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Epidémiologie descriptive chez l’homme

En 1955, la fièvre Q avait été identifiée dans 51 pays répartis sur les 5 continents (214). En 1990 la maladie s’était étendue au Nigéria, en Tanzanie, en Arabie Saoudite, en Colombie, en Uruguay, en Finlande, en Irlande et en ex-Tchécoslovaquie (146). Aujourd’hui la répartition de la maladie est mondiale (260). Les pays d’Europe du Nord semblent moins touchés (171), et la Nouvelle-Zélande est le seul pays indemne (106, 148). La maladie sévit essentiellement dans les pays où les bovins, ovins et caprins sont nombreux. A l’échelle d’un pays, ce sont les zones rurales où l’élevage de petits ruminants est pratiqué qui sont les plus touchées (243).

La fièvre Q ne faisant pour la plupart des pays pas partie des infections humaines à déclaration obligatoire, la connaissance de l’épidémiologie mondiale repose essentiellement sur des enquêtes menées lors d’investigations d’épidémies chez l’homme ou l’animal et sur les données issues des laboratoires de santé publique ou des Centres nationaux de référence. Ainsi, la maladie paraît surtout présente dans les zones où travaillent les rickettsiologues. (201)

Quelques pays possèdent cependant un système de surveillance de la maladie. La Belgique et les Pays-Bas ont deux systèmes de surveillance : la déclaration obligatoire faite par les médecins et un système de notification par les laboratoires. En Belgique, les cas de fièvre Q sont compris dans les déclarations de rickettsioses. L’Angleterre, le Pays de Galles, l’Ecosse et l’Espagne recueillent des données sur la fièvre Q uniquement par l’intermédiaire de rapports de laboratoires. L’Allemagne a un système de déclaration obligatoire spécifique pour la fièvre Q. L’Italie et le Portugal possèdent un système de déclaration obligatoire pour

toutes les affections rickettsiales, incluant la fièvre Q. Enfin, à Chypre la maladie fait l’objet d’un système d’épidémiosurveillance au point de vue vétérinaire et humain. (12, 170)

L’incidence réelle de la fièvre Q est difficile à estimer du fait de son polymorphisme clinique et du caractère souvent fruste du tableau clinique. En France métropolitaine, des cas de fièvre Q surviennent sur l’ensemble du pays, mais la maladie est principalement diagnostiquée dans le sud, près de Marseille. Ceci pourrait être relié à l’importance de l’élevage ovin dans cette région, mais également à l’influence de la présence du CNR à Marseille (201). La plupart des cas de fièvre Q restant non diagnostiqués, différents calculs ont tenté d’approcher l’incidence annuelle de la maladie, en se basant sur des études de séroprévalence et le temps de persistance des anticorps, sur le nombre de cas hospitalisés à Marseille, sur le nombre de cas diagnostiqués au CNR de Marseille (170 cas par an en moyenne sur la période 1998-2003), et sur des études de séroprévalence menées chez les femmes enceintes. Ces données permettent d’estimer l’incidence annuelle de l’infection entre 0.1 et 1 cas par an pour 1000 habitants (257), ce qui corrobore le chiffre publié de 0.5 ‰ (291). Dans cette hypothèse, le nombre annuel d’infections en France serait compris entre 6 000 et 60 000, soit de 2 400 à 24 000 cas symptomatiques et de 120 à 1 200 hospitalisations (257). L’incidence des endocardites à fièvre Q est quant à elle estimée à 1 cas pour 1 million d’habitants par an (291).

2) Séroprévalence de C. burnetii

Les séroprévalences sont très variables selon le pays, l’année et même la région au sein d’un pays. Ainsi par exemple au Maroc, selon deux études, la séroprévalence serait de 1% à Casablanca et de 18.3% à Fez (175). Aucune publication internationale ne concerne les pays voisins de la Guyane française.

En France métropolitaine, 4 à 5% en moyenne des donneurs de sang sont séropositifs (291). Il est important de souligner que ces chiffres ont été obtenus à partir d’une étude sérologique réalisée sur les dons de sang effectués à Marseille. Les séroprévalences étant plus élevées dans le sud du pays, dans les zones d’élevage ovin et caprin, ce chiffre surestime sans doute la séroprévalence réelle de l’ensemble de la population française. La séroprévalence la plus importante a été retrouvée en 1983 dans les Alpes, où 30% des habitants d’un village étaient séropositifs (41).

3) Caractéristiques des patients

Le sexe, l’âge et la catégorie socioprofessionnelle des patients varie selon la zone géographique et les modes de transmission et réservoirs impliqués. Ainsi dans les zones où le réservoir principal est constitué par les ruminants (la plupart des pays européens, la Californie, l’Australie), la maladie survient principalement parmi la population active de la tranche 30-60 ans, et plus fréquemment chez les hommes (201). Dans les zones où le mode de transmission principal implique les chattes gestantes (Nouvelle-Ecosse), le sexe ratio est de 1 (189).

4) Formes épidémiologiques et répartition temporelle

Chez l’homme, la maladie sévit sous la forme de cas sporadiques, avec des zones d’endémie4 (292). Des épidémies peuvent également survenir, qui se présentent la plupart

du temps sous forme d’anadémies5, telle que la contamination en mars 2007 de 33

étudiants vétérinaires et 2 professeurs lors de la visite d’un élevage ovin en Slovénie (235). Certains auteurs estiment que lorsque la fièvre Q est présente depuis longtemps dans une région, les cas symptomatiques ne s’expriment que chez des personnes nouvellement arrivées, qui jouent le rôle de révélateurs de l’infection, les autres personnes étant immunisées naturellement. (35)

En France, la plupart des cas surviennent de mars à juin, ce qui coïncide avec la saison d’agnelage. Cependant, une telle augmentation saisonnière n’est pas notée en octobre au moment de l’agnelage d’automne (260, 291). Le pic de printemps pourrait alors être également expliqué par l’augmentation des abattages d’agneaux à l’occasion des fêtes de Pâques et de l’Aïd-el-Kebir, un grand nombre d’entre eux étant réalisés en dehors des abattoirs dans des conditions qui favorisent la contamination (294). De plus, à cette époque de l’année les vents sont forts, ce qui propage les aérosols infectieux des zones d’élevage vers les populations urbaines (295).

La fièvre Q est une maladie présente dans le monde entier, hormis en Nouvelle-

Zélande. Son incidence est mal connue du fait de son caractère polymorphe et de son

absence de statut réglementaire dans la plupart des pays.

Les séroprévalences obtenues par enquête sont excessivement variables, de même que les caractéristiques des patients atteints.

En France, on estime que 4 à 5 % des donneurs de sang sont séropositifs, et que 6 000 à 60 000 personnes contractent chaque année la maladie.

La fièvre Q sévit sous forme sporadique avec des zones d’endémie et la survenue possible d’épidémies (les mécanismes de transmission étant ceux d’une anadémie). En France, la plupart des cas surviennent au moment de la saison d’agnelage, de mars à juin.

B. Epidémiologie descriptive chez l’animal