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Chapitre I Introduction

1.6 La méthodologie

1.6.2 La méthode de recherche

1.6.2.3 Pourquoi avoir des entrevues avec des représentants des bailleurs de fonds

important de discuter avec les bailleurs de fonds, car ils ont souvent des objectifs liés aux projets. Pour parvenir à atteindre ces objectifs, ils établissent des conditions et des limites aux aides. Cela révèle des informations sur les véritables intentions de ces donateurs. Ils vivent dans un environnement où la concurrence entre les divers acteurs étatiques et non étatiques est forte. En effet, des États étrangers utilisent des moyens financiers comme des dons d’aides au développement ou humanitaire. Par exemple, le USAID débloque 500 millions de dollars américains en 2006 pour l’aide humanitaire et au développement au Liban. Le fait que ces fonds sont surtout utilisés dans la communauté chiite du Hezbollah est une action très significative politiquement, mais l’est-elle autant en matière d’aide humanitaire ? Tous les acteurs ont des ambitions au Liban et des intérêts nationaux. Par exemple, pour les États-Unis, ses ambitions se focalisent sur l’affaiblissement du Hezbollah au Parlement et militairement95. Pour la France, il s’agit d’assister le Liban vers une autonomisation de l’économie et d’une indépendance politique totale96. Cela sous-entend rompre les liens d’influences iraniennes, syriennes et autres. Il est alors nécessaire de garder la perspective des États sur l’aide humanitaire au Liban, car elles ont des conséquences directes sur le terrain.

Certaines actions, ou non-actions ont des conséquences négatives directes ou indirectes sur ces populations qu’elles tentent d’aider. Ces entrevues permettent de comprendre que l’environnement entourant les ONG peut mener à des actions pouvant avoir des effets contraires aux objectifs.

95 KAOUÈS, Fatiha, «Les ONG au Liban : l'exemple de l'USAID», [NGOs in Lebanon: The Case of USAID.] A contrario 18, no. 2 (2012).

96 KURTULUS, Ersun N., «'The cedar revolution': Lebanese independence and the question of collective self-determination», British journal of Middle Eastern studies 36, no. 2 (2009): 198.

1.6.2.4 Le guide d’entrevue

D’abord, je rencontre Alice, une employée de l’OING Amel. Cet entretien répond essentiellement à deux questions : 1- qui obtient le soutien d’Amel ? Et; 2- comment ces services sont-ils fournis ? Ceci en abordant les programmes de l’organisation : 1- droits de l’Homme; 2- éducation et protection de l’enfance; 3- préparation et réponse aux situations d’urgence; 4- développement rural et genre; 5- formations et activités génératrices de revenus; 6- soutien aux travailleurs domestiques migrants et victimes de trafic humain; 7- autonomisation des jeunes et volontariat et; 8- soutien aux réfugiés97.

Ensuite, en ce qui concerne les entretiens avec des travailleurs de l’ONG, il n’est pas possible de rencontrer au moins une personne par programme afin d’avoir une idée d’ensemble sur ce que fait une ONG dominante comme Amel. Les programmes d’Amel sont nombreux et touchent plusieurs sphères de la vie sociétale contemporaine.

En d’autres mots, je veux prioriser les témoignages des personnes qui vivent dans le contexte étudié. Toutefois les conditions du terrain libanais et la pandémie ne me permettent pas de réaliser une telle enquête. L’accès à l’internet et à l’électricité n’est pas un acquis pour tous les citoyens. Les entretiens deviennent alors limités, car ils se déroulent avec des travailleurs humanitaires qui sont les plus aisés, donc la diversité des témoignages est limitée. Pour pallier ce problème, j’entre en contact avec Joseph, dirigeant d’une petite ONG à Sidon (Saïda). Il encadre des personnes en situation de handicaps graves. Étant responsable d’une petite ONG, Joseph a une perspective de citoyen et de travailleur humanitaire du terrain. Mon père travaille avec lui au sein de la Croix rouge dans les années 1980, après avoir terminé le service militaire obligatoire.

97 Amel Association Internationale, https://french.amel.org/ (consultée le 30 juillet 2020)

C’est alors que Joseph, qui vit toute sa vie dans différents villes et villages du Sud-Liban, commence sa carrière comme travailleur humanitaire.

Le tableau suivant présente les questions principales qui devaient être répondues. Ces questions sont posées parmi plusieurs autres lors des conversations. Afin d’inciter les discussions plus poussées et permettre aux participants de développer leurs idées, les questions posées permettent des réponses plus ouvertes. Cette grille est alors une simplification des questions posées. Les questions posées dans la colonne de gauche me servent donc de guide pour mes entrevues. Ce sont les questions principales auxquelles je cherche à répondre lors des entretiens. Évidemment, les discussions avec les participants me permettent de pousser l’analyse plus loin que ces questions. En fait, je cherche à savoir quels sont les objectifs politiques qui sous-tendent l’aide humanitaire.

L’aide humanitaire

et développement ONG États

Est-ce qu’on cible une ou plusieurs communautés ?

L’ONG travaille dans une communauté pour répondre aux besoins spécifiques de la population/L’ONG est

située dans une

communauté où les besoins sont moins urgents qu’une autre

L’État fait des dons similaires

à différentes

communautés/L’État fait des dons inégaux à différentes communautés ou n’en fait qu’à une seule communauté

Est-ce qu’il y a une diversification des bailleurs de fonds participants aux projets ?

L’ONG reçoit des fonds de bailleurs qui ont des caractéristiques différentes/

L’ONG reçoit des fonds d’un certain groupe de bailleurs qui ont des missions et caractéristiques similaires

L’État se regroupe avec des alliés politiques pour réaliser les missions/ L’État coopère avec plusieurs acteurs qui ne sont pas des alliés politiques

L’aide est-elle accordée à plusieurs communautés ?

L’ONG est présente dans une communauté qui lui est hostile/L’ONG est active dans une communauté qui

les accueillent

favorablement

L’État offre des fonds à une communauté qui lui est hostile/l’État présente des fonds dans une communauté qui lui est alliée

L’aide octroyée par les États ou des bailleurs de fonds privés est-elle accompagnée d’une condition liée à la communauté, la confession ou l’appartenance politique ?

L’ONG cherche à s’établir dans des communautés spécifiques en ayant comme cible la confession,

communauté ou

appartenance politique majoritaire de ses habitants/L’ONG cherche à élargir sa population cible en permettant à une plus grande diversité de personne recevant l’aide

L’État établi des conditions liées à la communauté, la confession ou l’appartenance et cherchera qu’on lui rende des comptes ou recevoir un appui en retour/L’État n’a que des conditions liées à la distribution et l’utilisation des fonds octroyés

1.6.2.5 Des archives et des ouvrages centraux à l’élaboration de la question de