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Chapitre II : Répratition, Environnement et Biologie de la sardine

3. Environnement:

A travers sa vaste aire de distribution, la sardine est sujet à des variations qui

conditionnent sa répartition et sa biomasse notamment la richesse en plancton, l’hydrologie et la température de l’eau. Chaque zone de cette aire est caractérisée par un régime particulier qui est déterminé par des différences saisonnières de la température, de la disponibilité de la nourriture, de la stabilité de la colonne d’eau, de l’upwelling, des courants, du régime du vent ainsi que de la topographie du fond et de la configuration des côtes qui détermine le modèle de circulation des eaux et affecte le gradient environnemental et biologique (SARDYN Report, 2006). La production annuelle primaire et secondaire va donc subir les conséquences de ces variations difficiles à établir (Belvèze et Bravo De laguna (1980). L’environnement hydrodynamique dans lequel vit la sardine est important pour cela, nous détaillons cette partie.

La sardine vit dans la colonne d’eau située entre la surface et 150 m de profondeur en

Gibraltar, zones où se localisent nos points de prélèvement. Nous développerons aussi l’hydrologie au niveau de la zone particulière du Cap Ghir sur la côte Atlantique marocaine.

L’aire de répartition de la sardine le long des côtes africaines s’étend du détroit de

Gibraltar au sud de la Mauritanie, soit sur environ 2100 km. La température de l’eau de surface varie en fonction des saisons, de 16°C à 20°C et la salinité de 36,4 à 36,6. Les eaux de surface des côtes africaines sont soumises au courant des Canaries, orienté du Nord vers le Sud, transportant de l’eau froide (Le Floch, 1974) et à l’origine de l’upwelling. Les eaux remontant grâce à l’upwelling proviennent de fonds de 200 m et ont une température inférieure à 16°C et une salinité inférieure aux eaux de surface (de l’ordre de 35,7) (Belvèze et Erzini, 1983). Le courant des Açores traverse ces îles, passe par Madère et rejoint le courant des Canaries, pouvant alors créer une liaison hydrologique entre ces sites. Le courant des Açores crée au nord un front hydrologique limitant les échanges d’eau avec le nord. (Figure 7)

Les changements saisonniers des régimes du vent qui affectent le littoral depuis le

nord ouest de l’Espagne jusqu’au Sénégal (Mittelstaedt, 1983)sont à l’origine des upwellings saisonniers, estivaux dans le nord, hivernaux dans le sud et permanents dans la zone centrale située entre le nord de la Mauritanie et le Sahara (Wooster et al.,1976 ; Nykjaer et Van Camp, 1994). En effet, un upwelling associé à une biomasse élevée de plancton est rencontré durant toute l’année au environs de 20° N et au sud du Cap Blanc témoignant d’une richesse en sels nutritifs des eaux de l’Atlantique Central (Postel et al ., 1995). Au Nord de l’Atlantique Central, ce phénomène n’est observé que durant la première partie de l’année (Minas et

Figure 7: Circulation générale dans l'océan Atlantique (d'après Tchernia, 1969)

3.1. Particularité de la côte marocaine

La présence d’un upwelling côtier constitue donc une des caractéristiques

océanographiques majeures des côtes atlantiques marocaines. Les données récentes sur l’activité hydrodynamique des régions d’upwelling côtier, rendues possible grâce au développement de l’océanographie spatiale, font émerger une complexité des processus entrant en jeux dans la structuration de la circulation dans ces régions. La signature de l’upwelling s’accompagne de structures hydrodynamiques actives à mésoéchelles d’une portée géographique dépassant la centaine de kilomètres, se manifestant par des systèmes tourbillonnaires et des filaments qui se détachent des eaux d’upwelling comme le filament du Cap Ghir (Figure 8). Ces structures découlent dans la région d’upwelling de l’Atlantique du Maroc, d’interactions entre le régime d’upwelling sur le plateau et le régime océanique au large. Ces interactions s’opèrent sous l’effet d’un ensemble de facteurs dont la topographie du fond, la configuration de la côte africaine et la position et le relief des îles Canaries.

Les filaments d’upwelling et les structures qui leur sont associées se révèlent être des

éléments importants dans les échanges entre les masses d’eaux côtières et hauturières. Les panaches se détachant vers le large constituent un mécanisme potentiellement actif dans le transfert des nutriments et de la matière organique de la zone néritique vers le large (Arístegui

et al., 2001). Certains mouvements giratoires et structures filamentaires se manifestent de

manière récurrente en différentes latitudes du courant des Canaries bien que présentant des amplitudes variables. Leurs modalités de fonctionnement, objet actuellement de nombreux projets de recherche, laissent supposer que ceux-ci pourraient fonctionner comme des plateformes d’endiguement et de rétention permettant le développement des larves néritiques parfois loin du plateau continental ou au contraire constituer un phénomène dispersif des œufs et larves.

3.1.2. Cas particulier du Cap Ghir

Un exemple de structures hydrodynamiques récurrentes en face des côtes marocaines

est donné par le filament d’eau froide du cap Ghir. Celui-ci résulterait des interactions du courant géostrophique et des eaux d’upwelling avec la topographie du fond (Mittelstaedt, 1987 ; Nekjaer, 1987). Ce filament s’étend sur une longue distance pouvant atteindre 200 Km vers le large. Des tourbillons, anticyclonique sur son flanc nord et cyclonique sur son flanc sud, pourraient jouer un rôle dans sa régénération (Figure 8).

. Figure 8 : Structuration à mésoéchelle de l’hydrodynamisme dans la zone Atlantique du Maroc, Filament du cap Ghir (d’après Van Camp et Nykjear. 1988).

L’identification et l’analyse des processus hydrodynamiques à mésoéchelle

pourraient donc être primordiales pour progresser dans la compréhension des mouvements de dérive et des structures de rétention d’ichtyoplancton et déboucher sur une conceptualisation des stratégies adaptatives de la sardine face à un environnement dispersif.

3.2. Méditerranée

La Méditerranée est une mer principalement oligotrophe, la température des eaux varie

entre 12°C l’hiver et 22°C l’été, la salinité peut être supérieure à 37,4 (en Méditerranée occidentale). En Méditerranée, la circulation hydrologique de surface est circulaire (Castagne

et al. (1992). Il existe un front hydrologique bien connu dans la mer d’Alboran, qui résulte de

la circulation anticyclonique (parfois cyclonique) de l’eau atlantique (MAW – Modified Atlantic Water, Eau méditerranéenne d’origine Atlantique). Un autre front, le front Nord Baléares, indique les limites de propagation vers le nord de MAW. Le MAW se propage par circulation anticyclonique des côtes algériennes vers les côtes italiennes puis françaises créant le courant Nord. Dans le Golfe du Lion, la présence de vents forts crée aussi de nombreux upwellings côtiers permettant le mélange des eaux méditerranéennes avec MAW (Figure 9).

Figure 9 : Circulation générale de l’eau de surface en Méditerranée (d’après Millot, 1987).

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