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D'après toi quelle est la place d'un sujet tel que la sexualité des patients dans la consultation de médecine générale ?

Euh bah… c’est toujours important. Heu… C’est toujours important pour euh… plein d’aspects parce que, justement, des problèmes psychologiques peuvent avoir un rapport. La sexualité ça fait partie de la vie courante, donc euh… tout ce qui rentre dans la vie courante des patients ça peut interférer avec leur état mental ou physique. Mais c’est pas souvent abordé, non, faudrait peut-être que ce soit fait plus souvent, mais non.

Est-il important pour toi de connaitre l’orientation sexuelle de tes patients ?

Important non. Non, non. Hum… connaitre leur orientation sexuelle non, ça n’a pas tellement… non je trouve que ça n’a pas d’importance dans la prise en charge, heu… parce que, après on peut avoir des comportements à risque que les gens soient hétérosexuels, homosexuels…

Après au niveau psychologique ça peut avoir un intérêt. Un jeune patient que je suis là, je suis aussi toute sa famille… euh… il est venu me voir une fois en consultation pour me dire qu’il était homosexuel et qu’il n’osait pas en parler à sa famille. Donc oui ça a une importance de le savoir quand ça implique une souffrance.

Mais sinon en soit, savoir « oui voilà je suis homosexuel ou hétérosexuel »…pfff

Connais-tu des particularités d’accompagnement de la population homosexuelle ?

Non, pour moi non. Pas particulièrement. (Silence)

Qu’en est-il de l’identité sexuelle des patients ?

Euh… Oui, oui parce que c’est pareil, surtout pour leur souffrance, pour les personnes qui ont une identité sexuelle qui ne correspond pas à leur sexe, à leur genre, oui. Oui. Euh… Mais bon, après ce n’est pas quelque chose qu’on voit souvent, c’est pas quelque chose qu’on va aborder comme ça en consultation. En tout cas ça ne vient pas comme ça.

Aimerais-tu en connaitre davantage sur les spécificités de santé ?

T’arrive-t-il de poser clairement la question à tes patients ?

Non. Euh non… Je n’ai jamais clairement posé la question, ils m’en parlent spontanément. C’est eux qui viennent en parler, c’est plus simple.

Donc c’est plus au patient d’aborder la question ?

Non, pas forcément, parce que justement ça peut être un sujet de blocage. Mais ça ne m’est jamais arrivé de devoir poser la question.

Dans quelle situation as-tu été amenée à aborder la question de l'orientation sexuelle/ identité sexuelle d’un de tes patients ?

Justement avec le jeune homme. Euh... C’est tout, après je n’ai pas d’autres… non. (Silence)

Comment te sentais tu quand il a abordé le sujet ?

Bof, moi j’étais plutôt à l’aise avec ça, il n’y avait pas de problème, après je n’ai pas eu l’occasion d’en reparler avec lui. Il en avait parlé avec ses amis à la fac, ça se passait bien. Mais il avait un peu peur de la réaction de son père, parce qu’à l’époque il y avait les manifestations, pour la manif pour tous, son père y était allé, avait des positions un peu radicales dessus. Donc ça lui faisait un peu peur (raclement de gorge). Il a un frère jumeau aussi, donc heu… je lui ai conseillé déjà peut être d’en parler à son frère, sa mère, puis voir comment ça allait se passer.

Après je n’ai pas eu d’autres choses…

Un autre patient qui est venu, au tout début quand j’ai commencé à prendre la suite ici. Il venait avant, j’avais vu dans le dossier, régulièrement demander des ordonnances pour faire des dépistages réguliers. Euh… Euh… et puis en fait euh, quand je l’avais vu en consultation je lui en avais parlé directement. Savoir voilà, son comportement homosexuel parce que justement il venait régulièrement, donc il y avait un comportement à risque derrière, donc on en avait parlé. Je ne le voyais jamais pour rien d’autre. Après plus récemment il est venu, il y avait un épisode dépressif en rapport avec des difficultés au travail, mais voilà, sinon je ne le voyais que pour ça. Ça aurait été bizarre de ne pas en parler.

Après je demande quand j’ai des jeunes gens qui viennent pour x raisons, je leur demande toujours « est-ce que vous avez un copain ou une copine » voilà, question ouverte sans jamais dire « est-ce que vous êtes homosexuel ou pas ». Souvent,

TARRAGON Julia Annexes

souvent en posant la question comme ça, souvent les gens sont assez…hum… je ne sais pas, je trouve que ça va assez bien. (Raclement de gorge)

As-tu déjà été confrontée à des obstacles ou des difficultés l’accompagnement de la patientèle homosexuelle, bisexuelle ou transsexuelle ?

Non, non... Non. (Silence)

Penses-tu que ce sujet est difficilement abordé en médecine générale ?

(Soufflement)

Oui, certainement, mais je pense que ce n’est pas seulement la médecine générale. Je pense que c’est un sujet qui est… qui reste un peu…tabou entre guillemets, et pas dans la norme entre guillemets. Donc oui.

Quand tu ne dis pas qu’en médecine générale ?

Dans la société en générale, après je pense… oui le cabinet de médecine générale ça fait partie de la société. On est tous… donc je pense que… Mais que ce soit vis à vis du médecin ou du patient aussi hein… Il y a des gens qui sont tout à fait à l’aise avec leur sexualité, et d’autre pour qui c’est encore très compliqué. Donc ils ne vont pas forcément aborder facilement le sujet non plus quoi… voilà.

Quels sont les freins selon toi ?

Les tabous justement hein oui. Au niveau de la société heu… et des personnes elles même qui ont un peu honte, de ce que… de leur sexualité ou pas, ou ils n’osent pas en parler, ou … par rapport à leur religion, ou au regard des autres… heu…. Ce qu’on peut en penser et… heu…

Oui je pense que tout ce qui touche à l’intime, même avec les patients, ce n’est jamais facile à aborder non plus hein. Même sans que ce soit en fonction de leur orientation sexuelle, mais pour toute intimité. Toutes les choses comme ça ce n’est pas facile à aborder. Voilà. Des deux côtés.

Voilà c’est ce que je vois en priorité…

Après, mais j’espère que ça n’existe plus beaucoup, mais il doit y avoir des médecins qui doivent avoir des positions pas très … (raclement de gorge) ouvertes par rapport à ça. Je ne vois pas pourquoi ça ne le serait pas non plus. On n’a pas

tous…On est médecin mais euh… voilà tout le monde a ses convictions mais voilà, donc euh… ça joue c’est sûr.

Comment pourrions-nous améliorer l’accompagnement en médecine générale de cette patientèle ?

Ça c’est une bonne question. Euh… c’est difficile. (Silence)

Euh… peut être en parler plus facilement, plus fréquemment. Ça serait moins tabou. Oui oui je pense que c’est de notre côté, à nous de faire cet effort-là.

Après améliorer l’accompagnement... Je ne sais pas si de base il y a des difficultés de prise en charge de cette population particulière, hum… je ne sais pas. Une fois que c’est dit que c’est débloqué ça pose pas trop de problème.

Quelles stratégies pourrions-nous mettre en place pour aborder la question ?

Alors après ça pourrait être tout simplement, tout bêtement, quand on interroge les gens entre guillemets hein, sans que ce soit le truc comme quand on était externe « voilà vous avez quel âge, voilà machin » mais faire partie de voilà « vous faites quelle profession » euh… et puis l’orientation sexuelle comme une autre question, comme on demande « qu’est-ce que vous faites comme métier ? ». Voilà ça pourrait déjà être une chose à faire.

Après oui, profiter de certaines demandes des gens pour euh… pour poser la question. Voilà je en sais pas s’il y a une recette miracle pour poser cette question-là. Euh… hum… ouais je ne sais pas ce qu’on pourrait faire… après… si lors des consultation adolescence, lors de visite de contrôle ou de vaccination je ne sais pas. Voilà après je ne sais pas.

Les questions ouvertes, montrer qu’on est ouvert à la question. Et plus on va poser les questions, puis on sera à l’aise.

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