit calme avec limitation des visites.
Traitement à débuter rapidement (à visée symptomatique dans un premier temps)
Traitement sédatif :
Agitation sans composante délirante : Benzodiazépines (par exemple Valium)
Agitation marquée ou activité délirante associée : traitement neuroleptique sédatif et antiproductif indiqué seul ou en
combinaison avec les benzodiazépines (Loxapac, Zyprexa, Risperdal)
Le refus de traitement per os nécessite le recours à la voie IM
Surveillance régulière des constantes : pouls, pression artérielle, température et transit.
Traitement antimaniaque :
Traitements thymorégulateurs (acide valproïque, lithium,
carbamazépine) à introduire dès la phase initiale du traitement.
Délai d’action (ttt symptomatique sédatif souvent nécessaire dans les premiers jours)
Electroconvulsivothérapie en cas d’urgence, par exemple en cas de fureur maniaque ou en cas de résistance aux traitements
médicamenteux (en moyenne 8 à 12 séances sont nécessaires, avec relais par thymorégulateur.)